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BESOGNE, subst. fém.
A.− [La tâche en tant que devant se faire]
1. Ensemble de tâches (plus ou moins pénibles) que l'on s'impose ou qui sont imposées à soi. Être accablé, surchargé de besogne.
2. P. méton.
a) Tâche (plus ou moins pénible) en tant que particulière. Une rude besogne; se mettre à la besogne :
1. Il [Ch. Bovary] accomplissait sa petite tâche quotidienne à la manière du cheval de manège, qui tourne en place les yeux bandés, ignorant de la besogne qu'il broie. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 9.
2. De là à appeler le chef « cher maître », comme fait Lesable, et à partir à six heures et demie, et à emporter de la besogne à domicile, il y a loin. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, L'Héritage, 1884, p. 465.
3. Il était bien d'elle, ce petit Daniel, pensa Rose-Anna. Il n'abandonnerait jamais une recherche, une besogne, un devoir. Jusqu'au bout, dans le noir, dans la solitude, il suivrait sa petite idée fixe. Elle voulut du moins chercher à simplifier cette tâche qu'il s'était imposée. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 273.
SYNT. Une besogne facile; la besogne quotidienne; accomplir, continuer, faire une (sa) besogne; être occupé à une besogne; (la) besogne faite, terminée.
Résultat du travail :
4. Donc j'aurai un maître, un supérieur, un chef à qui il faudra obéir, à qui j'irai porter la besogne, l'ouvrage, et qui sera là, assis dans son fauteuil, à examiner tout, à compter les virgules passées, les lignes de travers, les mots oubliés, et qui me grondera sur ma mauvaise écriture, et me bousculera comme un valet...! Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 21.
b) Tâche particulière en tant qu'effort. Ce n'est pas une mince besogne (que) de + inf. Il n'est pas facile de :
5. Mais Tartarin eut beau se presser, ce n'était pas une mince besogne d'arracher au sommeil les délégués... A. Daudet, Tartarin sur les Alpes,1885, p. 232.
Rem. L'usage class. et les écrivains qui s'en inspirent construisent le mot sans art. dans un synt. du type de + adj. + subst.; cet usage ne reste quelque peu vivant qu'avec les adj. bon et beau :
6. Il débarquait de la campagne encore tout chaud des événements qu'il avait lus : « ah! » s'écriait-il, « que je suis aise de vous voir! Voilà de belle besogne! J'espère que nous autres, au Luxembourg, nous ferons notre devoir. » Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 657.
Par euphémisme :
7. « Le couteau, pensa-t-il, est un ami silencieux et discret, avec lequel on fait sans bruit ni trompette de belle et bonne besogne; ... » Ponson du Terrail, Rocambole,t. 3, Le Club des valets de cœur, 1859, p. 515.
3. Loc. Abattre de la besogne. Travailler vite. Dormir sur la besogne. Travailler trop lentement. Aller vite en besogne. Être (trop) expéditif; en partic. être trop prompt à faire l'amour :
8. Enfin, elle s'est donnée comme une vraie fille. Je n'ai jamais vu une femme de la société aller si vite et si effrontément en besogne, avec une telle impudeur et une insouciance si grande de sa réputation, de sa position. E. et J. de Goncourt, Journal,1878, p. 1247.
Parfois iron. Faire bonne besogne. S'occuper très activement, et avec de grandes chances de succès, d'une chose :
9. On dit, d'ailleurs, qu'un mot d'ordre a été donné à la presse française : ne pas attirer l'attention sur les affaires balkaniques, pour ne pas compliquer la tâche des diplomates... Mais, dans le parti, on se démène! Et, ma foi, on a tout l'air de faire bonne besogne! R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 230.
N'avoir pas besogne faite. N'avoir pas la tâche facile :
10. Messieurs les gens du roi, entre la chancellerie et la grande aumônerie, n'ont pas besogne faite, et sont en peine souvent. Courier, Pamphlets pol.,Gazette du village, 1823, p. 185.
