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BARBE1, subst. fém.
Poil qui pousse au bas du visage de l'homme, sur le menton et les joues :
1. Je regardais hier le buste d'un philantrope; c'était une tête à moitié chauve, une barbe en pointe, et l'air d'un sous-chef à son bureau. Alain, Propos,1910, p. 86.
2. À ces deux types s'en superposait un autre, arménoïde (Hittite), avec l'occiput vertical et le nez grand, proéminent et recourbé, qui donnait au visage un profil d'oiseau, et qui lui aussi se rasait la barbe; ... A.-C. Haddon, Les Races hum.,1930, p. 192.
SYNT. Barbe blanche, clairsemée, fournie, grise, soignée; barbe romantique, vénérable; collier de barbe, port de barbe; couper sa barbe, laisser croître, pousser sa barbe, porter la barbe longue; faire, couper la barbe; se raser la barbe.
Barbe de bouc, ou simplement bouc. Barbe courte et taillée en pointe sous le menton, et ressemblant à celle d'un bouc. Barbe fleurie (vx). Barbe grise ou de poils blancs (comme les fleurs des arbres au printemps). Femme à barbe :
3. − Vous êtes trop jeune pour avoir visité l'Admirable's Gallery, continua la dame. En dehors de banalités comme la femme à barbe et l'homme-squelette... Queneau, Pierrot mon ami,1942, p. 171.
4. [L'instituteur à Léone :] − Je n'ai pas de goût pour les femmes à barbe. Mauriac, Le Sagouin,1951, p. 80.
Jours de barbe (vx). Les jours où l'on se fait la barbe. Plat, bassin à barbe. Cf. plat.
A.− P. anal.
1. [En parlant d'animaux]
a) Ensemble des poils qui poussent près du nez ou sous la mâchoire inférieure de certains animaux. La barbe d'une chèvre, d'un bouc.
b) Spécialement
[En parlant du cheval] Point de réunion des deux branches du maxillaire inférieur qui n'est recouvert que par la peau.
Chacun des filaments implantés de chaque côté du tuyau des plumes des oiseaux.
Barbes de poissons. Cartilages qui servent de nageoires horizontales aux poissons plats. Barbe de coq. Appendice charnu qui pend sous le bec des coqs. Barbes de baleine. Crins qui terminent les fanons des baleines :
5. Je rentrai à la maison satisfait et je fis cadeau à Bépino d'un magnifique fouet esquimau qui lui faisait envie depuis longtemps, dont le manche trapu était fait des barbes de baleine et la longue lanière tressée de cuirs de différentes couleurs. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 230.
2. [En parlant de plantes]
a) Gén. au plur. Filaments qui garnissent certains végétaux, en particulier les épis des graminées :
6. La besogne des bœufs terminée, vinrent des serviteurs qui, armés d'écopes de bois, élevaient le blé en l'air et le laissaient retomber pour le séparer des pailles, des barbes et des cosses. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 266.
7. Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule Les bercent, le long des calices accroupis Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules − Et leur membre s'agace à des barbes d'épis. Rimbaud, Poésies,Les Assis, 1871, p. 84.
b) Élément de composition utilisé pour la formation de noms de plantes. Barbe-de-bouc. Salsifis sauvage. Barbe-de-capucin. Chicorée sauvage comestible. Barbe-de-chèvre. Espèce de spirée aux petites fleurs blanches disposées à l'extrémité des tiges. Barbe-de-moine. Plante parasite dont les tiges rougeâtres sont dépourvues de feuilles. Barbe-de-Jupiter. Petit arbrisseau aux feuilles argentées et soyeuses. Barbe-de-renard. Astragale épineux.
3. Emplois spéc. ou techn.
a) Chose qui, par son aspect, sa forme ou ses caractères, ou encore par son emplacement, rappelle la barbe.
ANAT. Barbes du calamus. ,,Stries acoustiques`` (Méd. Biol. t. 1 1970).
