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AVEC, prép.
I.− [Marque les relations entre animés, entre animés et inanimés, entre inanimés]
A.− [Marque l'accompagnement, la réunion] En compagnie de (qqn) :
1. On sait que la montée qui commence là, c'est la plus longue, c'est la plus dure, c'est la dernière; et que, d'un seul élan, elle va porter les chevaux, la patache, et les gens au plein milieu du ciel, avec et les vents et les nuages. Giono, Regain,1930, p. 13.
[Dans un sens abstr.] Cf. Chateaubriand ds Pt Rob. ,,On ne pouvait gouverner avec moi (= en m'utilisant) ni sans moi.``
[Spéc. avec des termes ou loc. marquant l'accord, l'association] Conjointement, de concert avec :
2. Vous conviendrez avec moi, ma chère amie, que ses manières si simples et si décentes, ses discours si mesurés, sans pédanterie, ses sentimens nobles et généreux doivent être de sûrs garans que son indulgence ne vient pas du besoin qu'elle en a pour elle-même... Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1766.
3. ... c'était plutôt encore son intimité [de Gisèle] avec Sara qui me l'avait fait remarquer. Gide, Geneviève,1936, p. 1358.
D'avec, loc. prép. [Construit avec certains verbes (tels que divorcer, retirer, etc.) pour marquer de façon plus positive la différence ou la séparation existant entre deux pers., entre deux choses, entre une pers. et une ou plusieurs choses] :
4. Dans les ruminans, les fosses moyennes sont à peine distinguées d'avec la fosse antérieure. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 2, 1805, p. 39.
Cf. cependant sans de, rare :
5. « D'ailleurs, reprit le capitaine, je ne risque pas d'en recevoir l'ordre. Je suis coupé avec tout le monde... » Romains, Les Hommes de bonne volonté,Verdun, 1938, p. 17.
[Marque la conformité] Cf. Pt Rob. : ,,Je pense avec cet auteur que...``
B.− [Marque diverses relations entre pers.]
1. Relations principalement affectives. ,,Son amabilité avec tout le monde; être docile avec ses parents`` (Dub.).,,Il faut tâcher de bien vivre avec tout le monde`` (Ac.1932).
Être bien, être mal avec qqn. Être en bonnes ou mauvaises relations avec lui (cf. Rob.).
2. [La rencontre ou l'union]
Rem. Construit avec certains verbes, avec peut se substituer à d'autres prép. sans entraîner de changement de signif. (cf. toutefois Grev. 1961, § 916 rem. 28 pour comparer a/avec) : causer à/avec, confronter à/avec, fiancer à/avec, identifier à/avec, marier à/avec, parler à/avec; faire connaissance avec/de.
3. [Marque l'oppos. dans une même lutte] Le conflit de la Russie avec le Japon (Pt Rob.); se battre, lutter avec/contre qqn :
6. Rome était en guerre avec Carthage. Ac.1932.
Rem. 1. Le syntagme prép. régi par certains verbes (coucher, vivre) peut présenter une double signif. : avoir qqn. avec soi, « en être accompagné ou soutenu » (Rob.); être avec qqn, « être en compagnie de qqn » (spéc., fam., « être en concubinage avec qqn ») et « être de son parti, être en sympathie avec lui, l'appuyer, le soutenir » :
7. − L'indifférence aussi est une prise de position, dit-il sèchement; dans ce domaine-là, voyez-vous, si on n'est pas entièrement avec moi on est très loin de moi. S. de Beauvoir, Les Mandarins,1954, p. 77.
Rem. 2. Avec peut parfois prêter à ambiguïté. Cf. Littré et Rob. : ,,Il fut arrêté avec une épée sanglante`` [accompagnement (avec = en tenant ou en portant) ou moyen?].
II.− [Construit avec un compl. ajoutant une circonstance caractérisante au procès]
A.− [Marque la présence simultanée]
1. [Indique la concomitance] Se lever avec le jour, vivre avec son temps. Cela passera avec le reste :
8. Son histoire [de l'abeille] ne commence qu'au xviiesiècle avec les découvertes du grand savant hollandais Swammerdam. Maeterlinck, La Vie des abeilles,1901, p. 6.
2. [Indique l'addition, l'adjonction] :
9. Avec l'idée d'exterminer le diable, votre autre marotte est d'être aimés, aimés pour vous-mêmes, s'entend. Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1039.
