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BLAFARD, ARDE, adj.
I.− [En parlant de pers. ou de choses concr.]
A.− [En parlant de la couleur, du teint de qqc.] Pâle, sans éclat, souvent désagréable à la vue. Couleur, teinte blafarde; les teintes, mises à plat, violentes et crues, relevaient singulièrement les tons blafards du papier (Zola, Madeleine Férat,1868, p. 188):
1. Dimanche 14 décembre. J'ai remarqué que les lendemains de bal de l'Opéra, le jour se lève comme les gens : terne. Il fait, ce matin, un temps singulier, un temps de sommeil et de tristesse. Le jour n'est pas gris, il est jaune de neige, d'un jaune blafard et lugubre. E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1191.
Emploi subst. Le blafard. La couleur blafarde.
P. ext.
1. [En parlant d'une chose susceptible de prendre une telle teinte] (Qui est) d'une couleur blafarde. Ciel blafard :
2. Sur l'horizon pesait et s'étendait une bande de brouillard couleur cendre, et au zénith une bande couleur plomb; des guenilles livides pendaient des nuages d'en haut sur les brouillards d'en bas. Tout le fond, qui était le mur de nuages, était blafard, laiteux, terreux, morne, indescriptible. Hugo, Les Travailleurs de la mer,1866, p. 351.
Rem. Noter la constr. blafard de « blafard à force de » : ,,la face animée de la lune, blafarde de souffrances`` (G. Kahn, Le Conte de l'or et du silence, 1898, p. 16).
Pop. La blafarde. La lune :
3. J'ai la Lun' en fac' ... La Blafarde est ma seule amante J. Rictus, Les Soliloques du pauvre,1919, p. 228.
2. En partic. [En parlant d'une pers.] Qui a le teint blafard. Banville avec sa mine blafarde de Pierrot (E. et J. de Goncourt, Journal,1853, p. 86):
4. Il s'agit d'un usurier. Saisirez-vous bien cette figure pâle et blafarde, à laquelle je voudrais que l'Académie me permît de donner le nom de face lunaire...? Balzac, Gobseck,1830, p. 383.
Emploi subst. Les blafards. Ceux qui ont le teint blafard (Voyage de La Pérouse, t. 1, 1797, p. 184)
B.− [En parlant de la lumière notamment de celle du jour, de celle de la lune] Pâle, sans éclat, blanchâtre et paraissant triste. Soleil blafard; lueur, lumière blafarde :
5. Ce jour-là, Villefort le vit poindre blafard et sinistre, et sa lueur bleuâtre vint faire reluire sur le papier les lignes tracées à l'encre rouge. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 653.
6. La nuit était tombée, la nuit blafarde des montagnes, la nuit pâle, la nuit livide qu'éclairait, au bord de l'horizon, un croissant jaune et fin prêt à tomber derrière les sommets. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, L'Auberge, 1886, p. 1079.
II.− [En parlant de choses abstr. ou de choses concr. considérées sous leur aspect abstr.] Terne, morne, triste :
7. ... j'étais dans une de ces situations d'âme que vous connaissez sans doute, où l'on n'a aucune raison d'être triste et aucun motif d'être gai; (...) où tout est gris et blafard au dedans comme au dehors. Il faisait en moi le même temps que dans la rue, et, si vous me permettiez la métaphore, je dirais qu'il pleuvait dans mon esprit. Hugo, Le Rhin,1842, p. 390.
8. La voix lente, blafarde, monotone, l'accent lyonnais, traînard et mou, où la longue taille de l'avocat se berçait par un mouvement de tête et d'épaules presque animal, faisaient un singulier contraste à la netteté féroce du réquisitoire... A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 163.
P. ext. Lugubre, funèbre :
9. Oh! Je me souviens... Je me souviens... en son air de docilité coquette, gentille et repentante, quel éclair blafard jaillit soudain de ses yeux! Adam, L'Enfant d'Austerlitz,1902, p. 440.
Emploi subst.
Pop. La blafarde. La mort :
10. [Le Demi-Solde :] la Blafarde peut venir, le diable me flambe... si je regrette la vie. G. d'Esparbès, Les Demi-soldes,1899, p. 243.
Littér. Le blafard de... La teinte blafarde de... Sous le blafard de cet in pace (Laforgue, Moralités légendaires,1887, p. 158).
Rem. On rencontre dans la docum. les dér. synon. a) Blafarderie, subst. fém. Il y a sur sa face (...) la blafarderie des quinquets (E. et J. de Goncourt, Journal 1860, p. 797). b) Blafardise, subst. fém. La blafardise du crépuscule (G. Kahn, Le Conte de l'or et du silence, 1898, p. 246). Aspect, ton blafard de quelque chose.
PRONONC. ET ORTH. : [blafa:ʀ], fém. [-aʀd]. Littré : ,,blafard et défait, dites : bla-far et défait; au pluriel, l's ne se lie pas : blafards et défaits, dites : bla-far et défaits; cependant plusieurs prononcent l's : bla-far-z et défaits``. Nouv. Lar. ill. admet pour le terme d'orfèvrerie or blafard ou blafe (cf. aussi Lar. 20e). À comparer avec Lar. encyclop. qui ne donne que la forme blafard en orfèvrerie.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1342 blaffart « affaibli, amolli » (Jean Bruyant, Le Chemin de povreté et de richesse dans Le Ménagier de Paris, t. 2, p. 6a) − 1559, O. de Magny, Les Odes, II, 74 dans IGLF Litt.; 2. 1549 blaffard « pâle, de couleur atténuée » (Est.). Empr., avec assimilation régr. de la 1revoyelle, au m.h.all. bleichvar, adj. « pâle (en parlant d'une couleur) » (Lexer), composé des adj. bleich « pâle » et var « coloré; qui ressemble à »; m.h.all. varwe, all. Farbe « couleur » (Kluge20, s.v. Farbe); la finale all. a été, en fr., assimilée au suff. péj. -ard*. La reconstitution d'un a.h.all. *bleih-faro (Diez5, IIc, s.v. blafard) et à plus forte raison encore l'hyp. d'un empr. à la forme frq. corresp. *blaikvaro (Gam. Rom.2, t. 1, p. 343) semblent inutiles. L'hyp. d'un dér. du m. fr. blafe « pâle » (1576, J. Bodin) d'une racine onomatopéique exprimant l'inertie (L. Spitzer dans Z. rom. Philol., t. 42, p. 196) n'est acceptable ni du point de vue chronol. (blafe est un dér. régr. de blafard) ni du point de vue sém. (le sens d'« affaibli » est la transposition du sens de « pâle » au domaine moral).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 463. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 318, b) 1238; xxes. : a) 925, b) 476.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 112. − Rigaud (A.). Les Métaph. du largonji. Vie Lang. 1971, no230, p. 297.