SÛRETÉ, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1135 « assurance » (
Couronnement de Louis, éd. E. Langlois, 2561: Par dedenz Rome fu Guillelmes li ber, S'a Looïs son seignor coroné: De tot l'empire li a fait
seürté); 1176-81
doner seürté que (
Chrétien de Troyes,
Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 1918); 1225-50
doner seürté de (
Lancelot du Lac, éd. E. Kennedy, I, p. 3, 25); 1474
lectres de sceureté (Arch. Nord B 1695, fol. 63 v
ods
IGLF); spéc. terme de dr.
a) 1273-80
seurtet « dans les Flandres, engagement pris sous serment devant le magistrat de respecter les biens et la personne de gens dont on est l'ennemi » (
Reg. des Faides, 217, f
o13 r
o, Tournai ds
Gdf.);
b) 1685, 28 janv. « garantie fournie pour l'exécution d'une obligation » (M
mede Sévigné,
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 3, p. 173);
2. ca 1160 « disposition prise pour éviter un danger »
seürté (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8025);
a) 1662
prendre ses sûretés (
Molière,
École des Femmes, I, 1);
b) proverbes 1668
la méfiance est mère de sûreté (
La Fontaine,
Fables, éd. H. Regnier, t. 1, p. 258);
id. deux sûretés valent mieux qu'une (
Id.,
ibid., p. 328).
B. 1. 1160-74 « situation de celui qui n'a rien à craindre » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, 2
epart., 4223: chevalier ne vilain n'ont nulle
seür(e)té Se ne fut en chastel ou en ferme cité);
a) 2
emoit.
xiiies. [ms.]
a seürté (
1reContinuation de Perceval, éd. W. Roach, t. 1, 6769);
b) 1422
en sceurté (
Alain Chartier,
Le Quadrilogue invectif, éd. E. Droz, p. 20: ilz me gardent bien de menger mon pain en
sceurté); 1566
mener en seureté (L.
Labé, I, 50 ds
IGLF); 1579
estre en seureté (R.
Garnier,
La Troade, 2412, III, 79, t. 2, p. 160,
ibid.); 1689, 24 juill.
être en sûreté de + subst. (M
mede Sévigné,
op. cit., p. 648);
c) ca 1485
lieu de seureté (
Mistère Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 4411); 1615
un port de seureté (E.
Pasquier,
Recherches de la France, p. 127 ds
IGLF); 1636
ville de seurté (
Monet: ville de
seurté, accordée à quelcun pour sa seurté, ville de refuge);
d) 1659
place de sureté « place qu'un État donne ou retient pour la sureté de l'exécution d'un traité » (
La Rochefoucauld,
Mémoires, éd. J. Gourdault, t. 2, p. 138);
2. 1561 « situation d'un groupe à l'abri du danger » (J.
Grevin,
César, p. 16 ds
IGLF); 1585
seureté publique (N.
Du Fail,
Contes d'Eutrapel, II, 162,
ibid.); 1798
chambre de sûreté (
Rapport de gendarme ds
Disc. et rés. affaire Orgères, II, 1, 76);
3. fig. 1576
la seureté de la conscience (N.
Du Fail,
Appendice, II, 380 ds
IGLF); 1656, 10 avr.
en sureté de conscience (
Pascal,
Provinciales, VI, éd. L. Lafuma, p. 109).
C. 1. Ca 1165 « confiance » (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 24584: quel
seürté Poons aveir en vos dès ore?);
2. ca 1225-50 « qualité d'une personne qui éprouve et manifeste la confiance » (
Lancelot du Lac, p. 388: Mais tex estoit sa costume que tozjorz ampiroit sa force a ore de midi, et si tost comme midis tornoit, si revenoit a doble et cuers et
seürtez et force);
3. ca 1225 « qualité d'une personne sur laquelle on peut compter » (
Gautier de Coinci,
Miracles de Nostre Dame, D 82, 2572, éd. V.-F. Koenig, t. 4, p. 540: Nostre Dame est no
seürtez);
4. dernier quart
xves. « certitude » (Jean
Molinet,
Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, p. 428: tu mourras, c'est ta
seureté); 1675
avoir sûreté de + inf. (
Corneille,
Suréna, III, 2).
D. 1636 « efficacité » (
Monet:
seureté: certitude d'agir sans faillir); spéc.
id. seureté de la main (
ibid.). Dér. de
sûr*; suff.
-(e)té*; la forme mod. est une réfection, très rare av. le début du
xvies., de l'a. et m. fr.
seürté (v.
supra, et aussi un empl. isolé ds
Froissart,
Prison amoureuse, éd. A. Fournier, 26), dér. de
seür sur le modèle du lat.
securitas « exemption de soucis, tranquillité de l'âme » (v.
sécurité).