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ANTIPHRASE, subst. fém.
RHÉT. Figure par laquelle, par crainte, scrupule ou ironie, on emploie un mot, un nom propre, une phrase, une locution, avec l'intention d'exprimer le contraire de ce que l'on a dit :
1. On y comparait, entre autres choses, les furies avec les sorcières, et on disait que les furies s'appelaient Euménides, c'est-à-dire douces et bienfaisantes, ce qui prouvait, ajoutait-on, qu'elles n'étaient que médiocrement difformes, par conséquent à peine grotesques. Il nous étonnait que l'auteur pût ignorer que l'antiphrase est au nombre des tropes, bien que Sanctius ne veuille pas l'admettre. Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,1836, p. 662.
Péjoratif :
2. Et ce ne sera pas ces constructeurs de phrases Qui viendront nous donner notre baiser de paix. Et ce ne sera pas ces faiseurs d'antiphrases Qui viendront nous chercher sous des ombres épaisses. Et ce ne sera pas leurs molles paraphrases Qui viendront découper le genre et les espèces. Et ce ne sera pas leurs sottes périphrases Qui viendront nous chercher sous les ormes épais. Péguy, Ève,1913, p. 920.
Rem. En termes de rhét., l'antiphrase est le procédé classique de l'ironie (Morier 1961 le donne même comme synon). On peut aussi rapprocher l'antiphrase de l'euphémisme qui s'exprime parfois par antiphrase.
Par antiphrase :
3. L'on a parfois appelé le xixesiècle, siècle de la critique. Par antiphrase, sans doute : c'est le siècle où tout bon critique méconnaît les écrivains de son temps. Paulhan, Les Fleurs de Tarbes,1941, p. 19.
PRONONC. : [ɑ ̃tifʀ ɑ:z]. DG transcrit la syllabe finale avec [a:] ant. long.
ÉTYMOL. ET HIST. − Début xives. antifrasin rhét. « emploi d'un mot, d'une loc. dans un sens contraire au sens véritable » (Ovide mor., Comment. Copenhague, t. 5, p. 420 ds IGLF : Elles [les trois furies] estoient nommées par antifrasin parces, pour ce que a nullui n'espargnoient); 1546 antiphrase (Rab., Tiers liv., ch. 50 ds Gdf. Compl. : Les aultres [plantes] ont leur nom par antiphrase et contrarieté). Empr. au b. lat. des grammairiens antiphrasis acc. antiphrasin « id. » (Charisius, Gramm. I, 276, 13 ds TLL s.v., 173, 15) lui-même empr. au gr. α ̓ ν τ ι ́ φ ρ α σ ι ς « désignation par le contraire », employé par les rhéteurs grecs (Bailly).
STAT. − Fréq. abs. littér. : 20.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bonnaire 1835. − Bouillet 1859. − Dagn. 1965. − Dem. 1802. − Gramm. t. 1 1789. − Mar. Lex. 1933. − Mar. Lex. 1961 [1951]. − Morier 1961. − Noter-Léc. 1912. − Spr. 1967. − Springh. 1962. − Tournemille (J.). L'Antiphrase. Vie Lang. 1963, no137, pp. 404-405.