SIÈGE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1100 « place que l'on occupe » (
Roland, éd. J. Bédier, 1135: Se vos murez, esterez seinz martirs,
Sieges avrez el greignor pareïs);
2. 1119 « place où on est assis, en parlant d'une personne exerçant une fonction importante » (
Philippe de Thaon, Comput, 979 ds T.-L.: Que cil ki le siveient [Notre-Seigneur] Grant gueredon avreient: Que sur
siege serreint E le munt jugereint); déb.
xives.
seige real (
Vie de S. Denis, Brit. Mus. add. 15606, fol. 137c ds
Gdf. Compl.); 1549 d'un juge (
Est.);
3. a) 1160-74 « meuble fait pour s'asseoir » (
Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 3118);
ca 1210
siege emperial « trône impérial [remis en signe de pouvoir] » (
Robert de Clari, Constantinople, éd. Ph. Lauer, LII, p. 53);
b) 1260 « partie de la selle où on peut s'asseoir » (
Étienne Boileau, Métiers, 209 ds T.-L.);
c) fin
xviies.
siège d'aisance « latrinarum sedile » (
D'Aviler d'apr.
Trév. 1732);
4. ca 1160 « situation, position [d'un bâtiment] »
sieges d'un chastel (
Eneas, 7282 ds T.-L.);
5. 1210-20 « lieu, tombeau où reposent les restes d'un apôtre »
siege d'apostoile en parlant de Compostelle (
Pseudo-Turpin, I, 23.8,
ibid.).
II. A. 1. Ca 1100 « lieu où est établie une autorité » en parlant de l'empereur
al siege ad Ais (
Roland, 435);
ca 1245 du pape
a Roume al siege (
Philippe Mousket, Chron., 29848 ds T.-L.); mil.
xiiies.
sege del Latran (
Horn, éd. M. K. Pope, 1424, leçon ms. O); 1306
siege de Cantorbiere (
Guillaume Guiart, Royaux lignages, I, 138 ds T.-L.);
2. ca 1245 « réunion, assemblée » (
Philippe Mousket, op. cit., 29819,
ibid.);
ca 1283 « séance »
jour de siege (
Livre Roisin, éd. R. Monier, § 3, p. 8);
3. a) 1283 « cour où un juge rend la justice » (
Philippe de Beaumanoir, Coutume de Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 1246);
b) 1340-41 Champagne « charge d'un prévôt » (
Doc. rel. au comté de Champagne, éd. A. Longnon, t. 3, p. 340b).
B. 1. a) Ca 1265 « lieu où réside l'origine, le principe d'un élément, d'un fait physiologique » (
Brunet Latin, Trésor, éd. Fr. J. Carmody, I, CI, 4, p. 84: Sanc [...] a son
siege el fois);
b) 1812 « endroit du corps atteint par la maladie » (
Mozin-
Biber);
2. 1580 fig. (
Montaigne, Essais, II, 16, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 621: l'ame, où est le vray
siege de la vertu).
III. 1. Ca 1100 « investissement d'une ville » (
Roland, 71; 212: metre le
sege); 1812
place en état de siège (
Mozin-
Biber,
s.v. État);
2. ca 1462 p. anal.
avoir [une femme]
sans siege « avoir facilement ses faveurs » (
Cent Nouvelles nouvelles, éd. Fr. P. Sweetser, XXIV, 75, p. 156).
IV. xiiies. « anus, derrière [d'un oiseau de proie] » (
Aviculaire des oiseaus de proie, ms. Lyon 867, fol. 221 v
ods
G. Tilander, Glanures lexicogr., 1932, p. 242); 1377 [
faucon]
de large siege (
Gace de La Buigne, Deduis, 9425 ds T.-L.); 1538 en parlant d'un homme (
Est., s.v. sedes: Les fesses. Le
siege de l'homme); spéc. 1835 obstétr.
présentation du siège (
J. Hatin, Cours complet d'accouchemens, p. 236, titre ds
Quem. DDL t. 8). Prob. déverbal d'un verbe *
siegier, disparu dès l'époque prélittér., mais att. par le verbe a. fr.
assegier (1180-90
estre assegiés « être assis, placé » (
Alexandre de Paris, Alexandre, III, 5062 ds
Elliott Monographs, n
o37, p. 256; fin
xiies.
estre assigiez, Sermons de St Bernard, éd. W. Foerster, I, p. 4, 39), ce dernier corresp. à un verbe *
assedicare, semble différent de
assiéger* « faire le siége d'une place ».