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BAVEUX, EUSE, adj. et subst.
I.− Emploi adj.
A.− Qui bave. Enfant baveux (Ac. 1798-1932), limace baveuse (Lar. 19e), bouche baveuse (Ac. 1835-1932) :
1. ... je m'apparaissais en esprit sous la forme grossière et sous les traits étrangers d'un matelot ivre, d'un soldat tout fumant du sang des viols et des massacres, d'un libertin sénile, baveux et rongé d'aphrodisiaques. Milosz, L'Amoureuse initiation,1910, p. 105.
SYNT. Bock baveux (Maupassant, Contes et nouvelles, t. 1, Les Sœurs Rondoli, 1884, p. 1255), écume baveuse (Gracq, Le Rivage des Syrtes, 1951, p. 293), lèvre baveuse (Gide, Si le grain ne meurt, 1924, p. 473).
Loc. Baveux comme un pot de moutarde. ,,Très baveux, et, en jouant sur le mot, très bavard`` (Littré) :
2. C'est cet homme petit, les cheveux jaunes, le regard faux, gluant, humble, insipide, bavard, bas, loquace et pâteux : (...). − Baveux comme un pot à moutarde, a dit Rabelais, et méchant comme une maladie vénérienne, a dit Balzac. E. et J. de Goncourt, Journal,1856, p. 274.
Spécialement
a) Arg. Le système baveux. ,,Le lavabo [d'un café]`` (Esn. Poilu 1919). Clarinette baveuse. ,,Membre viril`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. pop.]) :
3. − Y a d'quoi se laver les mains. On se dirige, poliment, vers la fontaine. Volpatte fait signe à Paradis d'ouvrir le robinet : − Fais marcher l'système baveux. Barbusse, Le Feu,1916, p. 326.
b) CUIS. Omelette baveuse. ,,Une omelette qui a été passée de telle sorte dans la poêle, qu'elle en est plus mollette et plus délicate`` (Ac. 1798-1935) :
4. La maîtresse avait bien fait les choses : un bout de jambon d'attaque, une omelette baveuse et deux litres de vin d'une robe de toute beauté. Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 86.
c) IMPR. Lettres baveuses. ,,Lettres qui ne sont pas imprimées nettement, étant trop chargées d'encre`` (Ac. 1835-1932). Trait baveux. ,,Trait gravé dont les contours manquent de netteté`` (DG).
d) MÉD. Chairs baveuses (Ac. 1835-1932). ,,Se dit des chairs d'une plaie qui fournissent un liquide séro-purulent, sont molles, et offrent peu de tendance à la cicatrisation`` (Littré-Robin 1865).
B.− Au fig. [En parlant d'une pers., d'un produit de l'esprit] Dont l'expression est verbeuse :
5. Comme choix et lessivage des plus décrépites, tortueuses, nauséabondes, calomnieuses et baveuses platitudes, gloussées au sortir de l'égout natal, ces articles ne laisseraient vraiment plus rien à désirer au public. Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels,Machine à gloire à M. Mallarmé, 1883, p. 95.
6. L'amabilité de Bardoux est tellement débordante, baveuse, bafouillante, qu'on pourrait dire que c'est de l'amabilité ivre. E. et J. de Goncourt, Journal,1884, p. 329.
SYNT. Cuistre baveux (Villiers de L'Isle-Adam, Contes cruels, Machine à gloire à M. Mallarmé, 1883, p. 92), style baveux (L. Daudet, Bréviaire du journ., 1936, p. 133).
II.− Emploi subst.
A.− [En parlant d'une pers.]
1. Rare, fam. Personne qui bave; niais. Un grand baveux (Zola, L'Assommoir,1877, p. 637):
7. « Tu te souviens de ta femme? Je t'avais prévenu, pas vrai? Tu l'as vue, pendue? Et ta fille qui se fait tambouriner par le baveux... [Il s'agit de Gagou]. Giono, Colline,1929, p. 114.
2. Fig. et fam. Personne qui bavarde, qui a du bagou; personne médisante :
8. Me proposer tout simplement comme apprenti en sertissure ou pour « la fraise » des petits métaux? ... Déjà il était bien trop tard... Je serais jamais habile de mes doigts... Je pouvais plus faire qu'un baveux, un représentant du dehors, un simple « jeune homme » ... CélineMort à crédit1936, p. 186.
Arg. ,,Avocat`` (Ch.-L. Carabelli, [Lang. de la pègre]). Synon. plus fréq. bavard.
TÉLÉV. ,,Nom familièrement donné au journaliste commentateur`` (Voyenne 1967).
B.− Arg. et pop. [En parlant d'une chose]
1. ,,Savon`` (Chautard 1937, Esn. 1966) :
9. Il s'est spécialisé dans le savon (...). Un jour qu'il avait bien vingt kilos de baveux à vendre... F. Trignol, Pantruche,1946, p. 64.
2. ,,Journal imprimé`` (Le Breton 1960; A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 184).
PRONONC. : [bavø], fém. [-ø:z].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) Début xiies. « qui bave » (lapid. de Marbode, 110 dans T.-L. : Enfanz bavus); b) ca 1575 méd. p. anal. « d'où suinte un liquide purulent » (Paré, VIII, 22, ibid. : La chair qui s'engendre sur l'os carieux est baveuse); 1690 art culin. omelette baveuse (Fur.); 1835 typogr. lettres baveuses (Ac.); 2. a) 1456 adj. « bavard médisant » (Déc. 1456, Lett. de Louis XI, I, 84, Soc. Hist. Fr. dans Gdf. Compl. : Il est si fort baveux qu'il ne lui fault ja mectre creance) − 1585, Cholières dans Hug.; repris au début du xixes.; b) 1870 subst. arg. (D. Poulot, Le Sublime, p. 153 : « Ce héros de l'émeute [...], ce violateur de la loi, et [...] [article de journal parlant de Barbès] » − Eh bien, qu'est-ce qu'il a à dire de Barbès, ce vendu, ce baveux-là). Dér. de bave*; suff. -eux*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 92.
DÉR.
Baveusement, adv.,néol. D'une manière baveuse. Récitant baveusement des fragments de sa traduction de Tacite (E. et J. de Goncourt, Journal,1862, p. 1126). 1reattest. 1862 id.; suff. -ment2*.
BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 125, 193. − Lew. 1960, p. 36, 40, 134. − Sain. Lang. par. 1920, p. 242.