TOMBEAU, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1155
tumblel « monument funéraire » (
Wace,
Brut, éd. I. Arnold, 11372);
ca 1160
tombel (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6491);
2. a) 1551 litt. « pièce (ou recueil de pièces) écrite(s) en l'honneur d'un mort » (
Le Tombeau de Marguerite de Valois royne de Navarre, Paris, 1551 ds F.
Lachevre,
Bbg. des rec. coll. de poés. du XVIes., p. 232);
b) 1
remoit.
xviies. mus. « pièce vocale ou instrumentale dédiée à la mémoire d'un mort » (E.
Gaultier de Lyon,
Tombeau de Mézangeau ds
Mus. 1976);
3. a) déb.
xviiies. ameubl.
cabinet en forme de tombeau (
Inventaire des meubles de la Couronne ds
Havard t. 4);
b) 1719
lit à tombeau (
Invent. du chevalier de Piré, ibid.); 1720
lit en tombeau (
Invent. de Marguerite de Saint-Martin, ibid.);
c) mil.
xviiies.
commode en tombeau (ds
Havard t. 4).
B. 1. expr.
a) 1550
mettre au tombeau fig. (
Du Bellay,
Œuvres poét., éd. H. Chamard, t. 4, p. 38: les plumes de corbeau Ont mis l'honneur des Dames au
tombeau); 1553 au sens propre (
Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 5, p. 23: Catin [...] a mis Au
tombeau ses plus grans amis);
b) α) 1550
arracher du tombeau fig. « tirer de l'oubli » (
Id.,
ibid., t. 1, p. 234: D'arracher vifs les hommes du
tumbeau); 1568
tirer du tombeau (
Du Bellay,
op. cit., t. 5, p. 375: vers [...] Tirant hors du
tumbeau De nous tout le plus beau);
β) 1684
tirer du tombeau « sauver la vie de » (M
mede Sévigné,
Corresp., 5 nov., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 152);
c) 1573
jusqu'au (pied du) tombeau « jusqu'à la mort » (
Garnier,
Hippolyte, éd. W. Foerster, 643: jusqu'au pied du
tombeau); 1604 (
Montchrestien,
Hector, éd. L. Petit de Julleville, p. 45: jusques au
tombeau);
d) 1604
descendre au tombeau (
Id.,
Lacènes, p. 189: Descendons avec eux sous la nuict du
tombeau); 1636 (
Corneille,
Le Cid, 714: descendaient au
tombeau);
e) 1612
suivre au tombeau (
Urfé,
Astrée, éd. H. Vaganay, t. 1, p. 267: l'une [amour] suive le corps de Cleon au
tombeau); 1625 (
Camus,
Palombe, p. 116: le suivre dans le
tombeau);
f) 1619
à la porte (aux portes) du tombeau (
Urfé,
op. cit., t. 3, p. 586: à la porte du
tombeau); 1756 (
Voltaire,
Essay sur l'hist. gén., p. 333: aux portes du
tombeau);
g) 1798
à tombeau ouvert « à toute vitesse » (
Ac.);
h) 1834
se creuser un tombeau (
Sainte-
Beuve,
Volupté, t. 2, p. 188: le
tombeau [la solitude] que je m'étois creusé moi-même); av. 1848 (
Chateaubr.,
Mém., t. 2, p. 643: ceux qui font des révolutions à moitié ne font que se creuser un
tombeau);
2. a) 1558 fig. « lieu, temps où quelqu'un ou quelque chose a péri » (
Du Bellay,
op. cit., t. 2, p. 27: Et morte elle [Rome] est du monde le
tumbeau);
b) 1640 fig. « ce qui cause la mort, la destruction » (
Corneille,
Horace, 1506: elle voit avec lui son espoir au
tombeau);
3. 1832 fig. « endroit lugubre, sinistre » (
Hugo,
N.-D. Paris, p. 239);
4. 1894 fig.
tombeau des secrets « personne très discrète » (L.
Daudet,
Morticoles, p. 280); 1927 (
Mauriac,
Th. Desqueyroux, p. 207: cette fille, c'est un
tombeau). Dér. de
tombe*; suff.
-eau*.