TRANSPORTER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1280 pronom. « se diriger, se mouvoir » (
Clef d'amour,123 ds T.-L.); 1302
id. se transporter devers qqn (
Giry,
Hist. de la ville de St Omer jusqu'au XIVes., p. 442);
b) 1291 dr. trans.
transporter [
un droit]
à qqn « transférer à quelqu'un le droit qu'on a sur quelque chose » (Aumonieres, H 20, A. H.-Saône ds
Gdf. Compl.); 1292
transportons et translatons ... tout le droit (Août, Pontigny, Montigny, Arch. Yonne H 1405 ds
Gdf.,
s.v. translater);
c) fin
xives. trans. « porter d'un lieu dans un autre » (
Vie St Evroul, éd. F. Danne, 1622); 1729 avec un suj. désignant le moyen de transport
la machine à transporter de gros arbres (
Fonten.,
Truchet ds
Littré); 1803 « (en parlant de la foi) déplacer »
transporter les montagnes (
Chateaubr.,
Génie, t. 1, p. 87);
2. 1532 trans. fig. et littér. « conduire, porter quelqu'un, en imagination, en esprit, dans un autre lieu, une autre époque »
gens plus eslevez et transportez en pensée (
Rabelais,
Pantagruel, éd. V.-L. Saulnier, XIII, ligne 105, p. 106); 1538 pronom.
se transporter dans, à « se porter par la pensée dans un temps, un lieu où l'on n'est pas » (
Est.);
3. 1560 [éd.] trans. « faire passer à un autre endroit, dans un autre contexte » (
Calvin,
Institution chrétienne, éd. J. D. Benoît, IV, chap. I,6, t. 4, p. 17);
4. a) 1564
id. « transférer, établir ailleurs » (
Indice et rec. univ. de tous les mots princ. des livres de la Bible, Paris, Ecclesiaste, 10, 8);
b) 1564 « déplacer, déporter une population » (
ibid., Esdras, 3, 5); en partic. 1757 [éd.] « envoyer dans les colonies d'outremer en tant que condamné aux travaux forcés » (
Montesquieu,
Esprit des lois, VI, 16, éd. J. Brethe de la Gressaye, t. 1, p. 169); d'où 1848
un transporté part. passé subst. « personne condamnée à la transportation » (
L'Événement, 14 août ds
Hugo,
Actes et par., 1, 1875, p. 565);
5. 1749 trans. « être le moyen, l'agent par lequel s'effectue le déplacement de quelque chose » (
Buffon,
Hist. et théorie de la terre, p. 85: les nouveaux sédimens que les eaux y
transportent).
B. 1. Fin
xiiies. trans. « mettre hors de soi par un sentiment violent » (
Dits âme, A 33h ds T.-L.: O joie qui le coer
transporte Et ravist);
2. 1574 pronom. « s'émouvoir, éprouver des sentiments violents » (
Garnier,
Cornélie, 433 ds
Les Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 99). Empr. au lat. class.
transportare « transporter, déporter », comp. de
trans- (v. élém. formant
trans-) et de
portare (v.
porter).