Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
AFFLICTION, subst. fém.
A.− Souvent au plur. Épreuve qui cause une profonde douleur :
1. La liberté dont je suis privé a grandi dans mon imagination : elle me ressemble comme une sœur. Si le privilège d'être aimé m'a été retiré, c'est avec les couleurs d'un désir intact que ma pensée me représente la créature à qui tant d'infortune me reprend. Si une telle affliction ne m'a pas réduit au désespoir, c'est que ma voix m'est restée. J. Bousquet, Traduit du silence,1935-1936, p. 80.
2. Et même, lui qui s'était trouvé incapable de secourir le malheur qui l'entourait, il fut saisi d'une fièvre intrépide à la pensée de combattre les grandes afflictions ravageant le monde. G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 459.
En partic., dans le domaine relig.Épreuve douloureuse envoyée par Dieu. Les afflictions qu'il plaît à Dieu de nous envoyer. (Ac. 1798-1932) :
3. Ô Mathilde! De quoi te plains-tu? Ne sais-tu pas ce qui t'attend? Pour des épreuves de peu de jours, des afflictions de quelques heures, des misères qui passent ne sais-tu pas ce que Dieu t'a promis? MmeCottin, Mathilde,t. 2, 1805, p. 353.
4. Vous êtes ma nièce, ma chère fille, et je voudrais vous donner, plus qu'à pas une autre, une parole de soulagement. Mais il n'appartient pas à une créature de donner du soulagement dans une affliction; c'est un office que Dieu a retenu pour soi seul. Et quel besoin de soulagement? Vous souffrez et vous avez l'amour de Dieu. Vous avez tout. H. de Montherlant, Port-Royal,1954, p. 1003.
Rem. Syntagme d'orig. biblique le pain de l'affliction. La douleur qui est le lot d'ici-bas (génitif hébraïque). Cf. dans le psaume 42, verset 4, l'expr. manger le pain des larmes, au sens de « être dans l'épreuve » (cf. Dheilly 1964, s.v. pain).
B.− Douleur profonde, généralement durable, accompagnée d'un abattement de l'esprit causé par un événement malheureux :
5. Mais ces traités et cette soumission à l'ennemi du royaume jetaient dans une profonde affliction beaucoup de gens, même parmi ceux qui étaient attachés au duc de Bourgogne. P. de Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-1824, p. 306.
6. Ici l'homme cache aux autres ses propres tumultes, dans le dessein de les apaiser. Il se renferme, non pour tromper, mais pour ne pas se tromper. La toge couvrait même le visage, dans les grandes afflictions. On cite le trait sublime de ce peintre ancien qui ne sut représenter la douleur d'un père que par une figure ainsi voilée. Alain, Système des beaux-arts,1920, pp. 227-228.
En partic., dans un contexte relig. Douleur profonde causée par une épreuve envoyée par Dieu :
7. la foi. − Tous les maux sont légers si tu songes qu'il les commande et qu'il a ordonné que tu les éprouves. l'espérance. − Mais l'affliction est suivie de la joie, la douleur aura sa récompense. antoine. − L'affliction me débordait et j'étais écrasé par la douleur. la charité. − Tu souffrais pour toi seul; le Christ, lui, a souffert pour les autres. Que n'immolais-tu ta souffrance dans la pensée des siennes? Ton supplice t'eût paru doux à la tendre recordation du calvaire. G. Flaubert, La Tentation de saint Antoine,1849, pp. 331-332.
8. Devant les tribulations, le chrétien − qui est encore dans le monde! − ressent de l'« affliction ». Il sait qu'elle est passagère (Ap. 21.4; 22.12), mais que pour le moment elle fait intimement partie de son existence de chrétien. Allmen1956, s.v. persécuter.
Rem. Syntagmes rencontrés : grande, extrême affliction, affliction mortelle (Ac. 1798-1932); profonde affliction, plonger dans l'affliction, être dans l'affliction (Rob.).
P. méton.
1. Dans un cont. relig.Personne plongée dans l'affliction :
9. Mon ami, tant que nous n'aurons pas pour le bien ces mêmes élancements de cœur et cette même vélocité de pieds que nous avions dans le mal, tant qu'à la première annonce d'un frère inconnu souffrant, d'une affliction à visiter, d'une misère à adoucir, nous ne courrons pas ainsi par les rues, murmurant, chemin faisant, des projets d'amour, laissant déborder des paroles de miséricorde, de manière que les passants se retournent et nous jugent insensés, nous ne serons pas des hommes selon la sublime folie de la Croix, des convertis selon le Christ de Dieu. Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, pp. 135-136.
2. ICONOLOGIE. ,,Femme assise, la tête penchée, le visage empreint de douleur, le front rétréci, les sourcils baissés, les yeux obscurcis, les joues affaissées.`` (Besch. 1845).
Prononc. ET ORTH. : [afliksjɔ ̃]. − Enq. : /afliksiɔ ̃/. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 propose la graph. afliction avec un seul f.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1040 « état de celui qui est frappé de coups douloureux au physique et au moral » (Alexis, st. 72eds Gdf. Compl. : Metent lur cors en granz afflictiuns); le sens purement phys. disparaît apr. Trév. 1752; 2. 1174 « humiliation » (Thom. Cantorb., p. 65, v. 26 ds Gdf. Compl. : Venge le sanc des tuens, Deus, qui est espanduz, E les afflictiuns, dunt numbres n'est ouz). Empr. au lat. chrét. afflictio « état de celui qui est plongé dans le malheur » (Vulg. Gen., 31, 42 ds TLL s.v., 1230, 64 : afflictionem meam et laborem manuum mearum respexit deus).
STAT. − Fréq. abs. litt. : 368. Fréq. rel. litt. : xixes. : a) 996, b) 539; xxes. : a) 417, b) 174.
BBG. − Allmen 1956. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Boiss.8. − Bonnaire 1835. − Daire 1759. − Dup. 1961. − Fér. 1768. − Gramm. t. 1 1789. − Guizot 1864. − Laf. 1878. − Sardou 1877. − Sommer 1882. − Synon. 1818.