PENSÉE1, subst. fém.
Étymol. et Hist.1. a) 1176
pansée «ce qu'on pense» (
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. A. Micha, 5246);
b) 1621 [éd.]
jetter ses premières pensées sur la toile (
E. Binet,
Essai des merveilles de Nature, chap.X,
La Platte Peinture, p.201); 1669
pensée «courte réflexion ayant un sens profond et exprimé sous une forme littéraire» (
Pensées de M. Pascal sur la religion); 1713 «ce qu'un auteur veut exprimer» (
Hamilton,
Grammont, 9 ds
Littré);
2. a) fin
xiies.
bone pansée «sage réflexion» (
Orson de Beauvais, 33 ds T.-L.);
ca 1274
(home) de très bonne pensée (
Adenet Le Roi,
Berte, éd. A. Henry, 3446); 1216
rentrer en sa pensée «méditer» (
Guillaume Le Clerc,
Fergus, éd. W. Frescoln, 3093); 1278
entrer en une pensée «se mettre à méditer» (
Sarrazin,
Hem., éd. A. Henry, 4502); mil. ou fin
xiiies. [date du ms.] «activité psychique volontaire qui se porte sur un être ou une chose déterminée (ici Dieu)» (
Romances et Pastourelles, éd. K. Bartsch, I, 9, 26);
ca 1260 «réflexion, méditation» (
Ménestrel Reims, éd. N. de Wailly, § 80);
b) ca 1200 «attachement amoureux» (
Chatelain de Coucy,
Chansons, éd. A. Lerond, XXIII, 8); 1380-87 «témoignage de l'attention, de l'amour portés à quelqu'un» (
Jean Cuvelier,
Chronique de Bertrand Du Guesclin, éd. E. Charrière, 9519);
c) ca 1200 [ms. de la 1
remoitié du
xives.] «l'esprit considéré comme le siège de ce qui est pensé» (
Mon. Renouart, B. N. 368, f
o246f ds
Gdf. Compl.);
d) ca 1215 «manière de penser» (
Aymeri de Narbonne, 1330 ds T.-L.);
e) 1
erquart
xiiies. «dispositions morales» (
Reclus de Molliens,
Charité, 138, 3,
ibid.);
f) ca 1220 «idée qui se présente à l'esprit» (
Anseïs de Carthage, 332,
ibid.);
g) ca 1223
li oel de la pensée (
Gautier de Coinci,
Vie de Ste Christine, 1749,
ibid.);
h) ca 1274 «ce qu'on a décidé, ce qu'on veut» (
Adenet Le Roi,
Berte, éd. citée, 1644);
3. a) 1
remoitié du
xiiies.
estre en molt grief pensée, estre en mout grant pensée de (aucun) «se faire du souci» (
La fille du Comte de Ponthieu, éd. C. Brunel, 288-289 et 379);
xives. [date du ms.]
estre en pensée (por) «être en souci (pour)» (
Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1
reéd., 3332, var. ms. E; le ms. A (fin
xiies.) porte à cet endroit
estre en pensé por, v. 2
eéd.);
b) 1636
pensée «opération de l'intelligence, faculté de penser» (
Monet). Part. passé fém. subst. de
penser1*. A remplacé l'a. fr.
pense subst. fém. «pensée» (1
remoitié du
xiies.,
Psautier Oxford, 30, 28 ds T.-L.),
pans subst. masc. «
id.» (1176,
Chrétien de Troyes,
Cligès, éd. citée, 3817).