TERME2, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. A. 1. a) α) Ca 1050 « date à laquelle doit avoir lieu quelque chose » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 46);
β) ca 1145 plus gén. « moment, jour, point du temps où quelque chose a lieu » (
Wace,
Conception N.-D., 1265 ds
Keller, p. 334); 1594
être en terme de, être aux termes de « être sur le point de » (
Lett. miss. de Henri IV, t. 4, 23 avr., p. 144 et 27 nov., p. 256 ds
Gdf. Compl.); 1610
au terme de « sur le point de » (
Béroalde de Verville,
Moyen de parvenir, éd. A. Tournon, p. 270);
b) α) ca 1100 « moment qui constitue la fin d'un délai pour l'exécution d'un engagement » (
Roland, éd. J. Bédier, 54);
β) ca 1150 spéc. « fin d'un délai de paiement, échéance » (
Wace,
St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 739); 1804
terme de grâce (
Code civil, art. 1292, p. 233);
δ) xiiies.
a terme « avec un report du paiement à une échéance donnée »
vendre a terme (
Sermons poit., éd. A. Boucherie, 147 ds T.-L.); 1283
payer a termes (
Philippe de Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, 1397); 1832
marchés à terme (
Say,
Écon. pol., p. 545); 1853
opérations à terme (
Boyard,
Bourse et spécul., p. 166);
ε) 1896 p. ext.
à terme « dont l'effet est reporté à plus tard, les conséquences n'étant pas immédiates » (
Goncourt,
Journal, p. 873);
c) α) ca 1145 « fin normale de la grossesse, date prévue pour l'accouchement » (
Wace,
Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 568); 1414
à terme « à la fin normale de la grossesse » (
Journal d'un Bourgeois de Paris, éd. Tuetey, 50 ds
IGLF); 1465
avant terme « avant la fin normale de la grossesse » (J.
de Roye,
Chron. scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t. 1, p. 59);
β) 1832
avant terme p. ext. « plus tôt que prévu, prématurément » (
Balzac,
Corresp., p. 649); 1842
mené à terme « achevé, terminé » (
Sainte-
Beuve,
Port-Royal, t. 2, p. 95);
d) α) 1176-81 plus gén. « arrêt, cessation » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier lion, éd. M. Roques, 1474); 1706
mettre un terme à « faire cesser » (P.
Crébillon,
Idoménée, p. 62);
β) 1789
à terme « qui a une fin, qui n'est pas perpétuel »
privilège à terme « privilèges non héréditaires » (
Sieyès,
Tiers état, p. 34);
e) fin
xiiies. [date du ms.]
li termes de ma vie « ma mort » (
Conte de Floire et Blancheflor, ms. Bibl. Nat. fr. 375, éd. J. L. Le Clanche, 2390); fin
xiiies.
ses termes « la fin de sa vie » (
De celle qui se fit foutre sur la fosse de son mari, 6 ds A.
de Montaiglon et G.
Raynaud,
Rec. gén. de fabliaux, t. 3, p. 118); 1654
terme fatal « mort » (
Guez de Balzac,
Dissertations chrest. morales, p. 351); 1585 p. ext.
la France est à son terme (
Ronsard,
Caprice, 149 ds
Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 322); 1719
parvenir, toucher à son terme « arriver à la fin de sa vie » (A. H.
de La Motte,
Fables, éd. 1754, p. 265 et 317);
f) 1421 « échéance d'un loyer, loyer » (
Journal d'un Bourgeois de Paris, 155 ds
IGLF);
2. a) 1155 « période de temps déterminée par sa fin »
A brief terme (
Wace,
Brut, 14050 ds
Keller, p. 326a);
ca 1220
a cort terme (
Comte Poitiers, éd. B. Malmberg, 850);
ca 1280
a lonc terme (
Adenet le Roi,
Cleomadés, éd. A. Henry, 15254); 1547
au bout du terme « enfin, à la fin » (N.
du Fail,
Propos rustiques ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 112);
b) ca 1165 « délai, répit, durée du report de quelque chose » (
Troie, éd. L. Constans, 29054); 1558 spéc. « délai d'un paiement (durée) » (
Du Bellay,
Regrets, LXXXV, 1 ds
Œuvres poét., éd. M. Chamard, t. 2, p. 117);
c) 1688 (
Rich. t. 2:
Terme Ce mot se dit en parlant des locataires et des propriétaires des maisons de Paris et il veut dire
trois mois);
3. a) 1402 plur. « usage, coutume » (
Christine de Pisan,
Balades, XXXI, 30 ds
Œuvres poét., éd. M. Roy, t. 1, p. 244);
ca 1465
id. « règles, principes » (
Georges Chastellain,
Chron., VI, I, Kervyn de Lettenhove, t. 4, p. 25); 1547
en termes de « en matière de, selon les règles de » (J.
Martin, Archit. Vitruve, p. 5 v
ods
IGLF);
b) α) ca 1465 plur. « situation, état » (notamment en ce qui concerne les relations avec quelqu'un) (
Georges Chastellain,
op. cit., VI, CX, t. 5, p. 97); 1623
être en bons termes « s'entendre, avoir de bonnes relations » (N.
