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ATTOUCHEMENT, subst. masc.
A.− Rare et vx. Synon. de (sens du) toucher :
1. Selon Locke, l'idée d'espace vient de la sensation. Maintenant, par quel sens vient l'idée d'espace? Ce n'est point par l'odorat, ce n'est point par le goût, ce n'est point par l'ouïe; reste que ce soit par la vue et le toucher. C'est aussi ce que dit Locke, livre II, chap. XIII, paragraphe 2. « Nous acquérons l'idée d'espace par la vue et l'attouchement, ce qui est, ce me semble, d'une telle évidence que... » Cousin, Hist. de la philos. du XVIIIes.,1829, p. 141.
B.− Action d'attoucher, de s'attoucher.
1. [Le suj. et l'obj. de l'action désignent gén. des pers.]
a) Vx. Action de toucher quelqu'un d'une manière convenue dans un dessein de communication :
2. C'est donc avec beaucoup de raison que les idéologistes, qui ont entrepris d'expliquer l'origine et les conséquences de ce premier langage, lui ont donné le nom de langage d'action : il comprend les gestes, les cris, les attouchemens; il parle à l'œil, à l'oreille, et au tact : ... Destutt de Tracy, Éléments d'idéologie,Idéologie, 1801, p. 340.
En partic. Attouchement franc-maçonnique. Signe de reconnaissance entre francs-maçons consistant dans une manière particulière de se toucher mutuellement la main (d'apr. Lar. 19e).
b) Contact furtif, caresse légère procurant un plaisir sensible, et exprimant
L'affection :
3. Lundi 12 août. Le second fils d'Édouard est un enfant tout de caresses. Sa main, quand il prend la vôtre, monte amoureusement le long de votre bras; son corps se soude au vôtre, quand il marche à côté de vous. Il y a, dans ses attouchements et ses frottements à votre personne, quelque chose de l'enlacement du lierre et de la vigne. E. et J. de Goncourt, Journal,1872, p. 912.
L'attrait physique, l'amour :
4. Je revoyais Albertine s'asseyant à son pianola, rose sous ses cheveux noirs; je sentais, sur mes lèvres qu'elle essayait d'écarter, sa langue, sa langue maternelle, incomestible, nourricière et sainte, dont la flamme et la rosée secrètes faisaient que, même quand Albertine la faisait seulement glisser à la surface de mon cou, de mon ventre, ces caresses superficielles mais en quelque sorte faites par l'intérieur de sa chair, extériorisé comme une étoffe qui montrerait sa doublure, prenaient, même dans les attouchements les plus externes, comme la mystérieuse douceur d'une pénétration. Proust, La Fugitive,1922, p. 497.
En partic. [En parlant des pratiques homosexuelles ou de masturbation] Attouchement illicite, déshonnête (Ac. 1798-1932).
c) Au fig. ou p. anal. :
5. Elle [Germinie] s'abandonna peu à peu à cette douceur de la confession, à cette voix de prêtre égale, sereine et basse, qui venait de l'ombre, à ces consultations qui ressemblaient à un attouchement de paroles caressantes... E. et J. de Goncourt, Germinie Lacerteux,1864, p. 45.
En partic., dans le lang. des mystiques. Action pour Dieu d'entrer mystérieusement en contact avec une âme afin de resserrer l'union mystique entre elle et Lui :
6. La façon dont s'est opérée votre conversion ne peut me laisser aucun doute. Il y a eu ce que la mystique appelle un attouchement divin; seulement − et ceci est à remarquer − Dieu s'est passé de l'intervention humaine, de l'entremise même d'un prêtre, pour vous ramener dans une voie que vous aviez depuis plus de vingt ans quittée. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 122.
2. Dans le domaine méd.
a) Action de toucher légèrement un organe pour l'ausculter :
7. Dimanche 28 mai. Le docteur Frémont m'examine ce matin; et pendant qu'il me tripote le foie, il me dit qu'il n'est pas très gros, mais sans que j'y sois pour rien, il sent dans mon côté la rétraction, la mise en garde d'un organe malade, qui se défend contre l'attouchement de l'auscultation. E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 408.
b) Action de toucher une plaie pour la soigner :
8. Les aphtes de la bouche se traitent avec des applications antiseptiques légères, et par des attouchements à la glycérine iodée. E. Garcin, Guide vétér.,1944, p. 26.
c) [En parlant d'un thaumaturge, d'un guérisseur, etc.] Action de toucher avec les mains ou avec un objet (en particulier une relique) dans le dessein de guérir :
9. ... il avait dû cacher, pendant des années et des années, dans des creux d'arbres ou des trous de rocher tout ce qu'il gagnait d'argent, soit en gardant les troupeaux, soit en guérissant, par des attouchements et des paroles, les entorses des animaux (car le secret des rebouteux lui avait été transmis par un vieux berger qu'il avait remplacé). Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Lapin, 1887, p. 245.
3. [Le suj. désigne une chose] Le fait de toucher, d'être en contact avec :
10. La première pile électrique. C'est dans une lettre à Gren, écrite en 1796, que l'on trouve l'expression la plus nette de la pensée de Volta peu avant l'invention de la pile : « L'attouchement de conducteurs différents, surtout métalliques..., que j'appellerai conducteurs secs, ou de la première classe, avec des conducteurs humides, ou de la seconde classe, éveille le fluide électrique et lui imprime une certaine impulsion ou incitation ». Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 205.
Spéc., GÉOM. Point où deux lignes se touchent sans se couper; se disait pour point de tangence lorsque l'une des lignes est droite et l'autre courbe; pour point de contact lorsqu'il s'agit de deux courbes.
Rem. On rencontre dans la docum. le néol. attoucherie, subst. fém. (J. Richepin, Le Cadet, 1890, p. 109; dér. de attoucher*, suff. -erie*). Synon. de attouchement au sens de caresses légères et répétées.
PRONONC. : [atuʃmɑ ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − Apr. 1170 atochement « action de toucher » (B. de Ste Maure, Ducs Normandie, II, 40725 ds Gdf. Compl. : Mais or pens je e vei e qui Que en son chef plus ne en lui N'auras poeir n'atochement); fin xiiies. « action d'effleurer, de toucher légèrement » (Mir. St Louis, Rec. des Hist., XX, 126, ibid. : Cil qui avoient les escroeles estoient gueriz du seul atouchement de la chasse); xiiies. en partic. « commerce charnel » (Graal, II, 458, ibid. : Attouchement de charnel luxure); 1691 math. point d'attouchement « point où deux lignes courbes se touchent » (Ozanam, Dict. math., Paris, p. 431); 1740 man. (Trév.). Dér. de attoucher*; suff. -ment1*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 129.
BBG. − Bastin 1970. − Pierreh. 1926.