Fam. Avec ça/cela. En plus, en outre :
10. Son rire avait les éclats de Chaliapine, dont il avait aussi la voix de basse, de ventre. Avec ça il était leste comme un gamin et avait l'esprit fertile, inventif comme tous les aigrefins. Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 73.
Et avec ça/cela :
11. Quand on arrivait par ce bout-là, on était reçu par une sorte de valet (...) qui n'avait jamais l'air très bien rasé, par nature, parce qu'il avait le bleu, vous savez, ce genre de barbe qui laisse un reflet; et avec ça une tignasse de marchand de marrons faisant une pointe malheureuse sur le front presque jusqu'aux yeux. Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 393.
Rem. La loc. adv. et avec ça/cela? est aussi l'interr. d'un commerçant demandant à son client la suite de sa commande.
Fam. ou pop. Avec ça/cela que. [Suivi de l'ind. ou du cond., le plus souvent dans une prop. exclamative, indique la surprise, l'indignation, l'incrédulité] :
12. Le camarade Gallardo n'a pas de papiers, et si le patron met le nez là-dedans, ça fera sûrement du vilain. Avec ça que la police n'est pas tendre pour les Espagnols depuis l'affaire des Asturies. Bernanos, Un Mauvais rêve,1948, p. 947.
3. [Indique la présence simultanée d'éléments formant contraste, la restriction, l'oppos.] En dépit de, malgré. Avec tout le respect que je vous dois... (Ac.1932) :
13. olga. − Va-t'en. hugo. − Non. Imitant Olga. « Je ferai ce que le parti me commandera. » Tu auras des surprises. Avec la meilleure volonté du monde, ce qu'on fait, ce n'est jamais ce que le parti vous commande. Sartre, Les Mains sales,1948, 1ertabl. 1, p. 22.
En ce qui concerne (qqn), quand on a affaire à (qqn) :
14. Avec ce gaillard-là, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. Pt Rob.
Si l'on s'en rapporte à (qqn) :
15. Avec vous, avec lui, il n'y a jamais rien de bien fait. Ac.1932.
4. [Sert à marquer la cause. Souvent placé en tête de phrase dans ce cas] Étant donné, en raison de :
16. Avec le temps qu'il fait, je préfère ne pas sortir. Lar. Lang. fr.
Eu égard à :
17. Avec son orgueil, comment aurait-il pu accepter une récompense aussi modeste? Ac. Can.-Fr.1968.
5. [Marque l'accompagnement entre inanimés] Une chambre avec vue sur la mer (Rob.), une robe avec des dentelles (Pt Rob.).
B.− [Marque l'instrument, le moyen] À l'aide de, grâce à :
18. Une bûche s'effondra, des braises roulèrent hors du foyer. L'Allemand se pencha, ramassa les braises avec des pincettes. Vercors, Le Silence de la mer,1942, p. 37.
[Sert aussi à indiquer la matière employée pour faire une chose] ,,Dans ce pays ils ne bâtissent qu'avec du bois`` (Ac.1932).
Au fig. Avec le temps... En laissant agir le temps :
19. Avec votre permission, mon père, je vais suivre votre conseil et prendre un peu de repos avant souper. Bernanos, Dialogues des Carmélites,1948, p. 1574.
Rem. Après certains verbes, avec peut se substituer à d'autres prép. : déjeuner, dîner, souper de/avec (qqc.), (s')écrire par/avec (telle lettre ou tel chiffre).
C.− [Marque la manière d'être ou d'agir]
1. [Le subst., n'ayant pas reçu de détermination, n'est accompagné d'aucun art. ou adj. pronom.] :
20. La nuit dernière, pendant une insomnie, observé avec intérêt les grandes taches de lumière qui peuplaient l'obscurité. Green, Journal,1935, p. 6.
21. ... on a eu raison de nous dire, (...), Qu'elle [sainte Claire d'Assise] se nourrit d'un centigramme comme de pain par semaine et qu'elle couche tout habillée sur la dure, Et tout ce que nous lisons, avec pas beaucoup de plaisir, dans le vieux livre, les « disciplines sanglantes », comme on dit, et le cilice, Et ses quarante-deux ans à genoux derrière une muraille sans interstice, Qui seraient quarante-deux siècles aussi bien si on lui avait demandé! Claudel, Visages radieux,1947, p. 765.
