TARIR, verbe
Étymol. et Hist. A. Intrans.
1. a) 1176-81 « cesser de couler, s'épuiser » (
Chrétien de Troyes,
Chevalier charrette, éd. M. Roques, 3316);
b) fig. 1260-70 « s'affaiblir, disparaître » (
Rutebeuf,
Miracle de Théophile, éd. Gr. Frank, 459: ja mes n'
ert tarie Ma dolors, ne garie); 1568
les pleurs n'ont point tary (
Garnier,
Porcie, V, 1838 ds
Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 73);
2. a) 1694
il ne tarit point sur ces sujets là (
Ac.);
b) 1761
la conversation [
...]
tarit (
Rousseau,
La Nouvelle Héloïse, 5
epartie, 3 ds
Œuvres, éd. B. Gagnebin et M. Raymond, p. 558).
B. Trans.
1. fin du
xives. « faire disparaître (un mal) » (
Miracles ND par personnages, éd. G. Paris et U. Robert, XXV, 636);
2. a) 1549 « mettre à sec » (
Est.);
b) 1574
tarir les pleurs (
Garnier,
Cornelie, II, 225-26 ds
Tragédies, éd. W. Foerster, t. 1, p. 93);
3. 1964 zootechnie (
Lar. encyclop.; att. comme verbe intrans. d'abord en parlant des seins d'une femme: 1316-28,
Ovide moralisé, éd. C. de Boer, livre IX, 1240: les mameles [...] que l'enfes suçoit, si
tarirent; puis en 1753:
Buffon,
Hist. nat., t. 4, p. 453: aussi y a-t-il des vaches dont le lait
tarit absolument [...] avant qu'elles mettent bas).
C. Pronom.
1. 1569 [éd.] « avoir de moins en moins d'eau » (
Du Bellay,
Recueil de poesie presente a tres illustre princesse Madame Marguerite, Paris, F. Morel, f
o74 r
o);
2. 1678 fig. (
La Rochefoucauld,
Réflexions ou sentences et Maximes morales, réflexions diverses, éd. D. Scoutan,233, p. 91: Il y a encore une autre espèce de larmes qui n'ont que de petites sources, qui coulent et
se tarissent facilement). Empr. à l'a. b. frq. *
tharrjan « sécher »;
cf. l'a. h. all.
therren « id. », m. h. all.
derren « id. », v.
FEW t. 17, p. 393b.