Coëffeteau,
Hist. romaine, éd. 1646, p. 474);
β) 1559 plur. « situation, état, conditions » (
Amyot,
Trad. Vies des hommes illustres de Plutarque, Alcibiade, 49 ds
Littré); 1607 sing.
jugez en quel terme sont ses affaires (H.
d'Urfé,
L'Astrée, éd. H. Vaganay, t. 1, p. 92).
B. 1. 1380 (
Lexique Aalma ds
Roques t. 2, n
o12.315: terminus [...] ni
termes. fins. bone [sic]); 1559 (
Amyot,
op. cit. ,Numa Pompilius, 28 ds
Littré:
Terme vault autant à dire comme borne: c'est le dieu des confins);
2. 1535 « pilier surmonté d'un buste à la manière des bornes romaines représentant le dieu Terme » (
Comptes des Bâtiments du roi, éd. L. De Laborde, t. 1, 1877, p. 92); 1693
terme angélique, terme rustique, terme marin, terme en console, terme en buste, terme double, termes milliaires (D'
Aviler,
Explication des termes d'archit., t. 3, pp. 838-839); 1619
immobile comme un terme (H.
d'Urfé,
op. cit., t. 3, p. 40); 1678
ne bouger plus qu'un terme (
La Fontaine,
Fables, IX, XIX, v. 19); 1718
être planté là comme un terme (
Ac.).
II. A. 1. 1370 « mot, unité de vocabulaire porteuse d'une signification »
termes legiers a entendre (
Oresme, Trad. des
Ethiques d'Aristote, Prologue, éd. A. D. Menut, p. 100);
ca 1375
en termes generaux (
Id.,
Livre du ciel et du monde, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 220);
2. 1370 «
id. » en parlant des mots du vocabulaire d'un domaine précis
user de termes ou de moz propres en la science (
Id.,
ibid.); 1377
les termes de fauconnerie (
Gace de La Buigne,
Roman des deduis, éd. Å. Blomqvist, 7066); 1549
termes propres à leur profession (
Du Bellay,
Deffense et Illustration de la langue fr., éd. H. Chamard, p. 139);
3. a) ca 1375 au plur. « paroles ou texte »
en autres termes (
Oresme,
Livre du ciel et du monde, p. 122); fin
xives.
mettre en termes (
Froissart,
Chron., éd. S. Luce et G. Raynaud, t. 7, p. 126); 1416
en beaulx et piteux termes (A.
Chartier,
Livre des Quatre Dames, 537 ds
Œuvres poét., éd. J. C. Laidlaw, p. 214); 1460-66
tenir ... rudes termes (
Martial d'Auvergne,
Arrêts d'amour, XXVIII, éd. J. Rychner, p. 131, l. 2); 1585
en mesmes termes (N.
Du Fail,
Contes et discours d'Eutrapel ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 2, p. 306); 1643
en d'autres termes « dit d'une manière différente » (A.
Arnaud,
De la fréquente communion, p. 730); 1751 loc.
en d'autres termes « autrement dit, pour parler autrement » (
Prévost,
Lettres angloises ou hist. de Mss Clarisse Harlove, lettre 30, t. 1, 2
epart., p. 24);
b) 1585 «
id. » en parlant de l'expression précise, des mots formellement et clairement exprimés et dans leur sens strict
termes expres (N.
du Fail,
op. cit., p. 317); 1601
aux termes des loix (P.
Charron,
De la Sagesse, éd. 1797, p. 476); 1769
aux termes de la loi « selon la lettre même de la loi » (
Diderot,
Lettres à Sophie Volland, Gallimard, t. 2, 1950, p. 228);
c) 1616
propres termes « termes tels qu'ils ont été exprimés » (D'
Aubigné,
Tragiques, Aux lecteurs ds
Œuvres, éd. H. Weber, pp. 5-6).
B. 1. 1657-58 math. (
Pascal,
De l'esprit géométrique et de l'art de persuader ds
Œuvres, éd. L. Lafuma, Seuil, 1972, p. 354);
2. a) 1660 log. et gramm. « un des deux éléments d'une proposition (appelé
sujet ou
attribut) » (
Arnaud et
Lancelot,
Gramm. gén. et raisonnée, p. 29);
b) 1662 plur. spéc. log.
petit terme, moyen terme, grand terme (
Arnaud et
Nicole,
La Logique ou l'art de penser, p. 216);
3. 1762
moyen terme « position moyenne, état, rôle moyen entre les extrêmes » (
Rousseau,
Émile, V ds
Œuvres, éd. J. S. Spink, p. 844);
4. 1765
termes de comparaison « expression d'un degré de comparaison » (
Encyclop. t. 16, p. 156a); 1791
terme de comparaison « élément d'une comparaison » (
Volney,
Ruines, p. 231). Du lat.
terminus, -i « borne, limite, fin, extrémité, cessation » au propre et au fig., et
Terminus, nom propre désignant le dieu Terme. En lat. chrét.
terminus (ou parfois
termen, v.
tertre étymol.) servit à rendre le gr. ο
́
ρ
ο
ς, ο
ν « borne » d'où « limite, délai, règle » et, p. anal., « détermination du sens d'un mot, définition » et « terme d'une proposition », sens qui sont l'orig. de ceux notés en II (v.
FEW t. 13, 1, p. 243a,
Blaise Lat. chrét.,
Nierm. et
Blaise Latin. Med. Aev.).