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APPROCHER, verbe.
I.− Emplois vieillis, littér. ou figés.
A.− Emploi trans.
1. [Le suj. désigne des pers.]
a) Approcher qqc. (de qqn ou qqc.).Le placer, le mettre près de ..., l'avancer près de ... Synon. intensif, plus usité rapprocher :
1. Une coupe de cristal tombe à terre et se brise. Tout-à-l'heure elle étoit utile, vous pouviez l'approcher de vos lèvres, et y puiser une liqueur agréable et fortifiante. À présent ses brisures tranchantes, ne peuvent qu'ensanglanter la main. Saint-Martin, L'Homme de désir,1790, p. 23.
2. Au fond du recoin, tout contre le piédestal d'une vierge, MmeQuinte était blottie; elle approchait son prie-Dieu et son tabouret si près de la statue qu'elle semblait ne faire qu'un avec elle, entrer dans le groupe des pierres peintes, figure chimérique. Jouhandeau, Monsieur Godeau intime,1926, p. 287.
[Sans compl. second. exprimé] :
3. Largilier approchait son visage si près qu'Augustin comprit subitement qu'il allait l'embrasser. Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 455.
MAN. Approcher les talons, les éperons. ,,Les appliquer légèrement sur les flancs du cheval afin de l'avertir.`` (Lar. 19e).
b) Approcher qqc.Aller plus près, en direction de...
MAR. ,,Faire route vers une terre à vue, un bâtiment, un écueil, s'avancer de plus en plus pour en approcher.`` (Will. 1831) :
4. Je forçai de voiles pour approcher la terre; mais j'en étais encore à sept ou huit lieues à l'entrée de la nuit; je la passai bord sur bord, attendant le jour pour donner dans le canal formé par ces deux îles, et pour chercher un mouillage sous le vent de Mowée, auprès de l'île Morokinne. Voyage de La Pérouse,t. 2, 1797, p. 110.
SCULPT. ,,Amener progressivement un ouvrage à fin, par le travail qu'on fait avec divers outils sur le bloc dégrossi.`` (Mots rares 1965) :
5. Les sculpteurs, après avoir dégrossi une figure en marbre ou en pierre dure, l'approchent à la pointe et au ciseau, c'est-à-dire se servent d'outils plus déliés pour la finir. Jossier1881.
P. ext., VÉN. [L'obj. désigne des chiens de meute] Approcher la bête. ,,Rejoindre une bête forlongée``. (Remig. 1963).
c) Approcher qqn.Avoir accès auprès de lui, le rencontrer, lui parler :
6. Chaque jour, dans la société, l'on essayait d'en convaincre ceux qui pouvaient se faire écouter à la cour; mais, comme l'étiquette, qui ne règne qu'en France, ne permet pas d'approcher le monarque, et que la gravité ministérielle, autre inconséquence pour les temps actuels, éloignait des chefs de l'état ceux qui auraient pu leur apprendre ce qui se passait, une imprévoyance sans exemple a perdu la patrie. Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 2, 1817, p. 236.
7. On l'avait sacrée sur-le-champ grande tragédienne, espérance de l'art français. Gens de lettres et de théâtre, journalistes et mondains, c'était depuis quinze jours à qui approcherait la célébrité nouvelle, forcerait l'intimité réservée de sa vie. De Vogüé, Les Morts qui parlent,1899, p. 151.
2. [Le suj. et l'obj. désignent des animaux] S'accoupler avec la femelle. Ce taureau avait approché déjà plusieurs vaches. (Lar. 19e).
B.− Emplois trans. ind. Approcher de...
1. [Le suj. désigne des pers.] .
a) Vieilli. [L'obj. désigne un lieu ou une pers. se trouvant en un certain lieu] Venir près de quelque chose ou de quelqu'un, s'avancer auprès de quelqu'un ou de quelque chose. Synon. plus cour. s'approcher de (infra II) :
8. On n'approche qu'en tremblant des despotes de l'Orient et de leurs ministres; on n'est admis à leur cour que lorsqu'on y porte des présens. Dupuis, Abr. de l'orig. de tous les cultes,1796, p. 418.
9. Il ne tarda pas à être informé du peu d'ordre qui régnait dans le camp des Neustriens, et du peu de soin avec lequel on y faisait la garde, soit de jour, soit de nuit. Sur cet avis, il prit ses mesures pour approcher le plus près possible de l'armée assiégeante, sans lui inspirer assez de crainte pour qu'elle devînt plus attentive; ... Thierry, Récits des temps mérovingiens,t. 2, 1840, p. 344.
