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ABOUTISSEMENT, subst. masc.
Action d'aboutir; résultat de cette action.
A.− [Gén. au plur.] Extrémité, endroit où quelque chose, notamment un chemin, aboutit :
1. Et ma mère? J'aurais surtout souhaité sa présence à elle; mais je la savais sortie dehors, dans ces rues longues dont je ne me représentais pas bien les extrémités, les aboutissements lointains. P. Loti, Le Roman d'un enfant,1890, p. 8.
P. ext. [Sing. ou plur.] Obj. situé à l'extrémité, extrémité d'un obj.
COUTURE :
2. Aboutissement. Pièce ajoutée à une autre trop courte. C.-M. Gattel, Nouveau dictionnaire portatif de la langue française,1797.
MAR. Extrémité d'une pièce de bois, logée dans une entaille :
3. ... on dispose tout autour du pont [d'un navire] en abord une série de pièces de bois travaillées suivant le contour du bordé. Ces pièces (...), reçoivent dans des entailles les aboutissements des autres bordages. A. Croneau, Construction pratique des navires de guerre, t. 1, 1892, p. 362-63.
B.− Terme auquel on aboutit, avec ou sans effort.
1. [En parlant d'un inanimé] Résultat normal, attendu, d'un processus, avec, plus ou moins clairement suggérée, une idée d'accomplissement, de perfection, de réussite :
4. Un livre ou un tableau était pour l'adepte de l'antique psychologie l'effet d'une cause individuelle. Un analyste de l'école de M. Taine aperçoit dans cet effet, comme dans tout autre, l'aboutissement d'une série de causes partielles qui, elles-mêmes, sont des effets par rapport à d'autres causes dominatrices, et ainsi de suite indéfiniment. P. Bourget, Essais de psychologie contemporaine,t. 1, 1883, p. 176.
5. Tout corps constitue le terme final d'un ensemble de séries convergentes, leur aboutissement commun qui ne saurait manquer. P. Claudel, Art poétique,1907, p. 157.
6. Par quelle suite d'acquisitions et de perfectionnements, mêlés de pertes à certains égards, l'organisme humain était-il entré en possession de ces précieux avantages? À l'anthropologie de le rechercher. Nous ne pouvons ici que jeter un regard furtif sur ces questions d'origine. Ce n'est pas le début, mais l'aboutissement d'une longue évolution antérieure qui correspond au moment où l'homme s'est répandu sur la terre. P. Vidal de La Blache, Principes de géographie humaine,1921, p. 26.
7. Ce paganisme par où s'achève, se couronne le culte barrésien de la terre et des morts, est l'aboutissement logique de l'individualiste dont les prières veulent garder l'absolue variété des styles, la manifestation dernière du dilettante pour qui l'homme religieux est celui qui sait trouver en tout le divin. H. Massis, Jugements,t. 1, 1923, p. 249.
8. Après un temps de surprise, le silence finit par être accepté par tous comme l'aboutissement nécessaire d'une introspection creusée jusqu'au sacrifice total, jusqu'à l'absorption du regardé par le regardant. G. Bernanos, L'Imposture,1927, p. 427.
9. Son existence n'a été qu'une longue et spasmodique soumission à une orientation mystérieuse, à un enchaînement fatal. Et maintenant, c'est l'aboutissement, l'apothéose. Sa mort resplendit devant lui, semblable à ce coucher de soleil glorieux. R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 717.
10. ... Félix Gaillard, en tant que chef du gouvernement, prit la décision, confirmée plus tard et fortement appuyée par le général de Gaulle, de construire et d'expérimenter en 1960 la bombe au plutonium, devenue ainsi un des aboutissements du plan quinquennal dont il avait lui-même doté le C. E. A. six ans auparavant. B. Goldschmidt, L'Aventure atomique, ses aspects politiques et techniques,1962, p. 117.
2. [En parlant d'une pers., de ses activités, de ses projets, etc.] Le fait d'obtenir un résultat; succès d'une entr. :
11. Ce qui m'arrive? L'aboutissement, à peu près assuré maintenant, d'un projet dont je t'avais parlé dès l'automne dernier en termes voilés. J'avais introduit une demande pour un poste à la société des nations. Je commençais à perdre tout espoir. Et voilà qu'on me fait signe. J'ai tout lieu de croire que l'affaire est dans le sac. J. Romains, Les Hommes de bonne volonté,La Douceur de la vie, 1939, p. 246.
12. Elle se déclare [la Fédération des Fonctionnaires] contre toute réglementation du droit de grève et estime que l'unité d'action est indispensable à l'aboutissement des revendications ouvrières. L'Humanité,19 janv. 1952, p. 5, col. 3.
3. MÉD. Commencement de la suppuration d'un abcès. ,,Ce mot a vieilli, et ne se dit plus guère que d'une tumeur qui vient à suppuration.`` (Besch. 1845).
