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ASSAILLIR, verbe trans.
A.− [Le suj. désigne une pers. ou un groupe de pers.] Attaquer vivement et avec violence; se ruer agressivement sur quelqu'un pour le réduire à merci.
1. Rare, vieilli. Assaillir un lieu; assaillir l'abbaye, le château :
1. En me promenant dans le bas côté de l'abside, j'ai aperçu sur le mur une inscription qui rappelle que Mézières fut cruellement assaillie et bombardée par les Prussiens en 1815. Hugo, Le Rhin,1842, p. 43.
2. Assaillir qqn :
2. Arrivée dans sa cour, elle [la duchesse] entra dans un vestibule presque semblable à celui de son hôtel; mais tout à coup elle ne reconnut pas son escalier, puis au moment où elle se retourna pour appeler ses gens, plusieurs hommes l'assaillirent avec rapidité, lui jetèrent un mouchoir sur la bouche, lui lièrent les mains, les pieds, et l'enlevèrent. Balzac, La Duchesse de Langeais,1834, p. 295.
3. Un anarchiste, monté sur les épaules d'un camarade, tente de se faire entendre. Il est aussitôt assailli, jeté à terre, frappé. Bagarre. Malraux, Les Conquérants,1928, p. 112.
P. métaph. Être assailli par l'orage, par la tempête :
4. Il [le chevreuil] s'avança. Une vague faisant ressac sur la plage à pic l'assaillit et le flagella. Il en fut submergé, étouffé, et il vacilla ébranlé jusqu'au fond de lui. Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 103.
[Sans idée d'agressivité] :
5. Il prête l'oreille une dernière fois, pousse la porte. L'air tiède l'assaille aussitôt d'une caresse si familière, si douce qu'il semble être son propre corps, l'enveloppe subtile de son propre corps, une autre peau. Bernanos, Monsieur Ouine,1943, p. 1435.
Emploi pronom., rare :
6. ... on avait pris à solde plusieurs des bandes qui couraient le royaume, car toute cette guerre ne se faisait encore que par compagnies françaises ou anglaises; elles s'assaillaient et se poursuivaient dans les diverses provinces, assiégeant alternativement les villes ou châteaux qu'elles tenaient. Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 1,1821-24, p. 131.
B.− P. ext. [Le plus souvent au passif] Harceler, importuner.
1. [Le suj. désigne une pers.] Être assailli par les créanciers, par les mendiants :
7. − Laisse-moi voyons! ... Laisse-moi un peu me recueillir! ... Tu m'assailles. Tu m'exaspères! Tu me harcèles! ... Céline, Mort à crédit,1936, p. 546.
2. [L'agent est un animal de petite taille] Être assailli par les abeilles, les fourmis, les moustiques
Au fig.
[En parlant de difficultés, de maux, etc.; souvent au passif] Presser vivement en menaçant le bien-être ou la sécurité de quelqu'un :
8. L'homme sème dans l'angoisse, et ne recueille que des larmes et des soucis; la guerre, la famine, la peste l'assaillent tour à tour... Volney, Les Ruines,1791, p. 14.
9. ... l'ennemi public qui veut la justice et cherche la vérité, pris entre deux feux, se voit assailli de tous les outrages, de toutes les menaces, de tous les coups, et les braves gens apeurés se terrent, et les timidités se dérobent, et les lâchetés se déchaînent. Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 131.
SYNT. Être assailli par l'angoisse, par la douleur, par un pressentiment, par les regrets, par les soucis.
Solliciter, exciter :
10. Notre législation a, pour ainsi dire, fermé les yeux sur les passions qui tourmentent le jeune homme entre vingt et vingt-cinq ans. À Paris, tout l'assaille, ses appétits y sont incessamment sollicités; la religion lui prêche le bien, les lois le lui commandent, tandis que les choses et les mœurs l'invitent au mal... Balzac, Le Médecin de campagne,1833, p. 198.
11. À l'extrême opposé de cet engourdissement par l'ambiance, qui trouve en nous-mêmes ses complicités principales, le réel a pour fonction habituelle de nous assaillir, de nous secouer, de nous sortir au contraire de l'inertie végétative. Il nous étrille si bien que nous avons besoin, à intervalles rapprochés, de nous replier loin de ses prises : c'est ce retrait qu'on appelle le sommeil. Mounier, Traité du caractère,1946, p. 341.
PRONONC. − 1. Forme phon. : [asaji:ʀ], j'assaille [ʒasaj]. Pour la forme conjuguée, Passy 1914 note une durée mi-longue sur la 2esyllabe, Barbeau-Rodhe 1930 une durée longue. Harrap's 1963 donne la possibilité d'une prononc. avec [ss] géminées : as|sa|-. À ce sujet, cf. Fouché Prononc. 1959, p. 319 : le groupe ss ,,se prononce toujours [s]`` (cf. aussi Mart. Comment prononce 1913, p. 322). 2. Hist. : [λ] ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Gattel 1841, Nod. 1844, Fél. 1851 et Littré; yod ds Land. 1834, Besch. 1845 et DG. Littré rappelle que ,,Palsgrave [...] au xvies. dit qu'on prononce les deux s``.
ÉTYMOL. ET HIST. − xes. « (le suj. désigne une pers.) attaquer brusquement » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avale, 373 : Qua e l'enfern dunc asalit, fort Satanán alo venquit); 1100 « id. » (Roland, éd. Bédier, 2564 : Entre les altres asaillit le greignur Sur l'erbe verte, ultre ses cumpaignuns); 1180-1200 p. anal. « (le suj. désigne un inanimé) id. » (Alexandre, v. 35 ds Dict. hist. Ac. fr. : Se nous en escapons, ce sera à envis; Quar maintes grant tormente nos ont hui assali). Du lat. vulg. assalire, réfection d'apr. salire « sauter » du lat. class. assilire « sauter sur » (Phèdre, 2, 5, 21 ds TLL s.v., 894, 45), d'où « assaillir » (Ovide, Met., 11, 526, ibid., 54 : fluctus ut miles ... cum saepe adsiluit defensae moenibus urbis); lat. vulg. assalire (-io, -ii, -itum), (Lex salica, 13, add. 5, ibid., 894, 73 : si quis ... feminam ... adsalierit et vim illi inferre praesumpserit).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 368. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 498, b) 460; xxes. : a) 586, b) 540.
BBG. − Bruant 1901. − Dem. 1802. − Dupin-Lab. 1846. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 111. − Le Roux 1752. − Marshall (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 32 (Thèse Univ. Paris, 1958). − Noter-Léc. 1912. − Pope 1961, § 367, 947, 949, 972, 975, 1059, 1280. − Remig. 1963.