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ANTIENNE, subst. fém.
A.− MUS. RELIG. (liturg. cath.).
1. MUS. ANC. Chant exécuté par deux chœurs se répondant alternativement (cf. antiphonie A) :
1. Dans la poésie chantée pendant une cérémonie religieuse, cette division [en deux camps qui alternent] produit l'antiphonie, ou antienne, le partage en deux chœurs ... J. Combarieu, La Mus.,1910, p. 151.
2. LITURG. MOD.
a) Verset qui introduit ou suit la mélodie psalmodique ou un cantique. Synon. antiphone;on peut aussi doubler l'antienne, c'est-à-dire la répéter après le psaume; on la chante alors en entier :
2. Je sortais des chœurs et des motets de notre chapelle, et, dans le nombre de nos morceaux à effet, ceux qu'on chantait pendant le salut du Saint Sacrement, il se trouvait bien des antiennes vocalisées dans le goût rococo de la musique sacrée du dernier siècle... G. Sand, Histoire de ma vie,t. 3, 1855, p. 256.
3. ... ces vêpres de férie étaient une surprise. On les récitait si rarement! L'on n'entendait plus le « Dixit Dominus Domino meo » et les psaumes rebattus du dimanche. Ils changeaient, sans doubler l'antienne, chaque jour; et, le lundi, l'on pouvait enfin écouter le magnifique « in exitu Israel de Ægypto » que l'on ne chante presque jamais dans la liturgie bénédictine. Les Vêpres de saint Benoît ramenaient la monnaie courante des psaumes, mais leur inintérêt était sauvé par de splendides antiennes, celle de Sexte surtout, le « Gloriosus Confessor Domini ». Huysmans, L'Oblat,t. 2, 1903, p. 41.
Imposer l'antienne. L'annoncer :
4. Un choriste annonce l'antienne à un membre du clergé, en prononçant ou en chantant à voix basse les premiers mots; c'est ce qu'on appelle imposer l'antienne. Celui qui a reçu cette annonce entonne l'antienne à haute voix ... Bach.-Dez.1882.
Rem. Dans la liturg. de la messe cath. élaborée après le Concile Vatican II, l'antienne est réduite à une antienne d'entrée qui se lit à l'ouverture de la célébration de la messe lorsqu'il n'y a pas de chant d'entrée. Elle varie selon le Propre de chaque office.
b) Hymne en l'honneur de la Vierge Marie, chantée à complies et suivie d'un verset, d'un répons et d'une oraison :
5. Jehan, allez tous les soirs à la chapelle et chantez-y une antienne avec verset et oraison à madame la glorieuse Vierge Marie. Hugo, Notre-Dame de Paris,1832, p. 453.
Grandes Antiennes. ,,Compositions beaucoup plus longues, alternées entre les chœurs, mais sans psaume.`` (M. Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus., 1926) :
6. Les premières tentatives de monothéisme, (...), ont eu comme centre le culte solaire : Aton en Égypte, le Sol Invictus de l'Empire romain. Le christianisme garde encore des traces de ces croyances. Le Christ est appelé soleil de justice, et dans l'une des Grandes Antiennes que l'Église catholique chante avant Noël : Oriens, c'est-à-dire : soleil levant. G. Le Scouezec, Les Arts divinatoires majeurs,1964, p. 210.
SYNT. Annoncer, attaquer, chanter, doubler, entonner, réciter, l'antienne; recueil d'antiennes (voir antiphonaire).
B.− P. ext., fam. Refrain, propos que l'on ressasse :
7. − Justement! supplia MlleChantal, suivez-moi au moins jusqu'à la lisière du parc. Nous traverserons le pré ensemble, le pré seulement, je vous jure! Vous ferez ensuite ce que vous voudrez. − Taratata! Je connais l'antienne... Croyez-vous qu'à mon âge je puisse aller seule par les champs? Je suis folle, ma belle, folle à lier. Bernanos, La Joie,1929, p. 607.
Annoncer, chanter une triste, une fâcheuse antienne (cf. Ac. 1835-1932). Annoncer une mauvaise nouvelle :
8. Vous me chantez là, Monsieur Cocatrix, une mauvaise antienne. Hugo (Lar. 19e,1866).
Chanter toujours la même antienne (Ac. 1835-1932). Répéter toujours la même chose.
SYNT. Rabâcher, répéter, seriner, siffler l'antienne.
C.− Au fig. (souvent en poésie). Chanter l'antienne. [Le suj. est un inanimé abstr.] :
9. [Ces fleurs du souvenir,] C'est le parfum de l'heure ancienne Où la nôtre [notre âme] chantait l'antienne Des fugitives voluptés! X. Privas, Chansons vécues,1903, p. 48.
Entonner l'antienne (de qqc.). Faire l'éloge, la louange (de cette chose) :
10. Je veux bien, après tout, entonner aussi l'antienne du goût français, à condition qu'il ne serve pas à déguiser sous son pseudonyme le faux goût romain... C. Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 36.
PRONONC. : [ɑ ̃tjεn]. Enq. : /ɑ ̃tjen/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Liturg. cath. « hymne chantée à deux chœurs se répondant » a) 2emoitié xiies. antevene (Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, 240, 15 : il ... comenzat l'antevene disanz : Aoureiz a moi les portes de justice, et ge entreiz en eles loerai lo sanior ... [antiphonam ipse ... imposuit dicens ...]); 1195-1200 antenes (Renart, éd. M. Roques, branches X-XI. 12314); ca 1215 anteffle (Pean Gatineau, St Martin, éd. W. Söderhjelm, 4727 ds T.-L.); 1382 antoine (Testament ds Du Cange s.v. antiphona, 301c); b) 1195-1200 antiene (Renart, éd. Roques, branches X-XI, 12325); 1210-1230 antievre (Le Clerc, Joies N. D., éd. R. Reinsch, 775 ds T.-L.); mil. xiiies. entievene (Ph. Mousket, Chron., éd. Reiffenberg, 30.640, ibid.), sens attesté jusqu'à Trév. 1771, signalé comme ancien par Littré et DG; 2. 1694 liturg. cath. (Ac. : Antienne. Sorte de verset qui se chante ordinairement dans l'office ecclésiastique avant un psaume ou un cantique et qui se répête encore après); 1665 fig. (La Fontaine, Contes, IV, 11 ds Dict. hist. Ac. fr. t. 3, p. 284a : ... Dieu et raison Vous recommandent cette antienne); 1835 (Ac. : Chanter toujours la même antienne). 1 a du lat. chrét. antĭphŏna (attesté au même sens dep. Peregrinatio Aetheriae [Silviae] dans TLL s.v., 173, 2); a. fr. anteiv(e)ne, antev(e)ne > antoine; anteffle par maintien sav. du [f]; 1 b du lat. *antĕphŏna (réfection de antĭphŏna d'apr. ante), cf. forme antefana attestée par Grég. de Tours (TLL loc. cit., 173, 1) : *antephona > *antiev(e)ne, *antiefne > antienne; la forme antievre est issue de antievne; Fouché p. 612; la forme antifone, xves., Gdf., est tout à fait sav.; sens 2 p. ext.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 92.
BBG. − Archéol. chrét. 1924. − Bach.-Dez. 1882. − Bouillet 1859. − Candé 1961. − Foi t. 1 1968. − Rog. 1965, p. 101. − Spitzer (L.). Anglo-French etymologies. Mod. Lang. Notes. 1945 t. 60, pp. 515-518.