Stylistique 1. A 2 ainsi que B 3, correspondent à des emplois techn. de faible vitalité. Ex. d'utilisation comme terme de crit. litt. : 13. Par grand souci de faire court (toujours, et depuis mon enfance, la crainte de ne pas être écouté jusqu'au bout) je ne présente, à l'ordinaire, que des aboutissements de pensées. Comprenne qui peut ou qui veut. A. Gide, Journal, 1946, p. 290. Dans l'ex. suiv. aboutissement est voisin de aboutissant « moyen d'aboutir à, de pénétrer jusqu'à » : 14. Les feuilletons du Matin, Gill égal x, Higgins and Co, ne donnent qu'une faible idée, Monsieur Langlois, des aboutissements que j'ai dans tous les mondes. Ch. Péguy, L'Argent, t. 2, 1913, p. 1150. 2. B 1 est de vitalité assez forte. Il indique un résultat voulu (cf. ex. 11) ou simplement constaté (cf. ex. 4, 6, 7, 8, etc.). Cf. aussi l'emploi suiv. où le mot désigne la conséquence log. implicite d'une idée : 15. ... car l'ordre de saint Benoît, à l'encontre de beaucoup d'autres, admet les artistes; sa règle est formelle sur ce point; et d'ailleurs, cette œuvre serait le prolongement logique de ses offices, l'aboutissement de sa théorie du luxe pour Dieu, la fleur, si l'on peut dire, de ses tiges de prières, de ses touffes d'oraisons. J.-K. Huysmans, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 146. Sa coloration est gén. méliorative, aboutissement contenant une idée d'épanouissement, de couronnement, de plénitude (autre synon. apothéose). Cf. ex. 9, et aussi : 16. Ce qui partout ailleurs est la rude montée N'est ici que descente et qu'aboutissement. Ch. Péguy, La Tapisserie de Notre-Dame, 1913, p. 690. où aboutissement suggère, par oppos. à rude montée, l'idée du but auquel on parvient sans effort. 3. L'emploi B 2 est d'apparition plus récente que le précédent, mais de vitalité plus faible. Appartenant à un niveau de lang. plutôt recherchée, il indique un succès voulu.
Prononc. : [abutismɑ ̃].
ÉTYMOLOGIE I.− 1265 « action de pousser qqn à faire une chose jusqu'à ce qu'elle aboutisse » terme jur. (Cart. Namur, Confirm. d'un traité ds Gdf. : Et leur requier ke et chascuns d'eaus me destraignent de plain, sans alonge de plait, a tenir ceste convenance devant expressee par escumeniement de ma persone et par metre ma terre en entredit, si je aloie, par moi ne par autrui abouticement, contre la convenance devant expressee). II.− 1. 1539 « confin, limite (d'une terre) » terme jur. (Estienne, Dict. fr.-lat. : aboutissement de terres, confinium); 2. 1575 « extrémité (de l'omoplate) », texte méd. (Paré, XIV, II ds Littré : l'acromium qui est partie et aboutissement de son espine). Dér. du thème du part. prés. de aboutir* aux sens I et II; suff. -ement*. HIST. − Les interférences que l'on constate au Moy. Âge entre les sens de abouter et de aboutir se retrouvent au niveau de leurs dér. about, aboutement, aboutissant et aboutissement. Dans ces 4 mots on retrouve le sens de « limite » : aboutement au xives., about au xvies., aboutissant et aboutissement dep. le xvies. (cf. les expr. tenants et abouts que l'on rencontre au Moy. Âge et tenants et aboutissants cour. dep. le xvies.). On remarque qu'au Moy. Âge about et aboutement occupent une place très importante (surtout about, cf. Gdf.). Mais de même que aboutir l'a emporté sur abouter, aboutissant et aboutissement surtout prennent, à partir du xvies., une importance de plus en plus grande tandis que about et aboutement ne conservent plus qu'une place restreinte dans certains domaines techn. I.− Disparitions av. 1789. − « Action de pousser qqn à faire qqc. », attest. isolée 1265 (cf. étymol. I). II.− Hist. des sens attestés apr. 1789. − A.− « Confin, limite (d'une terre) ». Attesté comme terme jur. de 1539 (cf. étymol. II) à Cotgr. 1611. Dès le xvies. il passe dans la lang. cour. avec le sens d'« extrémité » : 1. « Endroit où qqc. aboutit », attesté en 1575 (cf. étymol. II), disparaît de la docum. du xviieau xixes., reparaît ds DG, et subsiste (cf. sém. A 1). 2. « Pièce ajoutée à une autre trop courte » (sém. A 2), 1reattest. ds Fur. 1690, encore signalée par Quillet 1946, ne semble pas attesté apr. cette date. B.− « Commencement de la suppuration » (sém. B 3), attesté dep. Ac. 1718, subsiste. C.− « Résultat; le fait d'obtenir un résultat, succès », semble apparaître ds Cotgr. 1611, n'est plus attesté du xviieau xixes. mais reparaît ds Littré et subsiste.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 178.
BBG. − Nysten 1814-20.