RÉSIGNER, verbe trans.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1223 trans. « renoncer à » (
Gautier de Coinci,
Miracles, éd. V. Fr. Koenig, II
Prière 37, 72: Pecheeur ne desdaingnes qui son pechié
resigne);
2. 1261, 4 juill.
id. « se démettre (d'un office, d'un bénéfice) » (
Layettes du Trésor des chartes [J 203], t. 4, p. 13a); 1316 [en parlant du pape]
resiner du siege de Romme (
Geffroi de Paris,
Chron. métr., 2167 ds T.-L.); 1467, 21 oct. part. prés. subst. (Lettres ds
Isambert,
Rec. gén. des anc. lois fr., t. 10, p. 542);
3. 1263 trans. « abandonner, céder quelque chose à quelqu'un » (doc. Arch. Somme ds
Gdf. Compl.: a resigné le [...] tere en une main).
B. 1. 1541
se resigner à Dieu « se soumettre, s'abandonner à sa volonté » (
Calvin,
Instit., XVII, p. 796 ds
Hug.); 1686 part. passé adj. (
Bossuet,
Oraison funèbre de Le Tellier ds
Œuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p. 170:
résigné à la volonté divine); 1767, 13 janv.
se resigner à la fatalité (
Voltaire,
lettre à Richelieu ds
Corresp., éd. Th. Besterman, t. 21, p. 253);
2. 1690
se résigner à + inf. ou subst. « accepter sans révolte ce qu'on ne peut empêcher » (
Fur.);
id. part. passé adj. (
ibid.); 1776, 29 mai empl. abs. (
Voltaire,
lettre à Anne de La Tour du Pin, t. 43, p. 163: À quoi servirait-il d'avoir vécu quatre vingt deux ans [...] si je n'avais pas apris à me
resigner?). Empr. au lat.
resignare, propr. « rompre le sceau, ouvrir (une lettre, un testament) »; fig. « rompre, annuler », spéc. au Moy. Âge « renoncer à, céder (une possession, une charge) » (1112
resignare ecclesiam ds
Du Cange,
s.v. resignare3); de la notion de « renoncer », est issu, dans le vocab. relig., le sens B 1, et p. ext. B 2.