VUE, subst. fém.
Étymol. et Hist. I. A. 1. Ca 1100 « sens par lequel on perçoit la lumière » (
Roland, éd. J. Bédier, 2012); spéc. 1812
seconde vue « faculté de voir des choses qui se passent au loin » (
Mozin-
Biber);
2. a) déb.
xiies.
veuthes (
Benoît de Ste-
Maure,
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 213);
b) 1155 « portée et acuité du sens de la vision » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 9227); 1552
tout d'une vue « d'un seul et même regard » (R.
Est.,
Dictionarium Latino gallicum d'apr.
FEW t. 14, p. 425a); 1671
hors la vue (
Pomey);
3. a) 2
emoit.
xiiies. « organes permettant de voir » (
1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, 7787: le front ot haut et la
veüe Enfossee et la face oissue);
b) α) 1615
donner dans la veuë de « éblouir par un vif éclat » (V.
d'Audiguier,
Histoire Trage-Comique, p. 325);
β) 1916 arg.
en foutre plein la vue (
Barbusse,
Feu, p. 338);
γ) 1919 cycl.
mettre dans la vue (
Vélo-Sport, 16 juill. ds
Quem. DDL t. 10);
4. 1225-50 « fait de regarder, d'avoir sous les yeux » (
Lancelot du Lac, éd. E. Kennedy, p. 290, 16); 1283 dr.
jour de veue (
Philippe de Beaumanoir,
Coutume de Beauvaisis, éd. Am. Salmon, § 276);
a) 1585
a la veuë des hommes « en public » (N.
Du Fail,
Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 229); 1615
a la veuë de tout le monde (A.
de Montchrestien,
Traicté Œconomie Politique, p. 348);
b) 1636
à la premiere vue « au premier coup d'œil » (
Monet);
5. 1485 « manière dont le regard saisit un objet regardé » (
Mistere Vieil Testament, 43607, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 315); 1538
de vue « par la vue » (
Est.); 1676
payable à vue (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p. 340); 1679
garder à vue (J.-F.
de Retz,
Mémoires, t. 4, p. 464); 1690 c
hasser à vue (
Fur.).
B. 1. 1
remoit.
xiies. « ce qu'on perçoit » (
Lapidaires anglo-norm., éd. Studer-Evans, III
c, V, 9, p. 141); 1370
mettre en la veue de « mettre sous les yeux de » (texte ds
Du Cange,
s.v. visus, p. 358a);
2. a) 1461 « spectacle qu'une chose offre à l'œil » (
Jean de Bueil,
Jouvencel, éd. L. Lecestre, t. 1, p. 189);
α) 1552
en vue « être à la portée du regard » (R.
Est.,
loc. cit.); 1637
en veüe de + nom de lieu (N.
de Peiresc,
Lettres, t. 4, p. 86);
β) 1585
a veue de pays « sans entrer dans les détails » (N.
Du Fail,
op. cit., t. 2, p. 216);
b) 1681 relig. « la vue de Dieu, état des bienheureux qui voient Dieu » (
Bossuet,
Histoire univ., II, 6, p. 286);
3. a) 1634 « tableau, dessin qui représente un site » (N.
de Peiresc,
op. cit., t. 3, p. 113);
b) 1678
veue d'oiseau « vue perspective du lieu exécutée par un dessinateur placé soit dans la plaine, soit sur un lieu fort élevé » (
Lubin ds F.
de Dainville,
Le Langage des géographes [
1500-1800], p. 48);
4. 1763 vén. (
Le Verrier de La Conterie,
L'École de la chasse aux chiens courants d'apr.
FEW t. 14, p. 425a).
C. 1. a) 1438 « ouverture dans un bâtiment » (
Comptes Manoir de Rouen, 188 ds
IGLF);
b) 1707 « ouverture d'une maison par laquelle on voit les lieux voisins » (
Lesage,
Diable boiteux, 9 ds
Littré);
2. 1451 « fente de la visière d'un casque » (A.
d'Agnel,
Comptes du Roi René, t. 1, p. 361 ds
IGLF).
II. A. 1580 « image, représentation mentale » (
Montaigne,
Essais, I, 4, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 22);
id. à nostre veüe (
Id.,
ibid., I, 35, p. 223).
B. 1665
en vue de + subst. « de manière à rendre possible une chose » (J.-F.
de Retz,
Conjuration comte de Fiesque, p. 551); 1672
en vue de + inf. « afin de » (M
mede Sévigné,
op. cit., t. 1, p. 422);
C. 1676 « action d'envisager » (
Id.,
ibid., p. 471); 1679
avoir des vues pour qqc. (J.-F.
de Retz,
Mémoires, t. 4, p. 426). Part. passé fém. subst. de
voir*.