PRÉTENDRE, verbe trans.
Étymol. et Hist.I. A. 1. 1320
pretendre de suivi d'un subst. désignant une chose «demander, réclamer (un droit)» (ds
Isambert,
Rec. gén. des anc. lois fr., t.3, p.252);
2. 1587
pretendre de suivi d'un inf. «avoir l'intention de, espérer pouvoir faire» (
Lanoue, [
Discours pol. et milit.] 632 ds
Littré).
B. Pretendre a 1. a) suivi d'un subst. désignant une chose [empl. att. au sens de «réclamer (un droit)» ds N.
de Wailly,
Elém. de paloégr., Paris, t.1, 1838, p.160: copie de 1665 d'un
vidimus en date de juin 1313 par Renaud, évêque de Metz, d'un acte de Renaud, comte de Bar, de mars 1118, Arch. nat. T 201, n
o70,
cf. Gdf. Compl.]
α) 1409 «aspirer à, rechercher»
pretendre a union (
Boucicaut,
Mém., III, V ds
Nouv. coll. de mém. rel. à l'Hist. de France, éd. Michaud et Poujoulat, t.2, p.295b); 1
remoit.
xves. [ms.
xvies.]
pretendre a la bonne foi (
St Eustache, éd. H. Petersen, 176,
Mém. Sté neo-philol. de Helsingfors, t.7, 1924, p.196);
β) 1559 spéc. (
Amyot, trad.
Plutarque,
Hommes illustres, Comp. de Timoléon avec Paul-Emile, II, éd. G. Walter, t.1, p.615: Il [Dion] aspirait et
pretendait a ne sais quelle seigneurie et principauté);
b) 1668 suivi d'un subst. désignant une pers.
pretendre a [une femme] (
Molière,
Avare, IV, 4);
2. Ca 1470 suivi d'un inf. «chercher à, tenter de» (
Georges Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.4, p.323: ceux qui ont
pretendu à moy desfaire).
C. Pretendre 1. suivi de l'inf.
a) 1459 «chercher à, aspirer à, tenter de»
pretendre avoir vain pasturage (
Coutumes de Bourgogne, XIII, V ds
Nouv. coutumier gén., éd. Bourdot de Richebourg, t.2, p.1180);
ca 1590 (
Montaigne,
Essais, III, IX, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p.949);
b) 1531 [éd.] «vouloir fermement» (J.
de Vignay,
Mir. hist., II, fol. 10b ds
Gdf. Compl.);
c) 1670 «avoir la prétention de, se flatter de» (
Pascal,
Pensées, 84 ds
OEuvres, éd. J. Chevalier, p.1108: il est arrivé à peu de
prétendre connaître toute chose);
2. suivi d'un subst. désignant une pers. 1638, 8 janv.
prétendre [une femme] (
Voiture,
Lettres, LXXXVI ds
OEuvres, éd. Paris, J. Clousier, t.1, 1734, p.200: de tant de belles il n'y en a pas une seule que je
prétende).
D. 1669
prétendre que suivi du subj.
je ne prétends pas que «je n'admets pas, je ne veux pas que...» (
Molière,
Pourceaugnac, I, 4).
II. 1. Ca 1380 «affirmer fermement, soutenir, alléguer» (
Jean Lefèvre,
Vieille, 6 ds T.-L.); fin
xves. empl. avec attribut (
Commynes,
Mém., V, 11, éd. J. Calmette, t.2, p.164: disant que le roi la
pretendoit sienne [la ville d'Arras)]; 1759 réfl. empl. avec attribut (
Voltaire,
Candide, XXII, éd. R. Pomeau, 1979, p.188: jugea que la dame qui
se prétendait Cunégonde était une friponne);
2. 1661
prétendre que suivi du subj. (
Molière,
École des maris, II, 8). Empr. au lat.
praetendere prop. «tendre en avant; être situé devant» fig. «alléguer, invoquer, prétexter» à l'époque class.; «réclamer (une dette)» à basse époque (
Digeste de Justinien); «affirmer fermement» au Moy. Âge (1310 ds
Du Cange).