SI2, adv.
Étymol. et Hist. I. Marque l'enchaînement, l'articulation des membres d'un énoncé
1. adv. de reprise, introd. une régissante après une circ. 842 une compar. (
Serments de Strasbourg ds
Henry Chrestomathie, p. 2, 4: d'ist di in avant, in quant Deus savir et podir me dunat,
si salvarai eo cist meon fradre Karlo); 937-952 une temp. (
Jonas, éd. G. de Poerck, 172: co videbat [...] qe cum gentes venirent ad fidem
si astreient li Iudei perdut); fin
xes. (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 398: En pas que
209l vidren li custod,
Si s'espauriren de pavor);
ca 1050 une hyp. (
St Alexis, éd. Chr. Storey, 100: Se lui'n remaint [de l'aumône]
sil rent as poverins; 152);
ca 1150 une concess. (
Charroi de Nîmes, éd. D. McMillan, 1338: s'ai ore mez granz sollers de vache et ma gonelle et mes conroiz si gastes,
Si ai ge non Guillelme Fierebrace);
2. articule deux membres d'un énoncé, marquant
a) 881 une succession log. « aussi, c'est pourquoi » (
Ste Eulalie, 24 ds
Henry Chrestomathie, p. 3: Volt lo seule lazsier
si ruouet Krist); 2
emoit.
xes. (
St Léger, éd. J. Linskill, 66: Por ciel tiel duol rova's clergier [Ewruins]
Si s'en intrat in un mostier); fin
xes. (
Passion, 416: Dunc reconnossent lo senior,
Si l'adorent cum redemptor);
b) 2
emoit.
xes. succession chronol. (
St Léger, 201: Garda,
si vid grand claritet; 206: Torne s'als altres, ,
si lor dist); fin
xes. (
Passion, 394; 402; 467);
c) α) marque la conformité « de même, pareillement »
ca 1050 le rappel du verbe de la prop. précédente est assuré par
faire (
St Alexis, 147: Del duel s'asist la medre jus a terre;
Si fist la spuse danz Alexis a certes; 207);
ca 1100 le verbe de la prop. précédente est repris (
Roland, éd. J. Bédier, 1328: Trenchet le cors e la cheveleüre,
Si li trenchat les oilz e la faiture);
β) marque la manière
ca 1165 le verbe
estre est repris (
Benoît de Ste-
Maure,
Troie, éd. L. Constans, 15283: Dut bien la dame estre esfrëee;
Si fu ele); 1176-81 le verbe est rappelé par
faire (
Chrétien de Troyes,
Chevalier de la charrette, éd. M. Roques, 5195: Por mon seignor Gauvain l'estuet auques esjoïr,
si fet ele);
d) ca 1050 marque une oppos. « et cependant » (
St Alexis, 395: Tant l'ai vedud [Alexis],
si nel poi aviser; 579);
ca 1100 (
Roland, 1596: Enceis nel vit [Rollant]
sil recunut);
e) ca 1100 marque une conséq. (
Roland, 598: Dunc perdreit Carles le destre braz,
Si remeiendreint les merveilleuses oz).
II. A. Compar.
1. en corrél. avec
cum(e), introd. une compar.
a) 842 expr. de la conformité (
Serments de Strasbourg,
op. cit., p. 2, 5: si salvarai eo cist meon fradre Karlo [...]
si cum om per dreit son fradra salvar dift); 937-952 (
Jonas, 168:
si cum dist e le evangelio) fin
'xes. (
Passion, 27);
b) ca 1050 expr. de l'égalité (
St Alexis, 536: Unches en Rome nen out
si grant ledice Cum out le jurn as povres ed as riches Pur cel saint cors [d'Alexis] qu'il unt en lur bailie);
2. adv. compar. d'égalité, le second terme de la compar. n'est pas exprimé
ca 1050 (
ibid., 8: Bons fut li secles; ja mais n'ert
si vailant);
ca 1100 (
Roland, 250: Vos n'irez pas uan de mei
si luign; 599).
