SUSPENSION, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. 1174-76 « interdiction pour un temps de l'exercice d'une fonction » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence,
St Thomas, éd. E. Walberg, 1170);
2. a) 1542 « interruption, cessation pour un temps qui peut être déterminé » (
Les Quinze-Vingts, Mém. Soc. Hist. de Paris, XIV, p. 82 ds
Gdf. Compl.); spéc.
b) 1615
suspension d'armes (A.
de Montchrestien,
Traicté Oeconomie politique, p. 222);
c) 1761
suspension de payement (A.
Barbier,
Journal, p. 195);
d) 1769
suspension de loix (Ch.
Bonnet,
La Palyngenesie, p. 188);
3. 1580 « état de doute, de report à plus tard d'une décision »
suspension de jugement (
Montaigne,
Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 505); 1632
en suspension « dans un état de doute, d'absence de parti pris ou de jugement, dans l'expectative » (Le Père
Mersenne,
Corresp., t. 3, p. 329);
4. a) 1660 « état d'attente, d'interruption ou de déviation de l'action qui suscite l'attention et éveille l'intérêt » (
Corneille,
Discours des Trois unités, p. 124);
b) 1704 « figure de rhétorique par laquelle on tient l'auditeur ou le lecteur en suspens » (
Trév.);
5. 1737 mus. (
Rameau,
Génération harmonique, 159 ds
IGLF);
6. a) 1752 (
Trév.:
Suspension, En termes de Grammaire, on appelle
suspension, un certain repos très-marqué, où le sens est interrompu brusquement, et n'est point achevé. Ces sortes de suspensionse marquent par trois ou quatre points de suite); 1846
points de suspension (
Besch.,
s.v. ponctuation);
b) 1896
abréviations par suspension (
Maire,
loc. cit.);
7. 1832 « interruption par une mesure d'interdiction (ici, de représentations théâtrales) » (
Hugo,
Corresp., p. 520).
B. 1. a) 1639 « fixation, par le haut, maintien par le haut »
poinct de suspension (
Mersenne,
Les Nouvelles Pensées de Galilée, éd. Costabel et Lerner, p. 88); spéc.
b) 1656
suspension du Saint Sacrement (
Pascal,
Provinciales, XVI ds
Œuvres, éd. Lafuma, Seuil, p. 448);
c) 1812 « pendaison » (
Mozin-
Biber t. 2);
d) 1835 « procédé de positionnement des membres fracturés » (
Journ. de méd. et de chir. prat.,
loc. cit.);
e) 1872 « procédé de soutien d'un cheval ayant une fracture » (
Littré);
f) 1889 « procédé consistant à suspendre un malade à des fins thérapeutiques » (
Goncourt,
loc. cit.);
2. a) 1744 « dispositif qui permet de suspendre un instrument » (E. F.
Gersaint,
Catalogue raisonné d'une collection considérable de diverses curiosités ... contenües dans les cabinets de feu M. Bonnier de la Masson, p. 133);
b) 1718 (
Ac.: On appelle,
Suspension, Ce qui tient le S. Sacrement suspendu en certaines Églises);
c) 1765 « ensemble des pièces par lesquelles un régulateur est suspendu » (
Encyclop. t. 15);
d) 1797 « appareil pendu au plafond et qui supporte une ou plusieurs lampes » (
Chateaubr.,
Essai Révol., t. 2, p. 350);
3. 1866 « construction haut perchée ou en surplomb » (
Hugo,
Travaill. mer, p. 277);
4. 1905 « dispositif ou système qui, sur un véhicule, amortit les cahots de la route » (
Haton de La Goupillière,
Exploitation mines, p. 771).
C. 1. 1684 « fait de tenir en l'air sans support ni soutien » (
Bernier,
Abrégé Philosophie de Gassendi, p. 322);
2. 1846 chim. (pharm.) (
Besch.); 1862
en suspension (
Hugo,
Misér., t. 2, p. 222). Empr. au lat.
suspensio, -onis, dér. du rad. du supin de
suspendere (v.
suspendre), « voûte » en lat. impérial puis « interruption, arrêt, retenue; fait d'être relevé, tiré vers le haut, d'être tenu accroché par le haut; attente, incertitude » en lat. tardif (
Souter,
A Glossary of Later Latin;
Blaise Lat. chrét.) et en lat. médiév. « interdiction de l'exercice d'une fonction » (
Nierm.;
Latham).