Approcher des autels, de la Sainte table. Aller communier.
Rem. Pour l'emploi abs. (infra II).
b) P. ext., cour.
Être sur le point d'arriver en un lieu :
10. L'aspect du pays différait essentiellement de celui des terres qui environnent réellement cette capitale, que je n'ai jamais vue; et toutes les fois que j'ai rêvé qu'étant en voyage, j'approchais de cette ville, j'ai toujours trouvé le pays tel que je l'avais rêvé la première fois, et non pas tel que je le sais être. Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 202.
11. « Hep! » lança encore Bernis : à deux longueurs de bras cet homme était inaccessible. Renonçant à communiquer il se retourna vers l'avant. « Je dois approcher du cap Guir, mais je veux bien que l'on me pende... Ça va très mal. » Il réfléchit : « je dois être un peu trop en mer. » Saint-Exupéry, Courrier Sud,1928, p. 56.
[L'obj. désigne un moment du temps] Être sur le point de l'atteindre :
12. Nous approchions du jour des morts, époque à laquelle j'ai coutume d'aller me recueillir quelques heures près de ces monumens placés sur les limites des deux mondes, comme dit éloquemment l'auteur des Études de la nature. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 356.
13. « Bonjour, monsieur le menuisier. » Sabot, désorienté, ne trouvait plus rien. Après un silence, il dit cependant : « vous faites des préparatifs? » L'abbé Maritime répondit : « oui, nous approchions du mois de Marie. » Sabot, encore, prononça : « voilà, voilà », puis se tut. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, La Confession de Théodule Sabot, 1883, p. 37.
En partic. Être sur le point d'atteindre un certain âge (indiqué de façon approximative) :
14. Il parlait un peu dans le même ton que l'Agent général mais des yeux pâles comme ceux d'Alcide, il avait. Il devait approcher de la trentaine, et barbu... Céline, Voyage au bout de la nuit,1932, p. 205.
c) Au fig.
Littér. Être près d'atteindre... (une certaine valeur, un idéal ...) :
15. ... quelle plus grande preuve de modestie puis-je donner que de brûler un ouvrage qui m'a coûté des années de travail? Et quel plus grand hommage peut recevoir de moi l'admirable modèle dont je ne puis jamais approcher? Florian, Fables,1792, p. 16.
16. C'est à Jersey pourtant, nerveux qui chicanions au bord de l'Océan, que j'approchai le plus d'un état héroïque. Je tendais à me dégager de moi-même. L'amour de Dieu soulevait ma poitrine. Barrès, Un Homme libre,1889, p. 17.
Cour. Approcher du but. Être près d'atteindre l'objectif que l'on s'est fixé. Approcher de la vérité, de la perfection, de l'héroïsme ...
2. [Le suj. désigne des êtres ou des choses]
a) Vieilli. Ressembler à..., avoir des points communs avec... :
17. Les didelphes approchent aussi beaucoup de l'homme par leurs pieds de derrière, mais ils manquent de toutes les autres conditions. Cuvier, Leçons d'anat. comp.,t. 1, 1805, p. 474.
b) Égaler (ou presque) :
18. Mais rien n'approchait des magnificences accumulées dans la forteresse. Barrès, Un Jardin sur l'Oronte,1922, p. 15.
II.− Emplois vivants
A.− Emploi pronom. S'approcher de...
1. [Le suj. désigne des pers.] Venir près de..., aller se placer près de quelqu'un ou de quelque chose :
19. Cependant le paria sortit avec une torche à la main, une charge de bois sec sur son dos, et un panier plein de cocos et de bananes sous son bras; il s'approcha des gens de la suite du docteur, qui étaient à quelque distance de là sous un arbre, ... Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 95.
20. − Monsieur Fauchery, est-ce que vous n'avez pas publié un portrait de Monsieur de Bismarck? ... Vous lui avez parlé? Il se leva vivement, s'approcha du cercle des dames, tâchant de se remettre, trouvant d'ailleurs une réponse avec une aisance parfaite. Zola, Nana,1880, p. 1150.
21. Justin referma la porte, s'approcha du lit, et regarda son frère. Arland, L'Ordre,1929, p. 494.
S'approcher de l'autel. [Le suj. désigne un prêtre] Aller célébrer un office.
