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PASSIF, -IVE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist.1. Ca 1225 «qui subit» (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 11, 1276); spéc. xives. gramm. subst. (Extrait ms. S. G. 1460 ds Thurot, p.185); 1550 adj. (Meigret, Traité, éd. W. Foerster, p.83); 1495 fin. adj. (Extrait des coutumes de Sens, 58 ds Z. fr. Spr. Lit. t.67, p.34); 1775 subst. (Beaumarchais, Mém., II, 86); 2. ca 1480 «qui n'agit point, ne prend pas une part active à quelque chose» (Le roi René, Mortifiement de vaine plaisance ds OEuvres compl., éd. de Quatrebarbes, t.4, p.14); 1751 obéissance passive (Voltaire, Siècle de Louis XIV ds OEuvres hist., éd. R. Pomeau, p.871). Empr. au lat. eccl. passivus «susceptible de subir, souffrir» att. dès le iies. en ce sens chez Apulée, et comme terme de gramm. dès le ives., formé sur passus, v. passible.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
C. 1. a. α. passif adj. « qui exprime que les formes verbales présentent l'action comme étant subie par le sujet » (grammaire). Attesté depuis fin 12e siècle (AelfricfH, page 105 = Städtler, TraLiPhi 37, page 129 : trahuntur a verbo passivo : de içost verba passif). - 
C. 1. a. γ. passif subst. masc. « voix du verbe qui exprime que l'action est subie par le sujet ». Attesté depuis 2e moitié 13e siècle (DonatgS, page 93, § 30 : Quans genres de verbe sont ? .v. Quiex ? L'actif, le passif, le neutre, le deponent et le commun […]. Le passif est terminé en r et peut delessier r et retourner en son actif, si come legor, lego). - 
C. 1. a. β. sens passif loc. nom. masc. « signification liée au fait que le sujet subit une action ». Attesté depuis 1660 (Lancelot, Grammaire, page 117 = Frantext : Mais les langues vulgaires de l'Europe n'ont point de passif ; et elles se servent au lieu de cela, d'un participe fait du verbe actif, qui se prend en sens passif, avec le verbe substantif, je suis : comme je suis aimé, je suis battu, etc.). - 
A. 1. a./B. 1./B. 2./C. 5. c. passif adj. « qui a pour caractère de subir une action sans agir soi‑même ». Attesté depuis ca 1224 [dans une invective contre l'homosexualité] (CoincyI11K, page 54, vers 1276 : Bien doit estre de puant fame Nez hom qui devient puant fame, Et bien doit estre li actis Honteus quant il devient passis). - 
A. 2. passif adj. « qui résulte d'un caractère qui subit une action sans agir lui‑même ». Attesté depuis ca 1477/1481 (HugRipM2, premier livre, page 61 = DMF2 : Afin que nous sachons quant aucune chose est miracle, notez les differences entre les raisons causales et les semenceles [« séminales »] et les natureles. La raison causale est la puissance ou l'habitude passive de la créature sans aucune disposition que seulement Dieu fait d'icelle ce qu'il veult, comme il fist en l'enfantement de la Vierge Marie). - 
A. 1. b. passif subst. masc. « celui qui subit une action ou une impression sans agir soi‑même ». Attesté depuis 1862 (Hugo, Misérables, page 1044 = Frantext : Que le chauffeur de l'ordre, que le mécanicien de l'autorité, monté sur l'aveugle cheval de fer à voie rigide, puisse être désarçonné par un coup de lumière ! que l'incommutable, le direct, le correct, le géometrique, le passif, le parfait, puisse fléchir !). - 
C. 6. passif adj. « qui se manifeste sous forme de contemplation pour laisser agir entièrement l'action divine dans l'âme ». Attesté depuis 1697 (Fénelon, Explication, page 105 = Frantext : On ne passe insensiblement de la meditation où l'on fait des actes methodiques et discursifs, à la contemplation dont les actes sont simples et directs, qu'à mesure qu'on passe de l'amour interessé au desinteressé. L'état passif et la transformation avec les nopces spirituelles et l'union essentielle ou immediate ne sont que l'entiere pureté de cet amour). - 
C. 2. passif subst. masc. « ensemble des dettes et charges que l'on a envers quelqu'un » (droit). Attesté depuis 1774 (Beaumarchais, Œuvres, Mémoires contre Goëzman, Addition au Supplément, page 771 : L'acte du 1er avril est un arrêté de compte. Il est intitulé : Compte définitif entre MM. Duverney et de Beaumarchais […]. Il porte une discussion exacte de l'actif et du passif de chacun ; et finit par constater irrévocablement l'état réciproque des parties, en en fixant la balance par un résultat). Par ailleurs, sous la forme adjectivale, ce sens financier est relevé dès 1495 dans les Coutumes, à travers le syntagme dettes passives « somme que nous devons, par opposition à celle qui nous est due » (Baldinger, ZrP 67, 34). - 
