PHÉNOMÈNE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1557 astron. «tout ce qui apparaît de nouveau dans l'air, dans le ciel» (Ph.
de Mesmes, Inst. astron., p.64 ds
Gdf. Compl.: les
phenomenes ou apparitions celestes).
II. 1. a) 1638 [éd.] «chacun des faits constatés qui constituent la matière des sciences» (
Descartes, Lettre du 13 juill. ds
OEuvres et Lettres, éd. A. Bridoux, p.1014);
b)
α) 1737 «tout fait extérieur qui se manifeste à la conscience par l'intermédiaire des sens» (
Argenson, Journal et Mém., éd. E. J. B. Rathery, t.1, p.228: nous assistons à un véritable
phénomène en politique);
β) 1801 philos. (Ch. de
Villers, Philos. de Kant, p.354 ds
Quem. DDL t.22);
2. a) 1719 [éd.] «fait qui frappe par sa nouveauté, son caractère extraordinaire» (A. H.
de La Motte, Fables nouvelles, livre V,
Fable XIX, p.358);
b)
α) 1722
phénomène de la nature (en parlant d'une personne) (
Marivaux, Le Spectateur fr., éd. 1727, p.40);
β) 1738 «personne qui surprend par ses actions, vertus, talents`` (
Argens, Lettres juives, t.4, p.187);
γ) 1881 «original, individu excentrique» (
Rigaud, Dict. arg. mod., p.288). Empr. au gr.
φ
α
ι
ν
ο
́
μ
ε
ν
α «phénomènes célestes», titre d'un poème d'Aratos sur le cours et l'infl. des astres (
iiies. av. J.-C., d'où
Phénomènes d'Arate, en 1554,
Ronsard, Bocage ds
OEuvres, éd. P. Laumonier, t.6, p.105, 3), de φ
α
ι
ν
ο
́
μ
ε
ν
ο
ν «ce qui apparaît», lui-même dér. de φ
α
ι
́
ν
ω , signifiant «apparaître» en astron. Le b. lat. a également empr.
phaenomena, plur. «phénomènes célestes» au gr. Comme terme de philos.,
phénomène est empr. à l'all.
Phänomen, créé par le philosophe all. E. Kant [1724-1804].