VOILE2, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1155
veilles « morceau de forte toile attaché aux vergues des mâts d'un navire » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 5113);
ca 1160
voilles (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 202); 1176
la voile tendue (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 250); 1463
grant voille (
Arch. Nord, B 3537, 125759 ds
IGLF); 1687
la grand' voile, les basses voiles (Abbé F. T.
Choisy,
Journal du Voyage du Siam, p. 128 et p. 159);
2. loc.
a) 1204
a plainne voille (
Guiot,
Bible, éd. J. Orr, 2363); 1555
mettre la voile au vent (
Ronsard,
Odes, éd. P. Laumonier, t. 7, p. 61); 1559
faire grande voile ou petite « porter toutes ses voiles ou une partie » (
Id.,
Suite de l'hymne du Cardinal de Lorraine, 83, t. 9, p. 149); 1559
se mettre à la voile (
Amyot,
Périclès, éd. L. Clément, p. 57); 1678
se tenir sous voiles (
Guillet 3
epart., p. 342); 1678
forcer de voiles (
ibid., p. 343); 1773
avoir toutes voiles dehors (
Bern. de St-P.,
Voyage à l'Île de France, p. 25);
b) 1306
faire voile « naviguer » (
Joinville,
Vie de Saint Louis, éd. N.-L. Corbett,127); 1572
faire voile à (
Ronsard,
La Franciade, I, 1117, éd. P. Laumonier, t. 16, p. 85); 1615
faire voile en (A.
de Montchrestien,
Traicté Œconomie Politique, p. 285); 1726
faire voile vers (Abbé J. J.
Barthelemy,
Voyage du Jeune Anacharsis, p. 443); 1727
faire voile pour (A. M.
Ramsay,
Les Voyages de Cyrus, p. 170);
3. loc. fig. 1559
aller à pleines voiles « aller vite » (
Amyot,
Caton, 7 ds
Littré: son intention estoit d'aller à pleines
voiles, en manière de parler); 1609
à pleines voiles « sans restriction » (
Malherbes,
Poésies, éd. L. Lalanne, t. 1, p. 117: quand la faveur à pleines
voiles, Toujours compagne de vos pas); 1652
mettre voile au vent « s'enfuir » (
Corneille,
D. Bertran de Cigarral, V, 6); 1831
mettre toutes voiles dehors (
Balzac,
Corresp., p. 503); 1858
faire force de voiles pour que... (
Hugo,
Corresp., p. 279); 1900
mettre les voiles (d'apr.
Chautard Vie étrange Argot); 1916
avoir du vent dans les voiles (
Barbusse,
Feu, p. 262: il évoque la vision de la nuit où l'on est monté aux tranchées [...] y en avait du vent dans les
voiles cette nuit là); 1925
se sentir du vent dans les voiles « se mouvoir avec rapidité » (
Pourrat,
Gaspard, p. 67).
B. 1369 p. méton. « voilier » (
Guillaume de Machaut,
La Prise d'Alexandrie, éd. L. de Mas-Latrie, 2435).
C. 1. 1797 « voyage sur un bateau à voiles » (
Voy. La Pérouse, t. 4, p. 157: aucun voyage n'a été aussi vaste. Nous avons déjà passé un an sous
voile); 1848
un jour de voile (
Chateaubr.,
Mém., t. 1, p. 478);
2. 1855 sports (
Le Sport, 12 avr. ds
Petiot 1982: l'élite des régatiers à la
voile).
D. 1864
vol à voile « navigation aérienne », v.
vol1. Du lat. pop. *
vela « voile », plur. neutre pris pour un subst. fém. sing. de
velum « voile de navire » (ordinairement utilisé au plur.
vela,
-orum). On rencontre en a. fr. le subst. masc.
veil, issu directement du lat.
velum: déb.
xiies.,
Benoît de Saint-
Maure,
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 209.