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ABERRANT, ANTE, adj.
A.− PHILOS. Qui s'écarte de la norme attendue, qui va contre la logique ou la vérité :
1. ... j'imagine des objets ou des personnes dont la présence ici n'est pas incompatible avec le contexte, et pourtant ils ne se mêlent pas au monde, ils sont en avant du monde, sur le théâtre de l'imaginaire. Si la réalité de ma perception n'était fondée que sur la cohérance intrinsèque des « représentations », elle devrait être toujours hésitante, et, livré à mes conjectures probables, je devrais à chaque moment défaire des synthèses illusoires et réintégrer au réel des phénomènes aberrants que j'en aurais d'abord exclus. Il n'en est rien. Le réel est un tissu solide, il n'attend pas nos jugements pour s'annexer les phénomènes les plus surprenants ni pour rejeter nos imaginations les plus vraisemblables. M. Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception,1945, p. V.
2. ... nous disposons de ces raisons de l'âme par où s'exprime l'accord profond d'un homme avec des vérités qui le dépassent. Elles se heurtaient chez beaucoup à ce faux réalisme court de vues, plus aberrant que toute chimère, qui prétend ne se fonder que sur les données de l'instant. F. Ambrière, Les Grandes vacances,1946, p. 121.
3. Or en remontant aux premières attitudes émotionnelles on est conduit à contester que l'émotion soit une conscience qui se comprenne par elle-même et qui réalise un brouillage du monde de l'action dans un sens magique, c'est-à-dire finalement aberrant. P. Ricœur, Philosophie de la volonté,1949, p. 251.
Rem. Dans la lang. parlée, on rencontre la tournure exclam. : Mais c'est aberrant! C'est de la folie!
B.− Emplois sc. et techn.
1. BIOL. [En parlant d'individus envisagés par rapport à l'espèce] Qui présente des caractères non conformes à la norme biol. attendue :
4. D'après M. et MmeMagrou, des œufs d'oursin, après avoir été exposés au rayonnement de certaines cultures bactériennes (bacterium tumefaciens), se développent d'une façon irrégulière et donnent naissance à des larves aberrantes, opaques et globuleuses, très différentes des larves normales, transparentes et élancées. J. Rostand, La Vie et ses problèmes,1939, p. 82.
5. Il est possible (encore que peu probable) que ces particules énormes ne forment plus aujourd'hui dans la nature qu'un groupe exceptionnel et relativement restreint. Mais, si rares qu'on les suppose, si modifiées même qu'on les imagine par association secondaire avec les tissus vivants qu'elles parasitent, il n'y a aucune raison pour en faire des êtres monstrueux ou aberrants. Tout porte au contraire à les regarder comme représentant, fût-ce à l'état de survivance et de résidu, un étage particulier dans les constructions de la matière terrestre. P. Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955, p. 85.
6. Regardés d'abord comme des êtres singuliers et aberrants, étroitement confinés en Afrique du Sud, ils [les théromorphes] sont maintenant définitivement identifiés comme représentant, à eux seuls, un stade complet et particulier de la vie vertébrée continentale. P. Teilhard de Chardin, Le Phénomène humain,1955p. 138.
P. ext. [Dans le domaine psychique, en parlant d'écarts par rapport à la norme] :
7. Toute l'histoire humaine, en tant qu'elle manifeste la pensée, n'aura peut-être été que l'effet d'une sorte de crise, d'une poussée aberrante, comparable à quelqu'une de ces brusques variations qui s'observent dans la nature et qui disparaissent aussi bizarrement qu'elles sont venues. Il y eut des espèces instables, et des monstruosités de dimensions, de puissance, de complication, qui n'ont pas duré. Qui sait si toute notre culture n'est pas une hypertrophie, un écart, ... P. Valéry, Variété 3,1936, p. 263.
2. LING. ,,Une forme aberrante est celle qui par quelque particularité se distingue des formes avec lesquelles elle se groupe d'ordinaire; ...`` (Mar. Lex. 1951, p. 11).
Prononc. : [abε ʀ ɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Cf. aberration (prononc. et orth.) au suj. du timbre du ε et de la gémination du r. Enq. : /aberɑ ̃, -t/.
Étymol. − 1842, Ac. Compl. : Aberrant, -ante, adj. (néol.). Qui s'écarte, qui erre. Part. prés. adjectivé de aberrer*. HIST. − Néol. apparu en 1842, cf. étymol. et aussi : Ce mot est d'une invention assez heureuse; il dit plus que le mot errant. Celui-ci signifie : qui marche çà et là, à l'aventure, tandis que aberrant indique en outre, le point de départ, ab- de. Besch. 1845. Attesté aussi, et toujours sans ex., ds Lar. 19e. 1erex. d'auteur ds Littré Suppl. qui le donne comme didactique (c.-à.-d. scientifique) : Les cas pathologiques ou aberrants ne font pas même exception; et on ne vit jamais sans un chef, au moins temporaire, ni une horde de brigands, ni une bande d'émeutiers, pas plus qu'un orchestre ou une troupe d'opéra. Guarin de Vitry, La Philos. posit., t. XVI, p. 400. Plus précisément le mot appartiendra au vocab. de la biologie (section tératologie) et à la ling. (1reattest. dans la docum. disponible, respectivement 1936 et 1961). Au début du xxes. le mot est passé dans la lang. commune (domaine intellectuel ou moral, 1reattest. 1901 ds Claudel, La ville, p. 489) où il est très usité. Pour tous ces emplois, cf. sém. A et B.
STAT. − Fréq. abs. litt. : 55.
BBG. − Garnier-Del. 1961 [1958]. − Littré-Robin 1865. − Mar. Lex. 1961. − Séguy 1967. − Springh. 1962.