S'approcher de l'autel, des sacrements. [Le suj. désigne un fidèle] Aller communier :
22. Jusqu'ici, j'ai pu marcher seul, sans une aide terrestre, sans un conseil; j'ai pu me convertir, sans l'appui de personne, mais aujourd'hui, je ne puis plus faire un pas sans avoir un guide. Je ne puis m'approcher de l'autel, sans le secours d'un truchement, sans le renfort d'un prêtre. Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 69.
23. ... mais, Monsieur l'Abbé, quand même je fréquenterais ce sanctuaire et suivrais les offices des autres églises, alors que les tentations m'assaillent; quand même je me confesserais et m'approcherais des sacrements, à quoi cela m'avancerait-il? Huysmans, En route,t. 1, 1895p. 119.
En emploi abs. :
24. Mais le commandant Lavigne apparut sur le seuil de la maison forestière. Il venait d'arrêter son plan d'attaque. Il commanda d'une voix vibrante : « le zingueur Planchut et ses ouvriers! » Trois hommes s'approchèrent. Maupassant, Contes et nouvelles,t. 2, Les Prisonniers, 1884, p. 287.
Rem. Pour l'emploi intrans., de même sens (infra B 1).
25. Un bruit de pas dans l'escalier et que je perçus tout furtif, tout léger, avec une émotion suprême, me fit interrompre mon calcul. Ces pas s'approchaient. Ils s'arrêtèrent devant ma porte. Brusquement cette porte s'ouvrit. Charlotte était devant moi. Bourget, Le Disciple,1889, p. 191.
26. Je m'approchai avec ravissement; cela dépassait encore tout ce que mon imagination avait pu concevoir de plus délicieux. Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 78.
2. [Le suj. désigne un moment du temps] Être proche, être imminent :
27. Le temps était à l'orage, et la nuit s'approchait; il demanda à la passer dans un des logements de la pagode; mais on lui refusa d'y coucher, à cause qu'il était frangui. Bernardin de Saint-Pierre, La Chaumière indienne,1791, p. 89.
Rem. Pour l'emploi intrans., plus cour. ds ce sens (infra B 1).
B.− Emploi intrans. Approcher.
1. [Le suj. désigne une pers., p. méton. des pas ...] Avancer, venir plus près (de quelqu'un) :
28. Soldats de Château-Vieux, approchez, venez guider nos efforts victorieux ... Où êtes-vous? ... Hélas! On arracheroit plutôt sa proie à la mort, qu'au despotisme ses victimes! Robespierre, Discours,Sur la guerre, t. 8, 1793, p. 107.
29. J'approchai. Je ne pouvais rien dire, ne sachant pas un mot de leur langue; elle me parla, je ne l'entendis point. Courier, Lettres de France et d'Italie,1809, p. 803.
30. Une averse tomba. Deux sergents de ville approchaient, et il dut quitter le coin de la porte où il s'était réfugié. Zola, Nana,1880, p. 1279.
31. Les rêves font entendre de ces pas lourds qui approchent et qui pensent, nous donnent une démarche plus légère que le vol, combinent ce poids de statue et l'aisance des plongeurs sous l'eau. Cocteau, Les Enfants terribles,1929, p. 148.
2. [Le suj. désigne un moment du temps] Être proche, imminent :
32. Je vis approcher la nuit avec une sorte de terreur dont je ne pouvois me rendre raison. Mmede Genlis, Les Chevaliers du Cygne,t. 2, 1795, p. 115.
33. ... l'heure de la vengeance approchoit. Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 131.
34. Cependant l'équinoxe approchait; c'était la pleine lune, le moment des grandes marées. Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 244.
35. Cependant, le bienheureux jour approchait, ces demoiselles ne tarissaient plus, racontaient des préparatifs de toilette, comme si elles partaient pour un voyage de six mois; tandis que Denise devait les entendre, pâle et silencieuse dans son abandon. Zola, Au Bonheur des dames,1883, p. 521.
36. Il [Thiers] avait vu approcher la guerre avec la Prusse mais conseillé de l'éviter parce que la France n'était pas prête. Bainville, Histoire de France,t. 2, 1924, p. 222.
Rem. Lorsque le verbe est à l'inf. derrière un semi-auxiliaire du type faire, laisser, voir, etc. (ex. 32 et 36), la forme intrans. est plus usuelle que la forme pronom.
3. MARINE :
37. On dit du vent qu'il approche, lorsque, changeant de direction, il devient moins favorable à la route que doit faire le navire. Approcher et refuser sont deux termes à peu près équivalents. Jal1848.
DÉR.
