TROUSSER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1100
trusser, trosser « charger quelque chose (surtout sur une bête de somme); charger (une bête de somme, etc.) » (
Roland, éd. J. Bédier, 130 et 701);
ca 1215
trouser (
Aymeri de Narbonne, 2242 ds T.-L.); 1225-30
trousser (
Boeve de Haumtone, III, 4307,
ibid.).
2. a) ca 1135
trosser « faire les bagages, mettre en paquet » (
Couronnement St Louis, éd. Y. G. Lepage, rédaction AB, 277);
ca 1210
trousser (
Dolopathos, 34 ds T.-L.);
b) mil.
xves.
trousser ses sacs et ses quilles « faire ses bagages pour s'en aller » (Ch.
d'Orléans,
Rondeau, LXXVII ds
Poésies, éd. P. Champion, t. 2, p. 334); 1512
trousser tous ses bagages (
Lemaire de Belges,
Illustrations, éd. J. Stecher, II, 22, p. 217); 1567
trousser bagage (
Amyot,
Vies, Pompée, 12 ds
Hug.);
3. a) déb.
xives.
trousser « relever (les vêtements) » (
Ovide moralisé, Commentaire de Copenhague, éd. C. de Boer, t. 5, p. 408); 1424
toursser quelqu'un (surtout une femme) « relever les vêtements, les jupes de quelqu'un » (
Arch. Nord B, 10384, f
o28 r
ods
IGLF Moy. Âge); 1456-67
trousser sa dame (
Cent Nouvelles Nouvelles, éd. F. Sweetser, 61
eNouv., 101); 1538
se trousser « relever son vêtement » (
Est.);
b) fin
xives.
trousser « relever » (
Eustache Deschamps,
Ballade ds
Œuvres, éd. Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 49); 1547
queue troussée (d'un passereau) (
Mellin de Saint-
Gelais,
Œuvres, éd. Pr. Blanchemain, t. 1, p. 60); 1579
trousser la queue (des mots) (
Estienne,
Précellence du lang. fr., éd. E. Huguet, p. 45); 1583
trousser la queue (d'un cheval) (
Colloquia cum dictionariolo sex linguarum ds
Gdf.);
c) 1558 « préparer, mettre en ordre » (
Anc. Théâtre fr., éd. Viollet-le-Duc, t. 4, p. 151);
d) 1721
trousser une volaille cuis. (
Nouv. maison rustique t. 2, p. 647);
4. a) déb.
xiiies.
torser de « détrousser quelqu'un de quelque chose » (
Raoul de Houdenc,
Vengeance Raguidel, éd. M. Friedwagner, 1280); 1512
trousser «
id. » (
Lemaire de Belges,
op. cit., II, 8, p. 75);
b) ca 1450
trousser « emmener quelqu'un » (
Arnoul Gréban,
Mystère de la Passion, éd. O. Jodogne, 19076); 1567
trousser (qqn) « prendre de force, enlever » (
Amyot,
Vies,
Antoine, 63 ds
Hug.);
c) 1456-67
trousser le compte court « dire un conte promptement » (
Cent Nouvelles Nouvelles, 1
reNouv., 66); 1604
trousser « conclure » (Fr.
de Sales,
Lettres, 234 (XII, 353) ds
Hug.); 1616
trousser (un épigramme) « fabriquer vite » (D'
Aubigné,
Tragiques, éd. A. Garnier et J. Plattard, t. 2, p. 82, 1131);
d) ca 1550
estre troussé « mourir en peu de temps » (
Anc. Théâtre fr., t. 2, p. 191); 1594
estre troussé en male «
id. » (
Satyre Ménippée, Epitaphe du Chevalier d'Aumale, éd. Ch. Read, p. 304);
e) 1611
trousser (un verre) « boire rapidement » (
Cotgr.);
5. a) 1456-67 (tetin)
bien troussé « bien fait » (
Cent Nouvelles Nouvelles, 35
eNouv., 131); 1616
troussé « paré (en parlant d'une femme) » (Comte
de Cramail,
Com. des Prov., III, 1 ds
Livet Molière); 1640
bien troussé « bien fait, propre, bien ajusté (en parlant d'une personne) » (
Oudin Curiositez);
b) 1548
bien troussé (sujet d'une œuvre littér.) « fait lestement, de façon pimpante » (N.
Du Fail,
Baliverneries, éd. J. Assézat, p. 145); 1558 [éd.]
bien trousser (une parole) « dire lestement sans bégayer » (
Bonaventure des Périers,
Nouvelles récréations et joyeux devis, éd. K. Kasprzyk, 45, 185);
c) 1558 [éd.]
nez troussé (
Id.,
ibid., 48, 197). D'un lat. de basse époque *
torsare, dér. de *
torsus, var. de
tortus, part. passé de
torquere « tordre ».