STYLE1, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. Ca 1290
estile « manière d'agir » (
Gautier de Bibbesworth,
Traité sur la lang. fr., éd. A. Owen, 278);
ca 1350
stile (
Gilles le Muisit,
Poésies, I, 125 ds T.-L.);
ca 1480
selon son stille « à sa manière » (
Myst. Viel Test., 43204, éd. J. de Rothschild, t. 5, p. 295); 1540
changer le stille de sa vie « changer de manière de vivre » (B.
de La Grise,
L'Orloge des Princes [trad. du texte esp. de A. Guevara], L. III, f
oXIV r
o).
B. Ca 1393 « manière de parler » (
Ménagier de Paris, éd. G. E. Brereton et J. M. Ferrier, p. 194, 36); spéc. 1870 gramm.
style direct (
Flaub.,
loc. cit.); 1913
style indirect (
Péguy,
Argent, p. 1233: conjonction latine de
style indirect).
C. 1. 1536
stile « manière de composer, d'écrire » (R.
de Collerye,
Œuvres, éd. Ch. d'Héricault, p. 46); spéc.
a) id. hault stille « manière la plus noble de s'exprimer par écrit » (
Id.,
ibid., p. 258);
b) 1538-58
stille bas (
Mellin de Saint-
Gelais,
Œuvres, t. 2, p. 2);
2. 1699 Beaux-Arts (R.
de Piles , Abrégé de la Vie des Peintres, Idée du Peintre parfait, p. 4 ds
Brunot t. 6, p. 707, note 7: Que le peintre dessine correctement et d'un
stile varié);
3. a) 1671 « caractère propre à une langue » (
Bouhours,
Les Entretiens d'Ariste et d'Eugène, p. 86 ds
Quem. DDL t. 21:
stile Asiatique);
b) 1734 « caractère général des œuvres des écrivains ou artistes d'un même pays, d'une même époque, etc. » ici, litt. (
Voltaire,
Lettres philos., t. 2, p. 125: la licence impétueuse du
stile anglais); 1742 (J.-B.
Dubos,
Hist. crit. de l'établissement de la monarchie fr. dans les Gaules, t. 2, p. 367: enseignemens [...] écrits dans le
style du sixieme siecle).
D. 1346 jur.
stille « règlement coutumier » (Arch. JJ 75, f
o59 v
ods
Gdf.); 1564
être de style « relever du droit coutumier »
(
Thierry); 1765
clause de style « clause se trouvant ordinairement dans tous les actes d'une même espèce » (
Encyclop.).
E. 1. Fin
xives.
stille « poinçon à écrire » (B.N. lat. 13032, 11800 ds
Roques, p
. 395)
; 1546
style (
Rabelais,
Tiers Livre, chap. 25, éd. M. A. Screech, p. 178, 32);
2. 1562 p. ext.
stile « tige dont l'ombre portée sur un cadran solaire indique l'heure » (
Bullant,
Horolog., p. 10 ds
Gdf. Compl.);
3. 1672 « instrument de chirurgie long et pointu » (J.
Scultet,
L'Arcenal de Chirurgie [ouvrage trad. du lat. par Fr. Deboze], p. 17).
F. 1457-66
stille « manière de compter les jours de l'année et de fixer le début de celle-ci » (Ch. des comptes, reg. n
o6301, A. du royaume de Belgique ds
Gdf. Compl.); av. 1630
nouveau stile « manière de fixer le début de l'année postérieure à la réforme de 1582 » (A.
d'Aubigné, lettre ds
Œuvres, éd. Réaume et de Caussade, t. 1, p. 530); 1802
nouveau style « manière de compter les jours selon le calendrier révolutionnaire » (
Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., Basles, S. Flick d'apr.
FEW t. 12, p. 266b). Empr. au lat.
stilus« tout objet en forme de tige pointue; poinçon pour écrire » (d'où E), puis « manière, style », « œuvre littéraire » en lat. d'époque impériale (d'où A, B, C), « coutume, mœurs » et « règlement, formule juridique » en lat. médiév. (
xiiies. et
xives. ds
Du Cange,
s.v. stillus; d'où D), aussi « manière de fixer le début de l'année » (
xives. d'apr.
Nierm.; d'où F). La graph. avec
-y- est due à l'infl. du gr. σ
τ
υ
̃
λ
ο
ς « colonne; pointe » (v.
style2). Voir
FEW t. 12, pp. 266b-268.