Loc. proverbiales. Faire plus de bruit que de besogne :
11. Quand on a gravi les escaliers de Bourmont et qu'on atteint les vieux tilleuls, on a sous ses pieds le vieux moulin de Quiquengrogne. Est-ce celui qui fait plus de bruit que de besogne? Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 83.
B.− Péj. [La tâche en tant que pénible (cf. A 2 b)] Corvée. Transformer le travail en besogne (Giono, Poids du ciel,1938, p. 284):
12. Tous ces ducs, tous ces maréchaux ont été par toute l'Europe, crachant sur les grands et l'aristocratie des autres pays; et voilà maintenant que les autres viennent ici pour leur rendre les mêmes mépris. saut. − C'est ce qu'il faut. C'est excellent. art. − Oh! c'est excellent! Ils nous évitent la peine de nous débarrasser d'eux. Ils font la besogne eux-mêmes. Delécluze, Journal,1828, p. 405.
13. Tu persistes à m'imposer cette besogne... cette corvée? A. Dumas Père, Un Mariage sous Louis XV,1841, p. 155.
14. [Goiran] m'a parlé de son métier comme d'une besogne. Pourtant! enseigner l'histoire à Henri-IV ne devrait pas être une tâche ingrate, sans joie. R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 966.
PRONONC. : [bəzɔ ɳ].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 2emoitié xiies. besonge « nécessité, besoin » (Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p. 26); sens attesté jusqu'au xvies. dans Hug., encore signalé par Littré; 1160-74 « ce qui fait nécessité, besoin; affaire » (Wace, Rou, éd. H. Andresen, II, 1613 dans T.-L.) − 1611 Cotgr., signalé comme ,,vieilli`` par DG; spéc. a) ca 1195 faire sa besoigne « faire ses besoins (naturels) » (Ambroise, Guerre sainte, 3587 dans T.-L.); b) 1275-80 fam. besoigne « acte sexuel » (J. de Meung, Rose, 10598 dans T.-L.); 2. ca 1165 besoigne « misère, détresse » (G. d'Arras, Eracle, 1476 dans T.-L.); 3. 1268 besoigne « travail professionnel » (E. Boileau, Métiers, 1repart., IV, 11 dans Gdf. Compl.). De l'a.b.frq. *bisunnia, subst. fém. « soin, souci » (hyp. de V. Günther et de Frings, rapportée par FEW t. 17, pp. 279-281; Bl.-W.5), composé de la prép. bi exprimant la proximité, devenue particule de renforcement et formé parallèlement au subst. fém. a.b.frq. *sunnja « souci », attesté en lat. médiév. comme terme jur. au sens de « excuse légitime alléguée par le défaillant en justice » sous la forme sunnis fém. (vies. Lex. sal. dans Nierm.) et sonia fém. (Chilperici edict., ibid.), d'où l'a.fr. soigne « souci » (Dialogues Grégoire dans T.-L.). La formation de ce subst. fém. a.b.frq. est parallèle à celle du subst. neutre *bisunni, v. besoin. Étant donnés l'ancienneté et le grand nombre des attest. de sunnis, sonia (v. Nierm.), cette hyp. semble préférable à celle de besogne, déverbal de besogner (EWFS2, Gam. Rom.2t. 1, p. 271).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 2 329. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 976, b) 4 413; xxes. : a) 5 845, b) 3 190.
BBG. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 201. − Kemna 1901, pp. 64-65. − Kozlova (Z. N.). Slova-sinonimy, Vyrazajuscie ponjatie « trud » v sovremennom francuzskom jazuke In : [Mél. Sergievskij]. Moskva, 1961, pp. 129-136. − Ostrá (R.). Le Ch. conceptuel du travail dans les lang. rom. Domaines fr., esp. et rom. Ét. rom. Bruno. 1967, t. 3, pp. 25-27, p. 76.