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ARLEQUIN, INE, subst.
A.− Personnage comique de la scène italienne, célèbre par son costume fait de pièces triangulaires de toutes couleurs, son masque noir et son sabre de bois; p. méton. personne reproduisant le type et/ou le costume de ce personnage. Jouer les arlequins; être vêtu, déguisé en arlequin (Ac. 1835-1932) :
1. La métamorphose galante la foule masquée des hommes et des femmes se promène, va et vient en chantant. Il y a surtout loups et faütes à la vénitienne, dominos, mais aussi un matamore, un capitan, une arlequine, une colombine, pierrots, pierrettes, apothicaires, médecins, etc., tout cela grouille et s'agite en chantant. Il faut que ce soit très animé. Le charlatan appelle la foule ou arrache des dents... Apollinaire, Casanova,1918, II, p. 988.
SYNT. Habit, manteau, masque d'arlequin.
,,Danse de caractère propre au personnage que l'on nomme Arlequin`` (Ac. Compl. 1842). ,,Air sur lequel on exécute cette danse.`` (Besch. 1845).
B.− Au fig.
1. Fam. [En parlant d'une pers.] Bouffon; homme changeant fréquemment d'attitude, d'opinion (surtout en politique) :
2. − « Voyez-vous, cette niaise, conclut-il [Cadignan] tout haut, la voyez-vous qui croit sur parole un jean-foutre de renégat, un marchand de phrases, la pire espèce d'arlequin! Il en fera de toi comme de ses électeurs, ma fille! Bonne amie d'un député, fichtre! » − Riez toujours, dit Mouchette, on a vu pis. Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 90.
2. [En parlant d'un animal] Oiseau aux couleurs variées :
3. ... en surnommant cet arlequin le sept-couleurs les indigènes entendent signifier que cet oiseau est un arc-en-ciel, un être qui vit de la lumière, une rosée, un esprit, un souffle, une palpitation porte-bonheur... Cendrars, Le Lotissement du ciel,1949, p. 17.
3. [En parlant d'un inanimé] Tout ensemble formé d'éléments de couleurs variées, d'éléments triangulaires, d'éléments disparates. Habit d'arlequin. ,,Ouvrage fait de morceaux pris de différents auteurs.`` (Ac. 1835-1932) ou simplement arlequin, fam.
Spéc., emploi en appos. ,,Qui est bigarré ou fait de différents morceaux, comme l'habit d'arlequin. Courte-pointe arlequin`` (Lar. 19e). Habit arlequin (Nouv. Lar. ill.). ,,À losanges de couleur. Bas arlequin`` (Pt Rob.) :
4. ... une réunion de toutes les bigarrures noires, grises et blanches, de toutes les communautés et de toutes les variétés possibles; ce qu'on pourrait appeler, si un pareil accouplement de mots était permis, une sorte de couvent-arlequin. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 595.
Rem. Mot inv. s'il est employé adj., selon Lar. 19e, Guérin 1892 (qui donnent le syntagme édifices arlequin attesté chez Hugo) et Nouv. Lar. ill., variable lorsqu'il fonctionne subst. (cf. Hugo, Le Rhin, 1842, p. 91 : édifices-arlequins).
4. Argot
a) Forçat à casaque mi-rouge, mi-brune, aux manches mi-jaunes, mi-vertes (cf. M. Alhoy, Les Bagnes, Rochefort, 1830, p. 80).
b) Joueur de football, à maillot multicolore (cf. Esn. 1966).
c) ,,Reliefs des grands restaurants, mis en vente au rabais.`` (Sandry-Carr. 1963) :
5. C'est une bijoutière ou marchande d'arlequins. (...) ces plats sont composés de pièces et de morceaux assemblés au hasard, absolument comme l'habit du citoyen de Bergame. Privat d'Anglemont (Mont. 1967).
Rem. Terme passé dans la lang. pop. et pouvant s'employer aussi, par plaisant., dans un cont. de nature pol. (cf. Lar. 19e).
C.− Emplois techn.
1. CHASSE. ,,Canot léger, monoplace, à fond plat, pour la chasse au gibier d'eau.`` (Burn. 1970) :
6. Ils s'adressèrent au sieur Charles Thiéry, possesseur d'un petit batelet, le priant de le mettre à leur disposition pour traverser la rivière [...] Il les fit bien installer dans l'arlequin, leur recommandant par-dessus tout de ne faire aucun mouvement. Gazette des tribunaux,23 juill. 1874, p. 701, 3ecol. (Littré).
