RÉGULIER, -IÈRE, adj. et subst.
Étymol. et Hist. I. 1. a) 1119 chronol.
jurz regulers « nombre régulier de jours qui, joint à un chiffre variable, permettait de calculer le jour de la semaine par lequel chaque mois commence » (
Philippe de Thaon, Comput, éd. Mall, 2820;
reguliers subst.,
ibid., 195);
b) déb.
xiiies. « (d'un inanimé) conforme aux règles de la morale »
une reiguleir continance a toi meimes (
Guillaume de St Thierry, Epistola ad fratres de Monte Dei, éd. V. Honemann, § 108, p. 246);
c) 1370 « (
id.) qui est soumis aux lois naturelles »
les mouvemenz du ciel ... sont toujours d'une maniere et reguliers (
Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, p. 189, note 4);
d) 1660 « conçu selon les règles édictées au
xviies. en matière littéraire »
pièce ... très régulière pour l'unité du lieu (
Corneille, Galerie du Palais, Examen ds
Œuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, p. 11); d'où 1660 subst. masc. « celui qui est partisan de la stricte observance de ces règles » (
Id., ibid., p. 13); 1690
une conjugaison reguliere (
Fur.);
e) 1676 [éd.] « conforme aux règles juridiques »
une procédure régulière (
Bouhours, Rem., 547 sq. ds
Brunot t. 4, p. 540);
f) 1808 « qui se déroule selon un processus normal » (
Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, p. 251: quand le rhumatisme et la goutte ont un cours
régulier);
2. a) 1174-76 « se dit des ordres religieux soumis à une règle, ou de ce qui les concerne » (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 579: les
regulers [dras] a pris, les seculiers laissiez); 1596 subst. (
Hulsius);
b) 1671 « (d'une personne) qui se soumet aux devoirs de la morale et de la religion » (
La Fontaine, Contes, La vie de Frère Philippe, 509 ds
Œuvres, éd. H. Régnier, t. V, p. 279);
c) 1751 milit.
troupes régulières (
Volt., S. de Louis XIV, 21 ds
Rob.,
s.v. aucun);
d) 1922 fam. « qui respecte un certain code de l'honnêteté dans un milieu ou un groupe social » (Voy. ds
Esn. 1966).
II. 1. a) 1270 « qui se développe dans le temps d'une façon uniforme, constante » (
Mahieu Le Vilain, Les Météores d'Aristote, éd. R. Edgren, p. 155, ligne 16: la nue de halo doit estre egal et
reguliere); 1803
un travail régulier (
Chateaubr., Génie, t. 2, p. 528); 1859
un cœur calme, régulier en ses battements (
Ponson du Terr., Rocambole, t. 5, p. 9);
b) ca 1377 « qui présente une disposition, des proportions où l'esprit perçoit une unité, une harmonie » ici géom.
figure ... reguliere (
Oresme, Ciel, éd. A. D. Menut, fol. 175d, p. 640); 1666-67
beautés régulières (
La Fontaine, Contes, 2
epartie, Préface ds
Œuvres, éd. citée, t. 4, p. 147); 1671 archit. (
Pomey); 1882
écriture ... réguliere (
France, Servien, p. 81);
c) 1808 « qui se reproduit périodiquement, selon une fréquence constante »
ce retour régulier de mêmes circonstances (
Cabanis, op. cit., p. 263); 1832
un paiement régulier (
Balzac, Corresp., p. 162); 1863
à intervalles réguliers (
Flaub., Salammbô, p. 57);
d) 1854 « qui a un caractère durable, non occasionnel »
un bateau ... fait un service régulier (
About, Grèce, p. 174);
2. a) 1658 « qui a une activité marquée par la constance, l'assiduité, la ponctualité »
je suis extrêmement régulier à ma parole (
La Rochefoucault, Portrait de La Rochefoucault fait par lui-même ds
Œuvres, éd. M. D. L. Gilbert, I, p. 11);
b) 1910 « se dit p. oppos. à
occasionnel »
un locataire régulier (
Barrès, Cahiers, t. 8, p. 111);
c) 1930 arg. subst. fém. « femme légitime ou maîtresse en titre » (
J. Galtier-
Boissière, La Vie de garçon, p. 100 ds
Cellard-
Rey). D'abord sous la forme
reguler puis par substitution du suff.
-ier régulier (
cf. bouclier, sanglier, singulier), empr. au lat. d'époque impériale
regularis « qui sert de règle; de canon », dér. de
regula, règle*; le sens 1 a est la transcr. d'un sens que
regularis n'a développé qu'en lat. médiév. comme terminol. des calendriers:
xies. ds
Du Cange, s.v. regulares2. L'a. fr. a empl. des formes
riuler ca 1119 (
Philippe de Thaon, op. cit., 2842),
reuler 1225 (
Conq. of Ireland, éd. G. H. Orpen, 181), francisées d'apr.
ruile, reule, v.
règle.