PARTIR2, verbe intrans.
Étymol. et Hist.I. A. Le mouvement est réel
1. Ca 1140 réfl.
sei partir de «s'éloigner, quitter» (
Gaimar, Estoire des Engleis, 5580);
id. partir de (
Id.,
ibid., 1855);
ca 1160 (
Benoît de Ste-
Maure, Troie, 2192 ds T.-L.: Lors
partirent des porz les nés); 1160-74 empl. abs. «s'en aller» (
Wace, Rou, éd. A.J. Holden, III, 2437) ; 1748 part. prés. subst. (M
meDu Deffand, Corresp., 3 mai
in Bennett, 151 d'apr.
Quem. DDL t.4); spéc. 1174-76
partir de cest siecle «mourir» (
Guernes de Pont-
Ste-
Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 4675); de là
partir «mourir» 1680, 10 janv. (
Sévigné, Lettres, éd. E. Gérard-Gailly, t.2, p.559);
2. 1188
partir de «(en parlant de choses physiques) avoir son origine, émaner, provenir de» (
Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 2609; S[e]eu est la flors qui del rain
part); 1718 (
Ac.: Toutes les artères partent du coeur);
3. «être lancé, jaillir avec impétuosité; commencer une trajectoire (d'un projectile)»
a) 3
equart
xves. en parlant de larmes (
Georges Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t.3, p.488: grosses larmes lui
partoient des yeux);
b) 1665 en parlant de la foudre; ici, fig. (
Racine, Alexandre, I, 1: Quand la foudre s'allume et s'apprête à
partir); 1667 fig. (
Racine, Andromaque, III, 3: Le coup qui l'a perdu n'
est parti que de lui);
4. Passer de l'immobilité au mouvement
a) 1606
partir de la main «(d'un cheval) prendre le galop dès qu'on lui laisse la main» (
Nicot); 1680
faire partir un cheval (
Rich.);
b) 1606 (en parlant d'un oiseau de proie)
partir du poing [du fauconnier] (
Nicot); 1680
faire partir un cheval (
Rich.); 1668 (
La Fontaine, Fables, VI, 10: Il [le lièvre]
partit comme un trait); 1690 (
Fur.: Les chiens ont fait
partir le gibier, les perdrix);
5. 1671 «être acheminé, convoyé vers une destination précise» (
Pomey: Le roi fit
partir de l'argent pour payer l'armée); 1690 (
Fur.: les courriers de Paris
partent trois fois la semaine).
B. Fig.
1. 1580 «émaner, provenir de» (
Montaigne, Essais, I, XXIII, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.118: toutes façons escartées et particulieres
partent plustost de folie ou d'affectation ambitieuse, que de vraye raison);
2. 1751
partir d'un principe «poser un principe et raisonner en conséquence» (E.
Mauvillon, Traité gén. du stile, p.137 ds
Brunot t.6, p.1363);
3. a) 1830 part. passé adj. pop. «endormi» (H.
Monnier, Scènes pop., 70 ds
Quem. DDL t.19);
b) 1851
id. «qui s'anime, qui parle trop» (noté par M. Bossard d'apr. FEW t.7, p.687b); 1862
id. «un peu ivre» (
Larch.).
II. Subst.
A. Au partir 1. loc. adv.
a) 1160-74 «en partant» (
Wace, Rou, III, 298); spéc. 1678 en parlant d'un cheval prenant sa course (
Guillet, p.99);
b) ca 1165 «à la fin» (
Benoît de Ste-
Maure, op. cit., 3838 ds T.-L.;
2. au partir de loc. prép.
a) 1559 «en quittant (un lieu)» (
Amyot, trad.
Plutarque, Hommes illustres, Lycurgue ds
Hug.);
b) 1608
au partir de là «ensuite» (M.
Régnier, Satires, éd. G. Raibaud, II, 149).
B. À partir de loc. prép.
1. 1787 temporel (
Fér. Crit.);
2. 1798
à partir de là fig. «en supposant telle chose» (
Ac.). Ext. de sens de
partir1*, à partir de la notion de séparation impliquée dans le sens de «diviser, partager».