2. MINÉR. ,,Opale remarquable par la vivacité et la variété de ses couleurs.`` (Nouv. Lar. ill.).
3. THÉÂTRE. Draperie, manteau d'arlequin, ou simplement manteau. ,,Ce sont les deux panneaux qui, lorsque le rideau est levé, servent de cadre au décor, à droite et à gauche, tout à fait à l'avant-scène, et dont la peinture, généralement, imite une draperie rouge relevée sur les côtés.`` (H. Genin, Le Lang. des planches, 1911, p. 47).
4. ZOOL. ,,Le nom d'Arlequin a été donné à plusieurs animaux remarquables par la bigarrure de leurs couleurs.`` (Bouillet 1859).
a) Subst. fém. ,,Mollusque du genre cypræa ou porcelaine.`` (Nouv. Lar. ill.).
b) ENTOMOL. (Grand) arlequin de Cayenne :
7. L'arlequin de la Guyane, faucheur gigantesque, armé d'antennes démesurées et de prodigieuses jambes, pour courir par les obstacles innombrables d'herbes hautes, l'arlequin est marqueté sur fond jaune de virgules noires, d'inexplicables hiéroglyphes, être doublement étrange, doublement énigmatique. J. Michelet, L'Insecte,1857, p. 160.
c) ICHTYOL. ,,Vairon ou véron... appelé aussi Arlequin ... Des bandelettes noirâtres descendent de la région dorsale vers les flancs.`` (H. Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p. 210).
d) ORNITHOLOGIE
,,Espèce de colibri, petit oiseau destructeur de mouches, qui a dans son plumage du bleu, du cendré, du brun et du jaune.`` (Lar. 19e).
,,Oiseau aquatique de la famille des Chevaliers.`` (Burn. 1970).
PRONONC. : [aʀləkε ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. a) 1160-85 mesniee Hellequin « suite, escorte de Hellequin » nom donné à un cortège fantastique de cavaliers maudits, condamnés à une chevauchée nocturne sans fin, la chevauchée sauvage » (Chr. de Troyes, Philomena, 192, éd. C. de Boer ds T.-L. s.v. maisniee : Avuec c'iert [Philomena] si-tres-bone ovriere D'ovrer une porpre vermoille Qu'an tot le mont n'ot sa paroille, Un dïaspre ou un baudequin Nes la mesniee Hellequin Seüst ele an un drap portreire); 1262 la maisnïe Hellekin attestée au théâtre (A. de La Halle, Jeu de la Feuillée, éd. E. Langlois ds T.-L.); le syntagme maisnie Hellequin est encore attesté en 1495 (Romant de Richart filz de Robert le Diable d'apr. Flasdieck, Harlekin, germanischer Mythos in romanischer Wandlung ds Anglia t. 61 [59], 1937, p. 243); Hellequin figure encore ds Encyclop. t. 8; b) début xiiies. p. ext. subst. masc. halequin « génie malfaisant » (Chevalier au cygne, 6247, Reiff. ds Gdf., s.v. hellequin : Et ly roys des Taffurs, o lui sy halequin) − xve-xvies., Songe doré de la Pucelle, ibid.; 2. 1585 Harlequin désigne un personnage de théâtre (Histoire plaisante des Faicts et Gestes de Harlequin Commedien Italien Contenant ses songes et visions, sa descente aux enfers pour en tirer la mère Cardine..., À Paris, par Didier Millot, 1585 d'apr. Driesen, Der Ursprung des Harlekin, 1904, p. 249 et 252 : Harlequin s'en allant lui fait mille gambades Mille saults, mille bons et mille bonnetades); 1680 p. réf. à l'habit de ce personnage habit d'Arlequin se dit de qqc. qui est composé de pièces disparates (Mmede Sévigné, Lettres à Mmede Grignan ds Dict. hist. Ac. fr.); 1762 un arlequin « un opportuniste » (J.