PERSONNE1, subst. fém.
Étymol. et Hist.1. a) Ca 1135
persone «prestance, taille» (
Couronnement Louis, éd. Y. G. Lepage, AB 1891);
b) ca 1170 «corps de celui dont on parle» (
Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 4431);
payer de sa personne v. étymol. hist.
payer; 1538
content de sa personne «satisfait de soi-même» (
Est., s.v. placere);
ca 1660
bien fait de sa personne (
Ablancourt ds
Rich. 1679); 1907
pas mal de sa personne (Tr.
Bernard, loc. cit.); 1935
bien de sa personne (
Ac.); 1694
aimer sa personne «avoir soin de son corps, de sa santé, aimer ses aises» (
Ac.); 1694
s'assurer de la personne de qqn «arrêter» (
Ac.);
c) ca 1140 «personnage, personne d'importance» (
Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 6020); 1174 «personne revêtue d'une dignité ecclésiastique» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 2411, 2476, 4773 et 4781);
d) ca 1170
en persone de (qqn) «sous l'apparence de (quelqu'un)» (
Rois, éd. E. R. Curtius, p.84);
ca 1200
la pressonne de (qqn) «ce qui constitue la personne même» (
Psautier, B.N. 1761, f
o31 r
oet f
o38 r
ods
Gdf. Compl.);
ca 1210
persone d'ome (
Herbert de Dammartin, Foulque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 13580); 1335
personne de (doc. ds
Gdf. Compl.);
ca 1200
en la sue persone «à sa place, au lieu de lui» (
Dialogues Grégoire, éd. W. Foerster, p.78) [l'existence de cette expr. en a. fr. est mal assurée. Ne s'agirait-il pas plutôt ici de la trad. du lat.
quasi in persona sua?];
ca 1250
en sa propre personne «lui-même» (
Évangiles des données, éd. R. Bossuat et G. Raynaud de Lage, p.27, 15); 1269-78
en propre personne (
Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 5645); 1464
en personne (
Pathelin, éd. R. T. Holbrook, 1232);
2. a) 1174 «individu, homme ou femme» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, op. cit., 4471);
ca 1175
povres persones «pauvres gens» (
Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 23161); 1295
les personnes «les gens» (
Bevans, The old french vocabulary of Champagne, p.92);
b) 1316-28
bele persone «être humain (surtout avec une épithète laudative)» (
Ovide moralisé, éd. C. de Boer, IV, 2073); 1547
jeune personne «jeune homme ou jeune fille» (
Amyot, Hist. Aethiop., livre VII, 75 v
ods
Hug.); 1640
grande personne «adulte» (
Oudin Curiositez);
3. 1174 «une des trois formes de Dieu (Père, Fils, Saint-Esprit)» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, op. cit., 60);
4. 1495 dr. (
assigner, etc.)
à personne ou domicile «en s'adressant à la personne même ou en faisant parvenir l'avis à son domicile» (
Nouv. Coutumier gén., éd. A. Bourdot de Richebourg, t.1, p.86);
5. xives. gramm.
persone «celui, celle qui parle, à qui l'on parle ou dont on parle» (
Thurot, p.184), hapax; déb.
xves.
personne (
E. Stengel, Les plus anc. ouvrages composés pour enseigner le fr. ds
Z. fr. Spr. Lit. t.1, p.31). Du lat. d'orig. étrusque
persona «masque de l'acteur» d'où à l'époque chrét. «visage, face»; «rôle [au théâtre], caractère, personnage; personnalité, personne, individu»; aussi terme de gramm., où il traduit le gr. π
ρ
ο
́
σ
ω
π
ο
ν «face, figure» et aussi «masque de théâtre» et «personne (terme de gramm.)»; pour le sens 3 att. en lat. chrét., v.
Blaise Lat. chrét.