SOUS, prép.
Étymol. et Hist. A. Marque une position moins élevée
1. a) introduit le nom d'une chose qui surplombe un objet avec lequel elle n'a pas de contact
sost ca 980 (
Jonas, 14 v
o, éd. G. de Poerck, p. 43, 156);
ca 1050
suz ciel (
Alexis, éd. Chr. Storey, 590);
b) 1
remoit.
xves.
soubz clef (
Ch. d'Orléans, v.
clef étymol. A 1);
c) ca 1485 [
estre]
soubz [
la]
banière [
de qqn] (
Myst. Vieux Testament, 32882, éd. J. de Rothschild, t. 4, p. 254);
cf. 1604
rangés sous ton drapeau (
Montchrétien, Aman, acte III ds
Les Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p. 261); 1678
être sous voiles (
Guillet, 3
epart., p. 342);
d) 1964 pêche
sous la main (
Lar. encyclop.);
2. a) ca 1050
suz introduit le nom d'un objet auquel un autre sert d'appui (
Alexis, 261);
b) introduit le nom d'un objet à la partie inférieure duquel un autre est incorporé 1560 (
Paré, Anatomie, IV, 36 ds
Œuvres, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 1, p. 300); 1678 équit.
cheval ... sous-luy (
Guillet, 2
epart., p. 209);
3. a) introduit le nom d'un objet concret ou d'un être animé qu'un autre couvre soit complètement, soit partiellement ici s'agissant d'un élément naturel
ca 1100
un verger suz l'ombre (
Roland, éd. J. Bédier, 11); 1
remoit.
xiiies.
sous les capes (
Aucassin et Nicolette, éd. M. Roques, XV, 15, p. 17);
b) 1563
il y a anguille sous roche (
Belleau, v.
anguille étymol. 1 b); 1671
rire sous cape (
La Fontaine, v.
cape1);
c) introduit un nom désignant l'apparence qui recouvre une réalité, la forme revêtue par quelqu'un, quelque chose
xves.
soubz ung peu de maniere feinte (
Rondeaux et autres poésies du XVes., éd. G. Raynaud, XCII, 3, p. 81); 1498-1515
soubz faincte couleur (
P. Gringore, Vie Ms. S. Loys ds
Œuvres compl., éd. Ch. d'Héricault et A. de Montaiglon, t. II, p. 150);
cf. 1536
soubz couleur d'auctorité (
R. de Collerye,
Œuvres compl., p. 78 ds
IGLF);
d) 1611
faire tout sous soy (
Cotgr.);
4. a) introduit le nom d'un objet auquel sa situation élevée ou favorable permet de dominer
ca 1175
soz l'abeïe (
Benoît de Ste-
Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 1015);
b) ca 1210
soz le vent « du côté où souffle le vent » (
Raoul de Houdenc, Meraugis, 4195 ds T.-L.); 1611 mar. (
Cotgr.);
c) 1462 topon. (
Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 925: A Sainct Sathur gest
soubz Sancerre);
cf. av. 1679
La Ferté-sous-Jouarre (
Retz, Mém., t. IV, liv. 5, p. 6 ds
Littré);
d) 1585
sous la portée de l'Harquebuse (
N. Du Fail, Contes d'Eutrapel ds
Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. II, p. 120);
e) av. 1788
sous le fusil (
Buff. Quadrup. t. II, p. 90 ds
Littré);
5. a) introduit le nom de l'élément d'une chose abstraite sur lequel se porte l'attention, la réflexion fin
xviiies. (
Rivarol, p. 234 ds
Gohin, p. 350: Ce qu'il a vu, il [Montesquieu] l'a supérieurement vu et
sous un angle immense); 1796
sous ce point de vue (
Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, p. VII);
b) introduit le nom de la partie d'un objet concret sur laquelle porte le regard 1831
regarder ... sous toutes les faces (
Balzac, Peau chagr., p. 33).
B. 1. a) Introduit un nom abstrait qui désigne une circonstance contraignante, une obligation
ca 1175 (
Benoît de Ste-
Maure, op. cit., 2521); 1804
sous bénéfice d'inventaire (
Code civil, art. 769, p. 141);
b) introduit le nom d'un individu qui possède le pouvoir, la domination 1220-40 (
Lancelot, éd. A. Micha, t. 7, p. 85: cuers d'omme ne puet a grant honour venir qui trop longement est
sous maistre ne
sous maistresse); en partic. 1363
sous mon commandement « en étant soumis aux ordres de » (
Arch. de la Côte-d'Or, B, 11735 ds
Mém. de l'Ac. de Dijon, 3
esérie, t. 6, 1880, p. 32); 1405
sous qqn «
id. » (
ibid., 11768, p. 158);
c) 1651
id. « en se laissant guider, instruire par »
j'étudierais ... sous un homme savant (
Scarron, Rom. comique, 61 ds
IGLF);
2. introduit le nom d'un objet concret ou abstrait qui produit l'effet indiqué par le verbe
ca 1500 (
Commynes d'apr.
Lar. Lang. fr.); 1536 (
R. de Collerye, op. cit., p. 241: laquelle endort ... le sien seigneur
soubz saincte trayson); d'où les loc. 1536
sous l'espoir de (
Id., ibid., p. 43); 1579
sous esperance de (
Garnier, La Troade, argument ds
Tragédies, éd. W. Foerster, II, p. 84, ligne 37); 1580
sous l'action de (
Palissy, Disc. admir., 455 ds
IGLF).
C. 1. 1524 « sous le règne de »
soubz Boniface huytiesme (
Gringore, Le Blazon des Heretiques,
op. cit., I, p. 321); fin
xvie-déb.
xviies. « à l'époque de »
sous ce nouveau changement de lignée (
Pasq., 769 ds
IGLF);
2. av. 1719 « avant que ne soit entièrement écoulé un espace de temps donné »
sous quinze jours (
D'Avr.[
Igni, Mem. Chronol.] ds
Fér. Crit.);
3. av. 1788 « pour indiquer une durée nécessaire, sans référence chronologique »
sous peu de jours (
Linguet, ibid.). Du lat. class.
subtus, adv. signifiant « en dessous, par-dessous », att. à basse époque comme prép. où elle entre en concurrence avec
sub- qui ne subsiste que dans le roum.
su, l'esp. et l'a. port.
so (
FEW t. 12, p. 373a);
subtus a donné le roum.
supt, l'ital. et a. port.
sotto, l'a. esp.
soto (
ibid.). Dans de nombreux parlers gallo-rom.,
sous est concurrencé par
dessous1*.