B. Manière 937-952 « ainsi, de cette manière » qualifie un verbe (
Jonas, 6: scio enim ego [...] quoniam propter me
si est venude cise tempestes); fin
xes. (
Passion, 187: Ensobre tot
si l'escarnissent: ,,Di nos [...]``);
ca 1050 (
St Alexis, 16).
C. Intensité, degré
1. 2
emoit.
xes. qualifie un adj. (
St Léger, 10: aanz Que li suos corps susting
si granz);
ca 1050 (
St Alexis, 608);
2. id. dans une exclam.; qualifie un adv. (
ibid., 109:
si pou vus ai oüt!);
id. un adj. (
ibid., 409:
Si grant dolur).
D. Conséq. terme d'appel annonçant une conséc.
1. intro. par
que a) fin
xes.
si + adj. (
Passion, 126:
Si fort sudor dunques suded [Jesus], Que cum lo sags a terra current De sa sudor las sanctas gutes);
ca 1050 (
St Alexis, 110);
b) fin
xes.
si + verbe (
Passion, 375: Par soa mort
si l'a vencut [Jesus, Satanam] Que contra omne non a vertud);
ca 1050 (
St Alexis, 137; 166);
2. id. le subordonnant
que n'est pas exprimé (
ibid., 116:
Si at li emfes sa tendra carn mudede Nel reconurent li dui sergant sum pedre; 148).
E. Concess;
1. 1180-90 en corrél. avec
com(e) introd. une concess.; mode ind. (
Alexandre de Paris,
Alexandre, III, 5885 ds
Elliott Monographs, XXXVII, p. 275:
Si navrés com il iert, ens el champ les conduit);
2. déb.
xiiies. en corrél. avec
que; mode subj. (
Chastoiement d'un père à son fils, éd. A. Hilka et W. Söderhjelm, version A, 4490). De l'adv. lat.
sic issu de
si [anc.
sei] + particule déictique
-c(e) « ainsi, de cette manière ». De ce sens sont issus différents empl., notamment: réponse affirm., d'abord avec reprise du verbe sur lequel porte l'interr., puis l'adv. empl. seul (
Térence,
Phormio, 316: [
ais]
Phaniam relictam solam? −
Sic; 813) [III 3]; expr. d'une prière, d'un souhait dans la lang. poét. (
Ern.-
Th., § 258) dont l'accomplissement est soumis à une condition exprimée dans la prop. suiv.; mode subj. (
Virgile,
Buc., IX, 31-32;
Horace,
Odes, I, III, 1:
Sic te diva potens Cypri, Sic fratres Helenae [
...]
Ventorumque regat pater [
...]
, Navis [
...]
; Reddas incolumen); le même fait s'observe en a. fr. [III 2,
cf. Ph.
Ménard,
Manuel du fr. du Moy. Âge, 1976, § 197, rem. 2]; après une prop. part. équivalant à une temp.,
sic, placé en tête de la princ., marque une transition « alors, ensuite » (
Virgile,
Aen., I, 225:
cum Juppiter aethere summo Despiciens mare velivolum... sic vertice caeli Constitit); apparu dans la lang. poét., cet empl. se répand à basse époque dans la lang. vulg.,
sic servant à introd. la princ. après une prop. temp. (
ives.,
Chiron,
Mulomed., 452:
Cum avide bibit [sic]
pleno ventre aqua, sic dolorem patiuntur; fin
ives.
Peregr. Aether., 37, 4, v.
Löfstedt, p. 231) [I 1]; parallèlement,
sic est relevé dans des textes où il marque une simple suite dans le temps « là-dessus, puis » (
ives.,
Filastrius, 127, 1:
prius propheta legatur et apostolus et sic evangelium [
cf. I 2];
Vään., § 369;
Blaise Lat. chrét.).