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TRUC1, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. A. 1. a) xiiies. « ruse » (Gautier de Coincy, Mir. N.-D., éd. V.-F. Koenig, II Mir 21, t. 4, p. 363, vers 595, var. de trut ms. Bibl. nat. fr. 25532 et ms. Soissons, fo204a ds Gdf. Compl. et II Ch. 7, t. 3, p. 298, vers 25); 1440-42 faire le trucq « amadouer par des cajoleries » (Martin le Franc, Le Champion des Dames, éd. Don Arthur Fisher, 1985, p. 174, vers 3342), attest. isolées; b) 1789 « procédé, stratagème pour tromper les gens » (Av. de J. Sharp ds Larchey, Excentr. lang., p. 290); 2. a) 1803 (Boiste: Truc [...] secret, manière de faire); b) 1847 théâtre « procédé de machinerie et de décor pour créer une illusion, effet spécial » (Dict. de la conversation et de la lecture, t. 61 [= Suppl. t. 9], p. 39, s.v. féeries); c) 1859 « recette, procédé de composition d'un écrivain » (Larch., p. 114); d) 1867 « secret d'un tour d'adresse » débiner le truc (Delvau). B. 1. 1876 « racolage, prostitution » (Richepin, Chanson des gueux, p. 187 ds Sain. Lang. par., p. 235); 2. peut-être déjà 1536 (Roger de Collerye, Le Monologue du Résolu, v. 1 ds Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 59: Qu'y [en amours] vault le songier? pas le truc. Tant au soir, la nuyt, qu'au desjuc, Prompt, prest, preux d'attendre le choc) [truc « rien » ou « acte amoureux réel » sens obscène de coup p. oppos. au songer? cf. trutage associé avec rivage « coït » en 1596 (Vie généreuse des mercelets, gueuz et boesmiens ds J. Cellard, Anthologie de la litt. arg., Paris, 1985, p. 45)] 1896 « acte vénérien » (Verlaine, Deux mots d'une fille ds Œuvres en prose complètes, Paris, éd. J. Borel, 1972, p. 169); 3. a) 1886 « chose dont on ne trouve pas le nom exact, machin » (Courteline, Gaîtés esc., III, 3, p. 48); b) 1939 spéc. à la place d'un nom ou dans un nom de pers. (Fargue, loc. cit., supra rem.). II. 1. Mil. xvies. interj. d'indignation ou de mépris corresp. à l'a. et m. fr. trut [trout, tproupt, trut interj., prob. d'orig. onomat. v. T.-L., s.v. trout et trut jusque 1611, Cotgr., s.v. trut] (Moralité des enfants de maintenant ds Anc. Théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t. 3, p. 32); 2. 1598 « bruit fait avec les lèvres pour encourager les chevaux » (L'Escuirie du S. Frederic Grison, 19 ds Fonds Barbier). III. 1. 1588 « jeu de cartes » [où l'on frappe sur la table en abattant une carte] (Dict. des rimes françoises par Jean Le Fevre, augm. et corr. par Des Accords, fo219 vo; cf. aussi Sonnet amphibologique ds E. Tabourot des Accords, Bigarrures, éd. 1588, p. 81 [tru ds l'éd. de 1584 selon M. Psichari, Les Jeux de Gargantua ds R. Ét. rab. t. 6, p 172, l'archer tru chez Rabelais et le trut ds J. de La Forge, La Joueuse dupée, 1664, v. M. Psichari, loc. cit.; v. aussi A. d'Aubigné, Œuvres, éd. H. Weber, Paris, 1969, p. 813, note 3]); 2. 1611 « coup, heurt » (Cotgr.), cf. aussi « coup, occasion » je vous grupperay au truc « je vous attraperai au passage » (ibid.); 3. 1630 « sorte de billard » (C. Mydorge, Exam. du Livre des recreat. mathem., 162 ds Fonds Barbier). Déverbal, surtout att. en domaine occit. dep. le Moy. Âge (cf. a. prov. truc « choc » hapax ds far truc a alcun « se heurter au combat à quelqu'un » ds Œuvres de Bertran de Born, éd. G. Goniran, 40a et 22 et anc. dial. landais d'apr. FEW t. 13, 2, p. 327a; cf. aussi le gasc. truc « coup, horion » ds Rabelais, Tiers-Livre, chap. 42, éd. M. A. Screech, p. 289), de l'a. prov. trucar « frapper, cogner, heurter contre » (fin xiiies. ds Levy Prov. t. 8) dont l'aire s'étend aussi (sous les formes turcquer, trucher, truquer) à toute la partie Sud du domaine d'oïl (v. FEW t. 13, 2, p. 326a) et auquel corresp. le cat. trucar « donner des coups » ainsi que différentes formes dial. d'Italie avec l'ital. truccare (v. DEI et FEW t. 13, 2, p. 329a). L'a. prov. trucar représente un b. lat. *trudicare dér. de trudere « frapper, heurter ». L'hyp. d'une orig. germ. apparentant trucar à l'a. h. all. drucken « presser » (DIEZ, p. 332; EWFS2) est peu probable. À l'ital. truccare, DEI rattache trucco désignant une sorte de jeu de billard et qui pourrait être à l'orig. de l'empl. noté en III 3. I est énigmatique. On n'en note que qq. attest. sporadiques au Moy. Âge et chez Gautier de Coincy où truc est difficile à distinguer de trut (que FEW t. 22, p. 140b considère comme issu de truc p. assim. du c au t init.). Le terme mod., att. dès la fin du xviiies., est difficile à rattacher aux sens de III (le sémantisme de « coup » est trop vague). Une infl. de trucher « pratiquer la fausse mendicité » (v. truquer étymol.) n'est peut-être pas à exclure, le passage du sémantisme de « frapper » à celui de « tromper en mendiant » pouvant s'expliquer par le fait que le mendiant frappe à toutes les portes, d'où truche « mendicité frauduleuse » (1628, Le Jargon de l'argot réformé ds Sain. Sources Arg. t. 1, p. 227) et dont truc pourrait n'être qu'une forme masc. désignant toute activité trompeuse ou frauduleuse (v. Guir. Lex. fr. Étymol. obsc.). II illustre encore la collision avec trut, truc prenant alors les empl. de trut d'orig. onomatopéique.