[De même, dans le cas de qq. adj. antéposés] Avec grand plaisir, avec grande/juste raison :
22. Quelques minutes plus tôt, il [Simon] l'avait vu [le premier lieutenant] discuter posément et avec grande compétence de la situation du navire, et son visage, complètement transformé, reflétait une assurance et un sérieux incontestables, ... Peisson, Parti de Liverpool,1932, p. 159.
Arch. Avec au lieu de à, en.Avec connaissance de cause, à tort ou avec raison :
23. ... elles [ces vues et ces conclusions] offrent à l'idéologiste, des points d'appui plus visibles, sur lesquels il peut, avec toute certitude, asseoir les résultats de ses analyses rationnelles... Cabanis, Rapports du physique et du moral de l'homme, t. 2, 1808, p. 2.
2. [Le subst., ayant reçu une détermination, est pourvu d'un art. ou d'un adj. pronom.] :
24. Elle sourit avec une malice tout amicale. Drieu La Rochelle, Rêveuse bourgeoisie,1939, p. 12.
[Avec sert à indiquer, dans certaines phrases fam., ce qu'une pers. ou une chose offre de partic., d'extraordinaire. Le syntagme prép. peut dans ce cas avoir une valeur verbale : avec + subst. d'action = en + verbe au gérondif] :
25. De même que celui-là, qui a détruit sa maison avec la prétention de la connaître, ne possède plus qu'un tas de pierres, de briques et de tuiles, ne retrouve ni l'ombre ni le silence ni l'intimité qu'elles servaient, ... Saint-Exupéry, Citadelle,1944, p. 522.
26. « Quand j'étais jeune, je vivais avec l'idée de mon innocence, c'est-à-dire avec pas d'idée du tout... » Camus, La Peste,1947, p. 1418.
27. Elle avait de jolis yeux, vous savez, cette vipère, non pas des yeux de saphir comme les vipères de bracelets, je le répète, mais des yeux de topaze brûlée, piqués noir au centre et tout pétillants d'une lumière que je saurai plus tard s'appeler la haine et que je retrouverai dans les prunelles de Folcoche, je veux dire de ma mère, avec, en moins, l'envie de jouer (et, encore, cette restriction n'est-elle pas très sûre!). H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 8.
Rem. 1. Le compl. de manière introduit par la prép. avec a une aire d'application plus large que l'adv. de manière en -ment : avec angoisse, avec aplomb, avec autorité, etc. 2. L'emploi de avec dans les ex. 21 et 27, qui semble relever de la lang. fam., est à rapprocher de la recommandation donnée par Hanse 1949 : ,,Il ne faut pas employer avec au lieu de sans et dire : Je suis revenu [avec rien]`` et par Quillet 1965 : ,,Avec pas (il est parti avec pas un sou en poche) est barbare.``
III.− Emploi adv., fam. (corresp. aux emplois prép. cités sous I et II) :
28. Enfin, un matin, le colonel cherchait sa monture, son ordonnance était partie avec, on ne savait où, dans un petit endroit sans doute où les balles passaient moins facilement qu'au milieu de la route. Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 16.
29. ... et tous les quatre pas [il] s'arrêtait, soulevait son tuyau de poêle, et s'éventait avec, bien qu'il fît froid, puis sortait un sordide foulard de sa poche et s'épongeait le front avec, puis le rentrait; ... Gide, Les Nouvelles Nourritures,1935, p. 262.
30. ... vivre dans une époque, dans un milieu, où le mensonge décent est de règle, où le conformisme social et moral s'entoure d'un appareil de puissance impressionnant, et qui, n'ayant pas l'héroïsme (...) de faire sauter toute la boutique et lui avec, (...), se réfugie dans un discours secret, ... Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 8.