ASTRON. ,,Prolongement lumineux qu'on observe parfois à l'avant d'une comète`` (Mots rares 1965).
ARTILL. Tirer en barbe. ,,Tirer le canon par-dessus la hauteur du parapet sans le pointer par les embrasures`` (Littré).
HABILLEMENT
Frange qui occupe le bas d'un masque. La barbe d'un loup, d'un masque de femme (Littré).
Au plur. ,,Bandes de toile ou de dentelle qui pendent à certaines coiffures de femme. `` (Ac. 1835-1932) ,,Les barbes d'un bonnet.`` (Ac. 1835-1932) :
8. − « Tout est prêt, mon fils, » dit simplement la vieille, raide et droite sous sa cambrésine, la coiffe aux barbes jaunies, qu'elle ne quittait pas même pour les grandes fêtes. A. Daudet, Le Nabab,1877, p. 208.
MARINE
Partie du bordage d'avant du navire à l'endroit où l'étrave s'assemble avec la quille (cf. barbette).
Barbes de carène. Herbes qui poussent sur la carène. Ancres mouillées en barbe. ,,On dit que des ancres mouillées sont en barbe quand le navire mouille deux ancres à un faible écartement l'une de l'autre, sans que les chaînes soient reliées l'une à l'autre`` (Le Clère 1960). Appeler, venir en barbe (en parlant des câbles). Travailler ensemble. Être en barbe. Être mouillé à l'avant et à peu de distance d'un autre navire. Nous étions en barbe du vaisseau anglais (Lar. 19e).Barbes de chat. ,,Nuages qui apparaissent pendant le mauvais temps et dont la disparition peut faire prévoir une accalmie`` (Gruss 1952) :
9. Nos ailes nous portent, et le ciel, avec ses raies de maquereau, ses queues de jument et ses barbes de chat, et la mer qui ne cesse de s'ouvrir et de se fermer comme une fleur, le ciel et la mer s'ajustent ensemble pour former une espèce de guitare ou de gondole limpide qui se déplace avec nous. Audiberti, Quoat-Quoat,1946, 1ertabl., p. 23.
b) Gén. au plur. Petites irrégularités (filaments, bavures, etc.) que l'on fait généralement disparaître par un travail de finition.
GRAV. ,,Aspérités laissées par le burin après son passage sur le cuivre`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 289) :
10. Personne avant lui [Rembrandt] n'avait songé à éteindre en quelques endroits la transparence du papier (...) Rembrandt obtint cet effet, (...) en ménageant les copeaux imperceptibles que la pointe du graveur a soulevés (...) Ces copeaux, appelés barbes, retiennent le noir d'imprimeur... Ch. Blanc, Gramm. des arts du dessin,1876, p. 635.
PAPET. ,,Parties terminales d'une feuille de papier tirée à la forme`` (A. Maire, Manuel pratique du bibliothécaire, 1896, p. 289).
c) Pièce en saillie d'un assemblage ou d'un mécanisme.
SERRUR. ,,Petite saillie ménagée sur le côté d'un pène et contre laquelle s'engage le panneton de la clef, pour faire avancer ou reculer le pène`` (Chabat 1881).
d) CONFISERIE Barbe à papa. Confiserie formée de filaments de sucre :
11. ... on laisse tomber du verre fondu sur un disque chaud. Le verre adhère au disque mais, en même temps, la force centrifuge communiquée au disque le chasse et le divise vers la périphérie (procédé donnant en confiserie la « barbe à papa »). C. Duval, Le Verre,1966, p. 97.
B.− P. métaph. ou au fig.
1. Expr. et loc. fam. ou arg.
a) Familier
Avoir de la barbe. ,,Jargon des gens de lettres, pour désigner une vieille histoire qui a couru toute la presse.`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien, 1878, p. 25). ,,Histoire qui a une barbe de sapeur.`` (L. Rigaud, Dict. du jargon parisien,1878, p. 25).
Avoir de la barbe au menton. ,,Avoir atteint l'âge viril, ou bien appartenir au sexe masculin`` (Nouv. Lar. ill., Lar. Lang. fr.).