C. 4. passif adj. « propre à recevoir l'impression d'un agent physique ou qui est travaillé par cet agent » (physique). Attesté depuis 1372 (Corbechon, Propriétés, livre 5, chapitre 3, fo 180 ro = DMF2 : Les elemens ont quatre qualités dont il y en a deux actives c'est a ssavoir chaleur et froydure et deux passives, c'est a ssavoir moisteur et secheresces). - 
C. 5. a. passif adj. « (phénomène, processus) qui est le résultat indirect, secondaire, d'une cause agissante » (pathologie). Attesté depuis 1806 (Capuron1, page 161, s.v. hémorragie : On divise les hémorragies en externes et en internes ; les premières appartiennent à la chirurgie, les secondes à la médecine. Celles‑ci sont ou actives ou passives, selon qu'elles sont accompagnées de mouvemens fébriles et de congestions locales…, ou que le sang coule spontanément et sans effort, comme dans le scorbut). Cependant, l'emploi du mot en médecine est attesté dès 1426 avec le sémantisme « qui favorise, qui prédispose à une maladie sans la déclencher » (La Haye, P. peste G., page 48 = DMF2 : La quinte grant réplétion Male o foible complexion, Lesquelles sont causes passives Plus que efficiens ne actives). - 
C. 5. b. passif adj. « qui n'est pas accompli volontairement, qui résulte d'une action extérieure (en parlant d'un mouvement) » (physiologie). Attesté depuis 1807 (Bourgelat, Élémens, volume 1, page 254, in Google, Recherche de Livres : Dans l'expiration, au contraire, il [le muscle intercostal commun chez le cheval] diminue la capacité que son premier mouvement avoit accrue, ce premier mouvement étant un mouvement actif, dans lequel consiste sa véritable fonction, et le second n'étant qu'un mouvement passif, occasionné par la contraction des muscles abdominaux à laquelle il cède). - 
C. 3. passif adj. « qui a acquis la propriété de résister aux oxydations ou à l'action des acides après traitement (en parlant d'un métal oxydable) » (chimie). Attesté depuis 1844 (La Rive, Archives, volume 4, page 100, in Google, Recherche de Livres : Le cuivre rouge prend aussi quelquefois l'état passif, mais moins fréquemment que le laiton. L'argent n'est jamais passif quand sa surface est préparée en suivant toutes les indications que j'ai données). - 
C. 1. b. vocabulaire passif loc. nom. masc. « ensemble des termes que l'on peut comprendre, même si on n'a pas l'habitude de les utiliser » (lexicologie). Attesté depuis 1908 (Revue Universitaire, Dix‑septième année, tome premier, page 391 = Google, Recherche de Livres : L'élève ne peut s'assimiler tout le vocabulaire d'un morceau de lecture : au professeur de le répartir, comme je l'ai exposé plus haut, entre le vocabulaire actif et le vocabulaire passif). - 

Origine :
C. 1. a. α. Transfert linguistique : emprunt au latin des grammairiens passivus adj. « qui exprime que les formes verbales présentent l'action comme étant subie par le sujet » (attesté probablement depuis Pline, TLL 10/1, 623). Au 17e siècle, cet adjectif s'est fixé dans un composé avec sens (C. 1. a. β.). L'emprunt au latin des grammairiens passivum subst. neutre « voix du verbe qui exprime que l'action est subie par le sujet » (attesté depuis Boèce, TLL 10/1, 623), avec intégration au genre masculin, s'est fait dans la 2e moitié du 13e siècle à travers une traduction française de l'Ars minor de Donat. Cf. Kuhn in FEW 7, 735b, passivus 1 b ; Städtler, Grammatiksprache 254‑255 ; Städtler, TraLiPhi 37, 129.
A. 1. a./A. 1. b./A. 2./B. 1./B. 2./C. 2‑6. Transfert linguistique : emprunt au latin passivus adj. « qui est sujet aux passions » (attesté depuis Apulée [2e siècle], TLL 10/1, 623). Par la suite, au cours du 18e et du 19e siècle, se sont opérées deux conversion (C. 2./A. 1. b.). Cf. Kuhn in FEW 7, 735b, passivus 1 a/c.
C. 1. b. Formation française : composé du substantif vocabulaire* et de l'adjectif passif, cf. ci‑dessus A. 1. a.. À ajouter FEW 7, 735b, passivus 1 a.Entré dès le 12e siècle dans la terminologie grammaticale (C. 1. a.) et passé dans la langue générale avec le sémantisme « qui subit » à partir du 13e siècle (A. 1. a./B. 1/B. 2./C. 5. c.), l'adjectif passif a développé ensuite, par opposition à actif*, des sens didactiques dans les langues techniques de la physique (C. 4.), de la médecine (C. 5. a), de la philosophie (A. 2./C. 6.), du droit commercial (C. 2.), de la physiologie (C. 5. b.), de la chimie (C. 3.) et enfin de la lexicologie (C. 1. b.).


Rédaction TLF 1986 : Ginette Dufour. - Mise à jour 2008 : Thomas Städtler.. - Relecture mise à jour 2008 : Nadine Steinfeld ; Sabine Tittel ; Gilles Petrequin ; Éva Buchi ; Fiammetta Namer ; Gilles Roques.