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AGACERIE, subst. fém.
A.− Fam. [En parlant d'une femme ou de l'amour]
1. Gén. au plur. Manières (paroles, regards, etc.) tendant à plaire ou à séduire en se répétant :
1. ... la cour ressemble à une courtisane qui, après avoir excité par ses agaceries les sentimens qu'elle vouloit inspirer, les enflamme par une résistance simulée. M. de Robespierre, Discours,Sur la guerre, t. 8, 1792, p. 141.
2. ... les femmes le lorgnaient et lui faisaient des agaceries; car la réputation de duelliste était alors surtout un moyen certain de toucher leur cœur. P. Mérimée, Chronique du règne de Charles IX,1829, p. 134.
3. ... Vainement notre belle, L'ayant revu depuis dans le monde, faisait Tout ce qu'une coquette en pareil cas peut faire Pour en grossir sa cour : − chose extraordinaire! Rien ne put entamer ce cœur de diamant. Coups d'œil sous l'éventail, soupirs, minauderies, Aveux à mots couverts, vives agaceries, − Elle échoua totalement! T. Gautier, Albertus,1833, p. 154.
4. Tout-à-coup j'entends des éclats de rire, résonnant dans la caverne; j'y porte mes regards, et je vois un jeune garçon sautant du sein de la mère vers le père, du père vers la mère; les badinages, les cajoleries, les agaceries du fol amour m'étourdirent. G. de Nerval, Le Second Faust,1840, p. 257.
5. On trouve au théâtre de beaux yeux, des joues fraîches, de jolies tailles; on plaque dessus un échafaudage de cheveux et de robes de six mètres. Mais que faire dire à cette poupée? Des mièvreries d'enfant gâté, des affectations de petite fille, des agaceries de grisette, par-ci, par-là, une gentillesse de bon petit cœur ou une sentimentalité d'album. Au delà, rien. H. Taine, Notes sur Paris,Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, p. 201.
6. Elle était frivole, elle aimait la société, elle avait plaisir à être courtisée, même par des sots; elle était assez coquette, sauf avec Christophe, − même avec Christophe. Lorsqu'il était tendre avec elle, elle était volontiers froide et réservée. Lorsqu'il était froid et réservé, elle se faisait tendre et elle lui adressait d'affectueuses agaceries. La plus honnête des femmes. Mais dans la plus honnête, il y a par moments, une fille. R. Rolland, Jean-Christophe,La Nouvelle journée, 1912, p. 1512.
Au fig. :
7. ... les petites phrases que les violons jettent sur l'harmonie, comme autant d'agaceries charmantes... H. Berlioz, À travers chants,1862, p. 32.
2. Au sing., rare
a) Comportement, manège galant.
Au fig. :
8. Il était très-lié avec Madame de Staël, dont il n'aimait pas les principes, dont il plaisantait l'enthousiasme, mais dont il adorait la bonté. Leur correspondance était fréquente et bizarre. C'était l'agacerie charmante de l'esprit et du génie. C'était la religion gracieuse et tolérante jetant un peu de poussière aux ailes de la philosophie, mais sans vouloir les souiller. C'était le badinage courtois de la poésie et de la prose. Elles se faisaient briller en luttant. A. de Lamartine, Les Confidences,Graziella, 1849, p. 331.
b) P. méton. Charme propre à ce type de comportement :
9. Les trois autres [jeunes filles], moins timides, nous l'avons dit, étaient décolletées tout net, ce qui, l'été, sous des chapeaux couverts de fleurs, a beaucoup de grâce et d'agacerie; mais, à côté de ces ajustements hardis, le canezou de la blonde Fantine, avec ses transparences, ses indiscrétions et ses réticences, cachant et montrant à la fois, semblait une trouvaille provocante de la décence, et la fameuse cour d'amour, présidée par la vicomtesse de Cette aux yeux vert de mer, eût peut-être donné le prix de la coquetterie à ce canezou qui concourait pour la chasteté. V. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 161.
B.− Synon. vieilli de agacement :
10. ... dans les maladies de foie, et surtout dans celles dont la cause vient de grands chagrins éprouvés, le patient arrive, après ses emportements, à des affaiblissements d'autant plus dangereux, qu'il est soumis à une diète sévère. C'est une sorte de fièvre qui agite le mécanisme humoristique de l'homme, car cette fièvre n'est ni dans le sang, ni dans le cerveau. Cette agacerie de tout l'être produit une mélancolie où le malade se prend lui-même en haine. Dans une situation pareille, tout cause une irritation dangereuse. H. de Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 217.
Au fig. :
11. Que vient faire dans ce monde de finesse et de ténuité infinie ce vulgaire bon sens avec ses lourdes allures, sa grosse voix et son rire satisfait? Je n'y comprends rien est sa dernière et souveraine condamnation, et combien il est facile à la prononcer! le ton suffisant qu'il se permet vis-à-vis des résultats de la science et de la réflexion est une des plus sensibles agaceries que rencontre le penseur. Elle le fait sortir de ses gonds, et, s'il n'est très intimement philosophe, il ne peut s'empêcher de concevoir quelque sentiment d'humeur contre ceux qui abusent ainsi de leur privilège contre sa délicate et faible voix. On n'est donc jamais recevable à en appeler de la science au bon sens, puisque la science n'est que le bon sens éclairé et s'exerçant en connaissance de cause. E. Renan, L'Avenir de la science,1890, pp. 76-77.
Rem. Assoc. paradigm. Synon. avance, badinage, coquetterie, excitation, minauderie, provocation.
Prononc. : [agasʀi]. Enq. : /agasʀi/.
Étymol. ET HIST. − 1689 agacerie « manières ou paroles par lesquelles on cherche à attirer l'attention » (Mmede Sévigné, Lettres, 1eravril 1689, ds Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884 : Je serai ravie que M. de Grignan réponde de sa propre main à votre belle-sœur : elle m'écrit mille douceurs et mille agaceries pour lui; c'est, dit-elle, un penchant qu'elle combat inutilement; enfin, il faut un peu badiner avec elle, c'est le tour de son esprit). Dér. (sur le modèle de coquetterie) du verbe agacer* au sens de « chercher à attirer l'attention de quelqu'un par quelque coquetterie »; suff. -erie*.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 94.
BBG. − Bél. 1957. − Le Roux 1752. − Thomas 1956 (s.v. agacement).