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AFFECTIONNER, verbe trans.
I.− Vx. Attacher, s'attacher par le cœur.
A.− Emploi trans. [Le suj. est un inanimé] Affectionner qqn à qqn ou à qqc.Attacher quelqu'un (par le cœur) à quelqu'un ou à quelque chose :
1. Il semblait que mes paroles lui eussent enlevé le fruit de ses constants efforts à écarter de mes jeunes ans jusqu'à l'ombre de l'humiliation, et qu'atterré sous cette révélation soudaine, il déplorât avec une poignante amertume le sort d'un jeune homme auquel son humanité, et cette tendresse qui naît de la pratique des vertus difficiles, l'avaient affectionné dès longtemps. R. Toepffer, Nouvelles genevoises,1839, p. 40.
B.− Emploi pronom.
1. Réfl. indir. S'affectionner qqn.S'attacher quelqu'un (par le cœur). ,,S'affectionner des commis, des domestiques`` (Lar. 19e). ,,Gagner leur affection.`` (Lar. 19e).
2. Réfl. dir. S'affectionner à qqn ou à qqc.S'attacher (par le cœur) à quelqu'un ou à quelque chose :
2. Chaque auteur a son dictionnaire et sa manière. Il s'affectionne à des mots d'un certain son, d'une certaine couleur, d'une certaine forme, et à des tournures de style, à des coupes de phrase où l'on reconnaît sa main, et dont il s'est fait une habitude. Il a, en quelque sorte, sa grammaire particulière, sa prononciation, son genre, ses tics et ses manies. J. Joubert, Pensées,t. 2, 1824, pp. 61-62.
II.− Vx. [Le suj. désigne un inanimé] Affecter, toucher quelqu'un. Affectionner qqn :
3. ... je fus frappé d'un chapitre qui traitait à fond des amitiés, de celles prétendues solides, et de celles prétendues innocentes. À propos des dernières, des amitiés sensibles, qui font une impression si particulière sur le cœur, qui le touchent et qui l'affectionnent sans mesure, je lisais avec étonnement comme en un miroir ouvert devant moi... Ch.-A. Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 48.
III.− Éprouver, témoigner, marquer une grande prédilection pour quelqu'un ou quelque chose.
A.− [Le suj. désigne une pers.]
1. [L'obj. désigne une pers.] :
4. ... M. d'Aligre avait une fille, héritière immense : il vint à la pensée de l'Empereur de la marier à M. de Caulaincourt, duc de Vicence. L'Empereur l'affectionnait beaucoup, on le regardait comme une espèce de favori; ses qualités personnelles non moins que ses emplois en faisaient un des premiers personnages de l'Empire. E.-D. de Las Cases, Le Mémorial de Sainte-Hélène,t. 1, 1823, p. 841.
5. M. Homais le considérait pour son instruction; Madame Homais l'affectionnait pour sa complaisance, ... G. Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 98.
6. Petit Pierre est là avec nous. Il affectionne beaucoup, lui, cette chaumière, et cette vieille grand'mère, qui le gâte avec adoration. Il aime surtout la petite corbeille de chêne, œuvre d'un autre siècle, dans laquelle on l'avait mis quand il est né. P. Loti, Mon frère Yves,1883, p. 417.
Rem. Dans l'ex. 6, les compl. sont successivement un inanimé, puis un animé.
Emploi réciproque. ,,Ces deux frères s'affectionnent beaucoup.`` (Lar. 19e).
2. [L'obj. est un inanimé concr. ou abstr.] :
7. Il empruntait à Stephen sa démarche, sa mise, ses idées, ses inflexions de voix et jusqu'à ces tournures de phrases et ces mots que l'on affectionne sans le savoir et dont on se sert habituellement. A. Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 274.
8. ... il avait de l'excellent vin d'Arbois, et une de ses plaisanteries affectionnées était de gueuler que c'était un vin qu'il aimait, parce qu'il lui rappelait l'archevêque de ce nom, qui avait été fusillé par le peuple! E. et J. de Goncourt, Journal,févr. 1885, p. 420.
9. Vers le début du siècle, alors même qu'il commençait de monopoliser les fonctions para-scientifiques, M. Larminat avait jugé qu'il n'était pas trop tard pour se choisir un personnage, un type physique, une silhouette. Il avait, ingénument, choisi le propre type de Pasteur, mort depuis quelques années. Il avait taillé sa barbe en carré, laissé pendre sa moustache, adopté les lunettes étroites à grêle monture métallique. Il affectionnait les cols droits, ouverts et cassés, nouait largement sous son menton une cravate de satin noir et portait en évidence une grosse rosette de la Légion d'honneur. G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Combat contre les ombres, 1939, p. 17.
10. Jeannie Simon prépare le pâté de prunes qu'affectionne le grand-oncle et une douzaine de fromages en jonc. H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 235.
11. ... elle se bornait à me regarder sans détourner les yeux et ce ton distrait, léger, que j'affectionnais pour parler, me devenait difficile à garder. F. Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 156.
B.− [Le suj. et l'obj. sont des inanimés] :
12. ... dans la Borde de Magdebourg à l'ouest de l'Elbe, les villages se distribuent, semblables entre eux, comme sur un échiquier, à faible distance les uns des autres. La régularité de leur répartition est moins apparente en Champagne, où ils se serrent le long des rivières, sur le plateau lorrain où ils affectionnent les dépressions, dans le Soissonnais où ils sont au bord des plateaux calcaires. P. Vidal de La Blanche, Principes de géographie humaine,1921, p. 181.
Prononc. ET ORTH. : [afεksjɔne], j'affectionne [ʒafεksjɔn]. Besch. 1845 note la 2esyllabe avec [e] fermé. − Rem. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit affectionner ou afectioner avec un seul f et n. Enq. : /afeksio2n/. Conjug. parler.
Étymol. ET HIST. − xives. affectionné à « (d'une personne) attaché à (qqn) » (Chron. de Flandre ds Delb. Rec. ds DG : Affectionnés au roy d'Angleterre), vieilli; 1580 emploi pronom. s'affectionner à « concevoir de l'affection pour (qqn) » (Montaigne, I, 4 ds Gdf. Compl. : Ceux qui s'affectionnent aux guenons et petits chiens). Dér. de affection*; dés. -er.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 166.
BBG. − Bailly (R.) 1969 [1946]. − Bar 1960. − Bél. 1957. − Bénac 1956. − Bruant 1901. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 18, 19. − Dup. 1961. − Guizot 1864. − Hanse 1949. − Laf. 1878. − Thomas 1956.