Jeune barbe. Jeune homme :
12. Il était blond et frisé, il reste presque tel avec quelque barbe en plus − une jeune barbe, comme on dit dans son pays qui est le mien. Verlaine, Œuvres posthumes,t. 1, Souvenirs, 1896, p. 268.
Rem. Ac. 1798 donne la déf. suiv. ,,On appelle ainsi, par mépris, un jeune homme quand il veut faire des choses qui demandent plus de maturité, plus de poids que n'en ont ordinairement les gens de son âge.``
Prendre de la barbe. Prendre de l'âge.
Vieille barbe ou barbe grise (vx). Homme d'âge avancé, vieillard; au fig. homme plus ou moins âgé qui a des idées dépassées. Est-ce ainsi qu'une barbe grise se conduit? (E. Sue dsLar. 19e) :
13. On est aujourd'hui, chez moi, tout à la joie et à la surprise de l'acquittement de Descaves; car le jury était presque uniquement composé de vieilles barbes grises, de gens qui avaient été militaires du temps qu'on se rachetait; ... E. et J. de Goncourt, Journal,1890, p. 1145.
14. [Orlando à son fils] : − ... il n'y a jamais trop de livres. Il en faut (...) C'est par le livre (...) que l'humanité vaincra le mensonge et l'injustice (...) Oui, tu souris, je sais que tu appelles ça mes idées de 48, de vieille barbe, comme vous dites en France... Zola, Rome,1896, p. 103.
Barbe bleue (p. allus. au principal personnage du conte de Perrault Barbe Bleue). ,,Un mari cruel, et parfois même un assassin`` (Quillet 1965) :
15. Ce qui m'étonne, après cela, c'est qu'un honnête souabe, bien et duement endoctriné, ose encore traverser la frontière et s'aventurer parmi nous, nation de barbes-bleues et d'ogres épicuriens, qui sentons la chair fraîche d'une lieue, le tout par esprit de frivolité. Quinet, Allemagne et Italie,1836, p. 100.
Expr. diverses. Faire barbe à qqn. Lui tenir tête. Faire barbe de paille (vx). Tromper. Faire la barbe à qqn (vx). L'emporter, avoir l'avantage sur lui. Rire dans sa barbe. ,,Éprouver une satisfaction maligne qu'on cherche à dissimuler`` (Ac. 1835-1932).
Loc. À la barbe de (qqn ou qqc.). En narguant (qqn qui est plus âgé, en sa présence et malgré lui ou qqc.) :
16. Il n'est pas jusqu'à ce grand écrivain à tendances naturalistes, L. Reymont, qui, dans son chef-d'œuvre Les paysans (1904-1919), n'exalte, à la barbe de la censure, les forces de résistance du village polonais dans la sourde lutte contre le maître russe ou allemand. Arts et litt. dans la société contemp.,1936, p. 5008.
17. ... de même, la circulation des grains, que les conditions de la meunerie et du transport obligeaient à promener sur les routes et les rivières à la barbe des affamés. G. Lefebvre, La Révolution fr.,1963, p. 137.
Proverbe. Barbe bien étuvée est à demi rasée. ,,Une affaire bien préparée est à moitié faite`` (Besch. 1845).
Interj. La barbe! Exclamation de lassitude, d'agacement :
18. Quand je t'ai dit : « Veux-tu que je te les lise? » tu m'as répondu : « Tout à l'heure. » C'était quand même mieux que de me répondre : « la barbe. » comme je croyais que tu le ferais. Montherlant, Fils de personne,1943, III, 1, p. 314.
b) Argot
Faire la barbe. ,,Gagner au jeu et pas obligatoirement en trichant`` (Le Breton 1960). Faire la barbe. ,,Couper la tête, guillotiner`` (Esn. 1966). Faire la barbe. ,,Ennuyer. Eh oui! Faire la barbe, raser quelqu'un, ça se dit`` (Esn. 1966).
