TROQUER, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. a) 1280
troquier « donner, céder en échange d'autre chose » (
Clef d'Amors, éd. A. Doutrepont, 1067); fin
xives.
trochier (E.
Deschamps,
Œuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t. 5, p. 168: car vertu n'est qui en vice ne
troche); 1403-04 [date var. ms.]
torquer (
Christine de Pisan,
Mutation de fortune, éd. S. Solente, 6343); 1434
trocher (
Lettres de rémission ds Registres [JJ] 175, pièce 296 ds
Du Cange,
s.v. trocare: laquelle vache le suppliant
Trocha ou eschanga à un beuf); 1472
troquer (
Lettre de Louis XI ds
Ordonnances des Rois de France, t. 17, p. 493 [d'apr. le Registre JJ 197, pièce 326 du Trésor des Chartes]: iceulx biens, denrées et marchandises descharger, vendre,
troquer ou eschanger); 1481 absol. « pratiquer le troc » (
Lettres de Louis XI, éd. J. Vaesen et E. Charavay, t. 9, p. 135: noz subgetz lesquelx viendront pratiquer et
troquer);
b) fin
xvies.
troquer de « changer de » (D'
Aubigné,
Tragiques V, 864 ds
Œuvres, éd. H. Weber, p. 171);
2. 1652 « abandonner, laisser une chose pour en prendre une autre » (
Scarron,
Virgile travesti VIII, 294a ds
Richardson: maintes filles [...] s'habillèrent en garçons
Troquant jupes en caleçons). Orig. incertaine. Peut-être d'un rad. onomat.
trokk- (
FEW t. 13, 2, p. 317) exprimant le frappement des mains des contractants, dans un geste destiné à valider l'échange (
cf. toper).
Cf. m. angl.
trukie « donner en échange d'autre chose » (av. 1225
Ancren riwle 408 ds
NED, s.v. truck) et lat. médiév.
trocare (1257
Cartulaire de l'abbaye de Saint-Florent, près de Saumur ds
Du Cange,
s.v. trocare: equos [...] vendere vel
trocare).