Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
ASSOURDIR, verbe trans.
I.− Emploi trans.
A.− Assourdir qqn.[Le suj. désigne une source sonore] Causer une surdité passagère :
1. Pécopin sentit le rivage de la mer trembler sous lui et que quelque chose de terrible l'enveloppait; une fumée noire l'aveugla, un bruit effroyable l'assourdit; il lui sembla qu'il était tombé et qu'il roulait rapidement en rasant le sol, comme s'il était une feuille morte chassée par le vent. Hugo, Le Rhin,1842, p. 200.
2. Autour de lui, Paris, grouillant et tumultueux, l'assourdissait, l'assommait de son fracas, l'étourdissait d'un incessant, rapide, vertigineux défilé de trams, d'autos, de taxis, d'autobus et de voitures. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 441.
P. hyperb. ou p. métaph., péj. Empêcher d'entendre autre chose; fatiguer par un bruit excessif :
3. Un temps comme il n'y en a jamais eu pour la littérature d'art. On est étouffé entre le bruit extérieur, le tapage et la menace de l'Europe, et entre le boniment à grand orchestre d'un petit journalisme, qui assourdit et hébète la France. E. et J. de Goncourt, Journal,1866, p. 279.
4. C'est assez médiocre et assez triste ce soir. Mmede Galbois assourdit tout le dîner d'une histoire de voleurs à dormir debout. Vraiment, l'on permet à la bécasserie de la chère femme de prendre trop de place! E. et J. de Goncourt, Journal,1874, p. 1002.
SYNT. Assourdir quelqu'un de son bavardage; assourdir quelqu'un de son intarissable caquet (Faral, La Vie quotidienne au temps de st Louis, 1942, p. 148).
B.− Assourdir qqc.
1. [L'obj. désigne un bruit] L'atténuer :
5. Les ronflements se rapprochent. Il devine toute une escadrille. L'air parfois assourdit, parfois fait vibrer ce ronron lourd, saccadé, haletant. On sent qu'ils peinent, qu'ils sont gonflés de choses meurtrières. Montherlant, Le Songe,1922, p. 167.
SYNT. Assourdir ces clameurs; un tapis... qui assourdit le bruit de sa chute (Ponson du Terrail, Rocambole, Les Exploits de Rocambole, t. 4, 1859, p. 249).
2. [L'obj. désigne un lieu, une chose quelconque] En atténuer la résonance :
6. Une très légère gaze embue, assourdit l'atmosphère, ... Gracq, Un Beau ténébreux,1945, p. 72.
SYNT. Les tentures de velours bleu assourdissaient la chambre (Zola, Une Page d'amour, 1878, p. 1024).
Spécialement
a) MAR. Assourdir (les avirons). ,,Envelopper les avirons de linge au pontage du plat-bord, pour qu'on ne les entende pas quand on nage`` (Gruss 1952).
b) TECHNOL. ,,Remplir une cloison ou doubler une paroi existante pour éviter la propagation du son`` (Barb.-Cad. 1963).
3. [L'obj. désigne une couleur] En atténuer l'éclat :
7. Il soulevait, du bout de l'ongle, le duvet neigeux et doux qui se gonflait à la gorge de l'oiseau, qui lui ouatait le ventre et les cuisses. Il caressait le dos et les ailes étendues, leurs plumes d'un blond doré, ardent, qu'assourdissait un ruissellement de perles grises. Genevoix, Raboliot,1925, p. 123.
SYNT. Assourdir les chauds reflets de sa chevelure dorée (Champfleury, Les Souffrances du professeur Delteil, 1853, p. 61).
Spéc., B.-A.
a) ,,En termes de peinture, diminuer la lumière et les détails dans les demi-teintes. Assourdir les reflets, dans la gravure, c'est les rendre moins sensibles`` (Bach.-Dez. 1882). Assourdir les tailles, les traits (Ac. Compl. 1842).
b) ,,Rendre une teinte moins éclatante avec des bleus, verts ou violets, sans assombrir`` (Barb.-Cad. 1963).
II.− Emploi pronom., rare
A.− Avec valeur passive. Devenir plus sourd, indistinct. Sa voix s'assourdissait (Zola, La Curée,1872, p. 461).
Spécialement
1. [En parlant de l'ouïe] ,,Devenir dure et insensible... Si un corps s'est introduit ou s'est formé dans la trompe d'Eustache, l'ouïe s'assourdit`` (Nouv. Lar. ill.).
2. PHONÉT. [En parlant d'une consonne sonore]
a) Vieilli. Devenir moins sonore. Les syllabes médianes s'assourdissent (Nouv. Lar. ill.).
b) Usuel. Prendre la qualité de consonne sourde. La consonne sonore b s'assourdit par assimilation à une consonne sourde de la syllabe suivante (p. ex. obtenir, prononc. optenir).
B.− Avec valeur réfléchie. Se rendre sourd. Nouer ses cheveux sur ses oreilles pour s'assourdir (Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 383).
PRONONC. ET ORTH. : [asuʀdi:ʀ], j'assourdis [ʒasuʀdi]. Barbeau-Rodhe 1930 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as/s/-. Fér. 1768 souligne que le verbe ,,et ses dérivés s'écrivent avec deux ss; mais [qu'] on n'en prononce qu'une``.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1120 pronom. « se rendre sourd, demeurer sourd » (Psautier Cambridge, XXXVIII, 14, éd. Fr. Michel : Oi la meie ureisun, Sire, e la meie clamur. A la mei lerme ne te assurdisses; kar estranges sui envers toi, e pelerins sicume tuit mi paerre), attest. isolée; b) ca 1205 trans. « rendre sourd » (J. Bodel, Congés, éd. G. Raynaud, 414, Romania, t. 9, p. 242 ds Gdf. Compl. : Mout sera Arras assordis); c) début xiiies. au fig. « étourdir, enivrer, griser » (G. Le Clerc, Bestiaire, 2291, Hippeau ds Gdf. : Por richeces sunt asordé Qu'il n'oient ne ne veient gote), attest. isolée; 1849 (Musset, Sur trois marches de marbre rose ds Rob. : Tant de sonnets, de madrigaux, Tant de ballades, de rondeaux, Où l'on célébrait vos merveilles, Vous ont assourdi les oreilles); d) ca 1590 au fig. « fatiguer, excéder par des paroles » (Montaigne, I, 34 ds Littré : J'eusse assourdi touts mes amis de babil), attest. isolée; 1821 « id. » (J. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, 2eentretien ds Dict. hist. Ac. fr. : Le même coup qui a frappé les antiquités indiennes, a fait tomber celles de la Chine, dont Voltaire surtout n'a cessé de nous assourdir); 2. a) 1690 pronom. mus. « devenir moins sonore » (Fur.); b) 1762 trans. peint. fig. « rendre moins éclatant » (Ac.). Dér. de sourd*; préf. a-1*; dés. -ir.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 145.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Barb.-Cad. 1963. − Duch. 1967, § 31. − Gruss 1952. − Springh. 1962.