IMPR. Prendre la barbe. S'enivrer. Synon. prendre une cuite.
Empl. au masc., « souteneur » (cf. barbeau2II) :
19. Le grand Napoléon était un barbe fameux dans toute la Maube. (Métinier 1885). L. Larchey, Dict. hist. d'arg.,Nouv. Suppl., 1889, p. 17.
20. Mon homme est un rude barbe. (Argot des filles et des souteneurs). Ch. Virmaître, Dict. d'arg. fin-de-s.,1894, p. 25.
Rem. Les dict. du xixeet xxes. signalent un dér. barbille, subst. fém. « petite barbe »; p. anal., numism. ,,filament aux flancs des monnaies`` (Chesn. 1857).
PRONONC. : [baʀb]. Enq. : /baʀb/. Barbille : [baʀbij]. Durée longue sur la 2esyll. dans Barbeau-Rodhe 1930. Littré transcrit le mot avec [λ] mouillé : bar-bi-ll'.
ÉTYMOL. ET HIST. I.− A. Ca 1040 « poils du menton et des joues » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 82a dans T.-L. : la barbe chenude); B. p. ext. fin xves. en barbe « face à face » (J. Molinet, Chron., ch. CCVI dans Gdf. Compl. : Et galopperent tant qu'ils se trouverent en barbe contre les Franchois) d'où 1690 artill. tirer le canon en barbe (Fur.); xvies. à la barbe de quelqu'un (Calvin, Serm. s. le Deutér., p. 304bdans Gdf. Compl.); 1676 grav. numism. (A. Félibien, Des Principes de l'archit., ..., p. 488 : Barbes qui demeurent aux Flancs des Monnoyes); 1680 (Rich. : Barbe. Ce mot se dit abusivement en parlant d'épis de blé, et de certains animaux comme des chats. La barbe d'un épi. Barbe de chat). II.− A. 1702 arg. de l'impr. (Duprine, Misère des apprentis imprimeurs, Paris dans L. Radiguer, Maîtres Imprimeurs et ouvriers typographes [1470-1903], Paris, 1903, p. 404 : avoir la barbe ou prendre la casaque se dit d'un sac-à-vin qu'un autre ivrogne attaque, Et qui perd dans le vin le sens de la raison); à rapprocher de l'expr. citée dans Le Roux, Dict. comique, 1718, p. 44 : Faire danser Sainte barbe, signifie qu'il faut traiter, soûler les gens, des suffrages desquels on a besoin. B. 1866 faire la barbe « ennuyer » (d'apr. Esn.); 1881 barbe « chose ennuyeuse, ennui » (Ibid.). I empr. au lat. barba « barbe [en parlant d'un homme] » (Plaute, Bacch., 1101 dans TLL s.v., 1725, 12), en parlant d'animaux (Virgile, Georg., 3, 366, ibid., 1727, 26); en bot. (Pline, Nat., 15, 89, ibid., 1727, 51). II A prob. dér. de I bien que le rapport sém. soit obscur (v. Esn.); II B idée exprimée par le geste de la main sur le visage, v. barber et barbifier.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 3 248. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 855, b) 6 231; xxes. : a) 6 375, b) 4 203.
BBG. − Boulan 1934, p. 21. − Darm. Vie 1932, p. 52. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 150. − Duch. 1967, § 14, 19, 42. − Gottsch. Redens. 1930, p. 69; pp. 137-138; p. 273. − Morawski (J.). Faire à Dieu barbe de paille. Archivum romanicum. 1939, t. 23, pp. 79-83 [Cr. Wartburg (W. von)]. Z. rom. Philol. 1942, t. 62, pp. 151-152]. − Piron (M.). Barbe de paille ou barbe d'or. Vie Lang. 1953, pp. 567-568. − Pope 1961 [1952], § 202, 676. − Rauville (C. de). La Réunion et son lang. Vie Lang. 1970, p. 333. − Rog. 1965, p. 24. − Sain. Lang. par. 1920, p. 369. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, pp. 211-212.