Rem. Cette constr. est correcte, si le compl. sous-entendu (nom de pers. ou de chose) a été empl. précédemment (parfois sous forme de prop.). ,,On ne dira pas directement : [Venez-vous avec?] pour : Venez-vous avec nous? Nous accompagnez-vous?`` (Hanse 1949).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [avεk]. a) C final se prononce devant une voyelle et devant une consonne ds les dict. mod. de Passy 1914 à Warn. 1968; cf. également ds Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Nod. 1844, Besch. 1845 et DG. Fér. Crit. t. 1 1787 rappelle à ce sujet : ,,Vaugelas avertit qu'il faut toujours prononcer le c d'avec devant quelque lettre qu'il se rencontre, et se garder bien de dire avé moi, avé un de mes amis, il faut dire avek moi, comme avek un, etc.`` Ds le dict. gramm. (Fér. 1768) on dit au contraire, qu'on ne fait sentir le c que lorsqu'il précède une voyelle. C'est un article à réformer ds ce dict. Pour la prononc. de c final même devant une consonne, cf. encore Rouss.-Lacl. 1927, p. 172. Grammont Prononc. 1958, p. 94 note que dans le Midi la prononc. de c final devant une consonne est facultative. Nyrop Phonét. 1951 observe également cette tendance dans le Midi ainsi qu'en Suisse et fait : ,,bien remarquer que cette prononciation n'est pas à imiter``. Cf. enfin Mart. Comment prononce 1913, p. 213 : ,,Pendant longtemps la prononciation familière a volontiers omis le c d'avec devant une consonne [...] : cette prononciation est aujourd'hui dialectale, et on la tourne même en ridicule.`` b) c final se prononce devant une voyelle et non devant une consonne ds Fér. 1768 et ds Littré qui souligne : ,,cependant plusieurs le font entendre même devant une consonne : a-vè-k vous. Palsgrave, au xviesiècle dit qu'on prononçait avé et, au xviiesiècle Chifflet insiste pour la prononciation du c``. Pour la fluctuation dans la prononc. de c final, cf. Buben 1935, § 194. Enq. : /avek/. 2. Forme graph. − La majorité des dict. signale la forme vieillie et qu'on peut trouver encore chez les poètes du xviies. : avecque ou avecques; cf. Ac. 1798-1878 : ,,vieux mot qui s'employait autrefois pour avec``. Ac. 1932 ne le mentionne plus. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit déjà à ce sujet : ,,on disait autrefois avecque et avecques. C'était une commodité pour les poètes. L'Acad. dit qu'avecque n'est plus en usage qu'en poésie, ou même il vieillit [cf. Ac. 1762 et 1798]. On peut même dire qu'il est si vieux dans la poésie noble et sérieuse qu'aucun poète n'oserait aujourd'hui l'employer. Il ne se maintient que dans la poésie marotique``. Pour ces graph. anc. cf. également les rem. ds Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892 (pour ces deux derniers dict. avecque ,,pourrait être encore employée en poésie``), Rob. et Quillet 1965 qui souligne que avecque était empl. devant une consonne et avecques devant une voyelle.
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Prép. 1. a) mil. xies. marque la concomitance d'égalité (Alexis, éd. Meunier, 53 ds G. Löfgren, Etude sur les prépositions françaises Od, Atout, Avec..., Uppsala, 1944, p. 119 : Ço dist li pedres : « Filz quar t en vas colcer avoc ta spuse »); début xiiies. (Amadas et Ydoine, éd. J. R. Reinhard, 3880, ibid. : Qu'a Roume avoec sa compaignie Ne voist avoec le droit voiage); fin xiies. nuance comitative (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 55, 4, ibid., p. 124 : Si despitat ia alsi com sec lo mont avoc sa flor); b) fin xiies. marque la simultanéité dans le temps (Chatelain de Coucy, Chansons, éd. F. Fath, X, 8, ibid., p. 120 : Et quant ioie me faut Bien est raisons K'auec ma ioie faillent mes canchons); c) 1383 « et de plus » « et en outre » (J. Froissart, Meliador, éd. Longnon, 9041, ibid., p. 151 : Et voit de son brach .I. quartier Avoec le poing dessus l'erbier); d) 1150-70 « indique la relation » (Adam, éd. K. Gross, 70, ibid., p. 123 : Tun seignor aime e ovec lui le tien); d'où 1376 « à l'égard de, envers » (H. de Ferrières, Roi Modus, éd. Tilander, 202, 26, ibid., p. 150 : Comment ... sont les gens des trois estas avecques le roy de Visses); 1422 « contre » (A. Chartier, Le Quadrilogue invectif, éd. Droz, 11, 6, ibid., p. 149 : La guerre qu'il eut avecques le roi Daire); 2. xiies. « malgré » (Dame de Faiel, dans Couci ds Littré : [Je] Chanterai pour mon courage, que je veuil reconforter; Car avec mon grant domage [je] Ne veuil mourir n'afoler); 3. a) début xiies. indique la manière (Moniage Guillaume, éd. Cloetta ds G. Löfgren, op. cit., p. 126 : Avoec l'aïe le roi de maïsté, Dis mil paiens lor ont le jour tüé); cf. 1422 (A. Chartier, op. cit., 23, 16, ibid., p. 153 : N'estores tu pas raemply lors de richesses, environné de delices avecques toute franchise d'en user); b) 1160 70 le moyen (Thomas, Tristan, éd. J. Bédier, 2589, ibid., p. 126 : Trenche la mer ove sa nef); 1225 (Colleg. de Metz, A. Mos. ds Gdf. Compl. : Ovoec la [lo] sael ...); 1284 (J. de Meun, Art. de Chev., éd. Robert, 154, 1 ds G. Löfgren, op. cit., p. 126 : Et les enversent avec les limaçons). B.− Adv. milieu xies. « en même temps » (Alexis, éd. G. Paris et L. Pannier, 42c ds T.-L. : mes pedre me desirret, Si faït ma medre..., Avoc ma spose que jo lor ai guerpide); cf. ca 1100 (Roland, éd. Bédier, 3626 : Encalcent Franc e l'emperere avoec); actuell. l'emploi adverbial est familier. Du lat. *apud-hŏque devenu *apu-hŏque, dans lequel l'[u] s'est fermé en [w], lequel est ensuite tombé devant l'accent; d'où *apŏque qui a donné régulièrement en a.fr. avuec (exemples ds T.-.L. et Gdf. Compl.). Cf. l'a.fr. o(d) « avec », lui aussi issu du lat. apud. L'hyp. d'une formation à partir de *ab hoc, *abhŏque (Bl.-W.5, EWFS2, Bourc. 1967, § 317c) fait difficulté sur le plan phonét. car le b intervocalique se serait amuï au contact de l'élément vocalique suivant (Fouché, p. 639); en outre l'étymol. *ab hoc > avec ne trouve aucun appui, ni dans le lat. de la Gaule, ni en a.fr. : aucun exemple où ab marque la concomitance d'égalité ou signifie « outre », « de plus »; il y a lieu de douter que ab ait eu en Gaule assez de force pour donner naissance à une combinaison nouvelle et aussi vigoureuse. Le sort de ab dans les lang. rom. s'oppose à cette supposition (G. Löfgren, op. cit., p. 140).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 270 838. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 370 876, b) 400 443; xxes. : a) 392 204, b) 384 940.
BBG. − Ac. Can.-Fr. 1968. − Beckmann (G. A.). Die Nachfolgekonstruktionen des instrumentalen Ablativs im Spätlatein und im Französischen. Tübingen, 1963, pp. 281-287. − Bél. 1957. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Cohen 1946, p. 57. − Darm. Vie 1932, p. 125, 136. − Dem. 1802. − Duch. 1967, § 41, 74. − Dul. 1968. − Goug. Mots t. 2 1966, p. 99. − Guiraud (P.). Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. Lexicol. 1970, no2, p. 12. − Le Bidois (R.). Monde (Le). 1963, 27 nov. − Lerch (E.). Woher stammen aveugle und avec? Rom. Forsch. 1947, t. 60, pp. 70-105. − Löfgren (G.). Et. sur les prép. fr. od, atout, avec, depuis les orig. jusqu'au xvies. Upsal, 1944, pp. 119-170. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 38 (Thèse Univ. Paris, 1958). − Muller (C.). Ds notre courrier : emploi des prép. : à, de, par, avec. Fr. Monde. 1965, no33, p. 52. − Pierreh. 1926. − Pierreh. Suppl. 1926. − Pope 1952, § 274, 357, 553, 604, 750, 850. − Rog. 1965, pp. 162-163. − Spang. Hanssen (E.). Les prép. incolores du fr. mod. Copenhague, 1963, passim.Spitzer (Léo). Nfr. avec ça (que) « als ob ». Z. fr. Spr. Lit. 1935, t. 59, pp. 335-338. − Spr. 1967. − Stöcklin (J.). Probl. de prép. Vox rom. 1971, t. 30 no1, pp. 91-92. − Vinc. 1910.