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ANAPESTE, subst. masc.
A.− VERSIF. ANTIQUE
1. Pied de trois syllabes, deux brèves suivies d'une longue, particulièrement utilisé dans les marches guerrières ou funèbres de la comédie antique. Anton. dactyle :
1. ... Jehan cacha sa tête dans ses mains, comme une femme qui sanglote, et s'écria avec une expression de désespoir : ο τ ο τ ο τ ο τ ο τ ο ι ̃! − Qu'est-ce que cela veut dire, Monsieur? demanda Claude surpris de cette incartade. − Eh bien quoi! dit l'écolier, et il relevait sur Claude des yeux effrontés dans lesquels il venait d'enfoncer ses poings pour leur donner la rougeur des larmes, c'est du grec! C'est un anapeste d'Eschyles qui exprime parfaitement la douleur. V. Hugo, Notre Dame de Paris,1842, p. 317.
Rem. 1. L'ex. d'anapeste cité ci-dessus est fantaisiste; il s'agirait plutôt d'un tribraque (trois brèves) suivi d'un anapeste (cf. note dans l'éd. citée de M.-F. Guyard). 2. Parfois appelé antidactyle (donné comme synon. ds Lar. 19e, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill.).
2. P. ext. Parabase (en raison du rythme employé dans ce discours du coryphée au public, cf. Lar. 19e, Bach.-Dez. 1882, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop., Quillet 1965) ou, plus gén., poésie comportant des anapestes (cf. supra A 1 et Rob.) :
2. Quel écrivain s'est jamais élevé plus haut qu'Aristophane dans ce terrible drame des Chevaliers où paraît le peuple athénien lui-même personnifié dans un vieillard? Quoi de plus sérieux, quoi de plus imposant que les anapestes où le poète gourmande le public, et que ce chœur qui commence ainsi : « Maintenant, Athéniens, prêtez-nous votre attention, si vous aimez un langage sincère. » A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet,1836, p. 663.
B.− P. anal.
1. VERSIF. FR. Groupe de deux syllabes faiblement accentuées suivies d'une syllabe fortement accentuée :
3. Attendons enfin que les philosophes de la poésie-raison nous expliquent, d'abord, pourquoi le vers de Malherbe, Et les fruits passeront la promesse des fleurs est un des quatre ou cinq miracles de la poésie française, ensuite, comme il se fait qu'on ne puisse toucher à la moindre lettre de ce vers sans le dégrader tout entier. Ajoutez le poids d'un flocon de neige au troisième de ces divins anapestes : Et les fruits passeront « les » promesses des fleurs, le vase est brisé. H. Bremond, La Poésie pure,1926, p. 21.
4. Évidemment tout vers français vraiment vivant respire et comporte une possibilité de scansion; mais il reste là de l'arbitraire et le poète reste libre de placer les accents où il veut. Évidemment tel alexandrin comme Le jour n'est pas plus pur que le fond de mon cœur se décompose aisément en trois ïambes et deux anapestes. Mais quel mauvais acteur serait celui qui ferait sentir ces fortes et ces faibles! (...) Enfin, s'il est fort bien de parler de l'accentuation indispensable des vers français, il faut pourtant reconnaître que ceux-ci se moquent des dactyles, anapestes, spondées, etc.; qu'on ne peut baser sur leur scansion aucune règle; et qu'il en est de glorieux qui s'élancent en rupture de toute métrique. A. Gide, Journal,1934, p. 1201 et 1203.
2. MUS. Succession de deux notes brèves et d'une note longue :
5. ... nous retrouvons le vers grec dans la plupart des rythmes que nous employons [en musique], ainsi que le montre ce tableau [suite] : 4 Temps
Spondée
Dactyle
Anapeste
Procéleusmatique (Double Pyrrhique)
Amphibraque
M. Dupré, Traité d'improvisation à l'orgue,1925, p. 34.
6. ... l'anapeste s'oppose au dactyle (...) de même le trochée à l'iambe ... T. Reinach, La Musique grecque,1926, p. 80.
7. 47. Règles concernant l'écriture des parties libres [de la Fugue]. a) (...) b) Au point de vue mélodique : 1o(...) 6oÉviter le rythme du vers grec appelé l'« anapeste », formé de deux brèves et une longue (...) lorsque la dernière note n'est pas liée. M. Dupré, Cours complet de fugue,1936, p. 33.
Rem. gramm. Anapeste s'emploie adjectivement comme synon. de anapestique selon Lar. 19e, Nouv. Lar. ill., Lar. encyclop.
Prononc. : [anapεst].
Étymol. ET HIST. − 1. xvies. prosodie antique « pied formé de deux brèves suivies d'une longue » (Ronsard, VII, 338, Bibl. elz. ds Gdf. Compl. : La vertu du pied anapeste); d'où par synecdoque 1836-1837 « poésie comportant des anapestes » (A. de Musset, Lettres de Dupuis et Cotonet, p. 663); p. ext. 1866 (Lar. 19e: Le mot anapeste était souvent employé comme synonyme de parabase pour désigner l'intermède de la vieille comédie grecque); 2. p. anal. a) 1926 versif. fr. (H. Bremond, La Poésie pure, p. 21); b) 1925 mus. (M. Dupré, Traité d'improvisation à l'orgue, p. 34). Empr. au lat. anapaestus, au sens 1, dep. Cicéron, De orat., 3, 185 ds TLL s.v., 17, 40 : post anapaestus procerior quidam numerus; du gr. α ̓ ν α ́ π α ι σ τ ο ς « frappé à rebours » d'où Aristote, Poet. 12, 00 τ ο ́ α ̓ ν α ́ π α ι σ τ ο ν [s.e. μ ε ́ τ ρ ο ν] « vers anapestique » ds Bailly; le lat. utilise aussi le neutre anapestum, Cicéron, Orat. 190, ds TLL s.v., 17, 24 : elegit ex multis Isocratis libris triginta fortasse versus Hieronymus ... plerosque senarios, sed etiam anapaesta.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 5.
BBG. − Bach.-Dez. 1882. − Bél. 1957. − Boiss.8. − Bouillet 1859. − Dem. 1802. − Prév. 1755. − Springh. 1962.