SECRET2, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. Déb.
xiies. « ce qui doit être tenu caché, ne doit pas être révélé » (
Benedeit,
St Brendan, 1094 ds T.-L.: [Brendans] Ne deit querre le Deu
secrei); [1316
seel du secré « petit sceau pour les affaires secrètes » (
Comptes de Geoffroi de Fleuri, argentier de Philippe le Long ds
Havard t. 4, p. 928)] 1691
sous le sceau du secret (
Racine,
Athalie, V, 1);
2. 1130-40 « ce qui ne peut être compris, connu; ce qui n'est pas apparent » (
Wace,
Conception N.D., 1526 ds T.-L.); 1174-87 (
Chrétien de Troyes,
Perceval, éd. F. Lecoy, 34: Dex, qui toz les
segrez voit);
3. 1269-78 « moyen connu de quelques-uns pour obtenir un résultat » (
Jean de Meun,
Rose, éd. F. Lecoy, 5376: Neïs Tulles qui mist grant cure En cerchier
secrez d'escripture);
4. 1355 « domaine, lieu caché, retiré » (
Miracles de N.-D., éd. U. Robert, XVI, 814: en l'estroit
secré du consire Divin); 1541 (
Sainte Bible en françois [trad. Lefèvre d'Etaples], Anvers, Ant. des Gois,
A.T. Ps. XXVI, fol. CCXXV d: [le Seigneur] me deffendera au
secret de son tabernacle); 1734 spéc. « lieu séparé où on enferme un prisonnier »
mis au secret (
Lesage,
Estebanille Gonzalès, 50 ds
Littré);
5. 1496 « système, mécanisme employé pour la représentation d'un mystère » (doc. Arch. Saône ds
Gdf. Compl.); 1690
secret (d'une machine, d'une serrure) (
Fur.);
6. 1667 « discrétion, silence sur une chose confiée »
garder le secret ici, fig. (
Racine,
Andromaque, III, 1); 1671 [dire une chose]
sous secret (
Pomey),
supra A 1; 1690
le secret de la confession (
Fur.);
7. 1690 « ce dont la connaissance est réservée à un petit nombre »
être du secret des Grands (
ibid.); 1775
être dans le secret (
Beaumarchais,
Barbier de Séville, III, 11).
B. 1. Ca 1150
en secroi « sans témoin, à part » (
Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 4684);
2. 1669
en secret « au fond du cœur, sans manifestation extérieure » (
Boileau,
Epîtres, I, 35 ds
Œuvres, éd. F. Escal, p. 105).
C. 1875 « solution utilisée pour le secrétage (dér.
s.v. secréter) » (
Lar. 19e). Empr. au lat.
secretum « lieu écarté, retraite, solitude »,
in secreto « à l'écart, sans témoin »; « pensées, paroles secrètes, secret ». C représente un empl. techn. de A, le procédé ayant longtemps été considéré comme confidentiel.