Approchage, subst. masc.Fait d'apporter des matériaux jusqu'à leur destination. (1905, J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines, p. 676; suff. -age*).
PRONONC. ET ORTH. [apʀ ɔ ʃe], j'approche [ʒapʀ ɔ ʃ]. Enq. : /apʀoʃ/. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. aprocher (cf. les mots de la même famille).
ÉTYMOL. ET HIST. A.− Intrans. et pronom. 1. a) ca 1100 aproecier « venir près de, s'avancer vers qqn ou qqc. » (Roland, 2800 ds Gdf. Compl. : En cest pais nus sunt tant aproeciet); ca 1175 aprocher (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. Foerster, 4877 ds T.-L.); 1773 spéc. mar. le vent approche (Bourdé de Villehuet, Manuel des marins, Paris); b) ca 1170-71 pronom. (Chr. de Troyes, Cligès, éd. W. Foerster, 2695); spéc. 1691 mar. s'approcher du vent (Ozanam, Dict. mathématique, Paris); 2. 1130-40 abs. aprucher « être imminent, sur le point d'arriver » (Wace, Conception ND, Brit. Mus. Add. 15606, fo58dds Gdf. Compl. : La feste es juis apruchot); ca 1170-71 aprocher (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. Foerster, 6237); 3. p. ext. 1532 intrans. approcher a « être proche de, avoir du rapport avec » (Rabelais, Gargantua, I : Prologue de l'auteur ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 501 : Si le croyez, vous n'approchez ne de pieds, ne de mains à mon opinion); 1533 approcher de (P. Belon, Observations de plusieurs singularitez de divers pays estranges, I, 8, ibid., p. 504a s.v. approchant). B.− Trans. 1. ca 1165-70 aprochier « venir près de qqn ou de qqc. » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, éd. Foerster, 1517-19 : Tant ont ansamble chevauchié Qu'endroit midi ont approchié Le Chastel de Caradigan); ca 1172-75 aprocher (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. Foerster, 883); 1647 spéc. « aborder, fréquenter » (Vaugelas, Remarques sur la langue française ds Rich. 1680); 1771 zool. (Trév.); 2. a) 1491-98 « mettre plus près (qqn) » (Commines, Mém., liv. II, c. 3 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 495 : ... Et me semble que l'ung des plus grans sens que puisse monstrer ung seigneur c'est d'accointer, et approcher de luy gens vertueux et honnestes); ,,vieilli`` d'apr. DG 1900; b) 1606 « id. (qqc.) » (Nicot); 1650-51 « mettre ensemble par la pensée » (P. Corneille, Nicomède, Aux lecteurs ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 494 : J'ai approché de cette histoire celle de la mort d'Annibal, qui arriva un peu auparavant); av. 1704 p. ext. « tendre à rendre égal » (Boss., Serm. pour la fête des saints anges gard. ds Rob. : ... ne devons-nous pas reconnaître qu'il y a quelque chose en l'homme qui l'approche de ces esprits immortels); c) 1690 sculp. approcher à la pointe (Fur.); 1751 man. (Encyclop.). Empr. au b. lat. appropriare (class. appropinquare dont est seulement issu l'a. prov. aprobencar, Rayn.) fréquent en lat. eccl., attesté au sens A 1 « s'approcher » (d'une chose), Vulg., Luc. 12, 33 ds TLL s.v., 316, 29; (d'une personne) Itala, Luc, 22, 47, ibid., 316, 20; au sens A 2 (en parlant du temps) Vulg., I Macc. 9, 10, ibid., 316, 43; cf. lat. médiév. synon. de imminere 1085-92 Epistolae ad Wratislawum, II, 9 ds Mittellat. W. s.v., 812, 42; A 3 lat. médiév. xies. Vita sive gesta Servatii, 8, p. 29, 5, ibid., 818, 46.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 9 275. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 13 051, b) 13 170; xxes. : a) 13 860, b) 12 911.
BBG. − Bruant 1901. − Canada 1930. − Chesn. 1857. − Clédat (L.). Près de et approcher de. R. de philol. fr. et de litt. 1926-29, t. 39/41, pp. 140-141. − Dubsky (O.). Aproismier, approchier à et de. Casopis pro moderni filologii a literatura. 1927, t. 13, pp. 261-263. − Dul. 1968. − Jal 1848. − Jossier 1881. − Lal. 1968. − Mots rares 1965. − Noter-Léc. 1912. − Pierreh. Suppl. 1926. − Remig. 1964. − Will. 1831.