-J. Rousseau, Émile, II ds Littré). Harlequin, issu du syntagme maisnie Hellequin, introduit de manière isolée dans la litt. théâtrale par Adam de la Halle, désigne un être malfaisant, le diable (supra 1). Entre 1571 et 1580, un zanni*, paysan bouffon de la commedia dell'arte, donne à Paris une nouvelle interprétation de son personnage en empruntant au Hellequin fr. son nom, son comportement, d'où harlequin qui désigne en 1585 ce nouveau type de comédien, résultat de la contamination entre le hellequin « démon » de tradition fr. et le zanni, personnage comique de Venise et de Bergame (supra 2; v. H. Flasdieck, op. cit., p. 257; O. Driesen, op. cit., pp. 194-204; les comptes rendus de ces deux études respectivement par E. Richter ds Z. fr. Spr. Lit., t. 62, pp. 502-05 et par R. Mahrenholtz, ibid., t. 272, pp. 63-65, v. aussi Wind, pp. 50-53 et Dauzat, Ling. fr., pp. 191-192); ce mot est empr. par l'ital. arlecchino (d'où les formes fr. en ar-) et les autres langues européennes. Hellequin est d'orig. anglo-norm. : en 1127-36 Orderic Vital, moine de St Evroult (Orne) désigne le cortège sauvage par familia Herlechini (Flasdieck, op. cit., p. 253); en 1175, Pierre de Blois, chancelier de l'archevêque de Canterbury fustige ds Ad Sacellos Aulicos regis Anglorum les courtisans de Henry II (Flasdieck, op. cit., p. 250), les qualifiant de : martyres saeculi, mundi professores, discipuli curiae, milites Herlewini; de même en 1187-1192-93, Gautier Map, familier du même roi compare, ds De nugis curialium, les courtisans à la suite de Herla rex antiquissimorum Britonum (ibid.). D'après Flasdieck, p. 325 et 329, ce Herla rex représente un vieil anglais *Her(e)la cyning (m. angl. *Herle king, auquel correspond l'a. h. all. Herilo, nom du roi Herilo) qui remonte à un plus anc. * χarila(n) « chef de l'armée » qui serait une appellation du dieu Wodan (v. aussi Brandl ds Arch. St. n. Spr., t. 172, pp. 235-236) et dont il faut rapprocher le nom du peuple germain des Harii cité par Tacite (Germania, 43 ds Forc.). Au contraire, M. Delbouille ds Bull. de la Soc. de lang. et de litt. wallonnes, t. 69, pp. 123-131 suggère que le choix du nom de Herla, peut-être création individuelle et arbitraire, a pu être déterminé par l'existence de la famille de mots à rad. herl- impliquant les notions de « tapage » et de « vagabondage » (a. fr. harele « tumulte », herler « faire du tapage », herle « tumulte, tocsin », mots rangés par FEW t. 16, pp. 148-152, s.v. a. bas frq. *hara « par ici »). Une nouv. hyp. proposée par D. Bugeanu, v. infra bbg., (all. Karl désignant un vieux balourd > tch. Karlik ,,nain`` > ital. Karlekino) paraît encore insuffisamment fondée.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 100.
BBG. − Ac.-Gastr. 1962. − Barb. Misc. 15 1936-38, pp. 211-217. − Bouillet 1859. − Bugeanu (D.). Étymol. fr. R. roum. de ling. 1971, t. 16, pp. 53-62. [Cr. Tuaillon (G.). R. Ling. rom. 1972, t. 36, no143/144, pp. 412-413]. − Charrencey (Comte de). [Ét. de diverses étymol. de mots fr.]. Mém. de la Soc. des Antiquaires de Fr. 1911, t. 10, pp. 205-206. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 191-193. − DLF 17e. − Duval 1959. − Éd. 1967. − Flasdieck (H. M.). Harlekin. Germanischer Mythos in rom. Wandlung. Anglia. 1937, t. 61, pp. 225-340. − Flasdieck (H. M.). Harlekin. Sprachkunde. 1938, no3, pp. 2-5. − Günther (V.), Wartburg (W. von). Das Angelsächsische Element im fr. Wortschatz. In : [Mél. Flasdieck (H. M.)]. Heidelberg, 1960, p. 125. − Kemna 1901, pp. 104-105. − Larch. 1880. − Leloir 1961. − Michel 1856. − Mont. 1967. − Privat-Foc. 1870. − Sain. Lang. par. 1920, p. 225. − Sar. 1920, pp. 10-11. − Spitzer (L.). A New Spanish etymological dictionary. Mod. Lang. Notes. 1956, t. 71, p. 279 (s.v. arlote). − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 209. − Wind 1928, p. 38, 50, 123.