PARFAIT2, subst. masc.
Étymol. et Hist. xives. gramm. adj.
prétèrit parfait (
Ms. Fonds St Victor 867. Doctrinal avec glose, Anonyme du XIVes. d'apr. Ch.
Thurot ds
Notices et Extraits des mss de la bibl. impériale et autres bibl., XXII, 2, p.184); 1596 gramm. subst. «temps qui marque un passé accompli» (
Hulsius, introd.). Représente la trad., par la forme
parfait, du lat.
perfectum tempus ou, plus brièvement,
perfectum p. subst. de l'adj.
perfectus, terme de gramm. du lat.
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Histoire :
C. prétérit parfait loc. nom. masc. « temps verbal présentant le procès comme accompli et l'envisageant dans son résultat actuel » (grammaire). Attesté de la fin 12e siècle [par référence à la grammaire latine] (AelfricfH, page 102, in Städtler, TraLiPhi 37, page 128 : tempore preterito perfecto : par le preterit parfet, et plusquamperfecto : et plusqueparfet) à 1878 (Ac7 s.v. parfait : En Grammaire, Prétérit parfait, ou substantivement, Parfait, Le prétérit qui marque une chose parfaite, une chose arrivée dans un temps qui n'est ni précis ni déterminé, comme J'ai aimé, j'ai dit […]. L'emploi de Parfait […] comme substantif[s] est le plus ordinaire). Cf. Städtler, Grammatiksprache, page 270 pour des attestations des 13e—15e siècles. Dernière attestation textuelle : 1775 (Condillac, Cours d'étude, volume 1, partie 2, chapitre 10, page 196, in Gallica = Frantext : On appelle je ferois, prétérit imparfait ; je fis & j'ai [fait], prétérit parfait ; & j'avois fait, plusque parfait). -
A./B. parfait subst. masc. « temps verbal présentant le procès comme accompli et l'envisageant dans son résultat actuel » (grammaire). Attesté depuis 1596 (Hulsius1, introduction grammaticale : Des Verbes […] Present. Die zeit die jetze da ist / als : Ie mange, ich eß. / Imparfait. Zeit die halb fürüber ist / Ie mangeoye, ich aß / Indiffinit. Zeit so auch fast fürüber / Ie mangeay, ich aß / Parfait. Zeit die gar fürüber ist / I'ai mãgé, ich hab gessen. / Advenir. Zeit so noch zukünftig ist / Ie mangeray, ich werde essen). Première attestation dans une grammaire française : 1606 (Masset, Acheminement, page 11 : Nos verbes ont cinq modes. Indicatif, imperatif, optatif, subiunctif, & infinitif : Trois temps principaux, present, passé & futur. Le passé se diuise en imparfait, aoriste simple, parfait, plus que parfait, aoriste composé, & parfait, tres‑parfait ; cf. aussi Maupas, Grammaire2, page 92 vo/93 vo). -
Origine :
C. Transfert linguistique : calque du latin praeteritum perfectum loc. nom. neutre « temps verbal présentant le procès comme accompli et l'envisageant dans son résultat actuel » (attesté depuis Quintilien, TLL 10/1, 1378, s.v. perficio), cf. prétérit* et parfait1*. À ajouter FEW 9, 322b, praeterire 1 a β ; cf. Städtler, Grammatiksprache 270.
A./B. Formation française : ellipse de prétérit parfait (cf. ci‑dessus C.). Cette analyse se recommande en raison des témoignages explicites des sources lexicographiques (cf. “ou substantivement” dans la citation ci‑dessus C.) ainsi que du parallélisme d'imparfait (< prétérit imparfait, cf. imparfait* et prétérit*). Cf. von Wartburg in FEW 8, 237b, pĕrfĕctus I 1 b α, qui avance à tort l'hypothèse d'un calque du latin perfectum subst. neutre « temps verbal présentant le procès comme accompli et l'envisageant dans son résultat actuel (terme de grammaire) » (attesté depuis Varron, TLL 10/1, 1377, s.v. perficio) sur parfait1*. On écarte de même l'hypothèse d'un emprunt à l'allemand Perfekt subst. neutre « temps verbal présentant le procès comme accompli et l'envisageant dans son résultat actuel » (attesté depuis le 17e/18e siècle seulement, Schulz, Fremdwörterbuch1), même si la première attestation absolue se trouve dans un dictionnaire allemand‑français.Dès les premiers témoignages d'un discours grammatical français, on relève le latinisme prétérit parfait (ci‑dessus C.). C'est seulement à la toute fin du 16e siècle (en 1550, Meigret, Traité, page 70 emploie encore prétérit parfait) que parfait (ci‑dessus A./B.) vient concurrencer la locution nominale, avant de l'évincer complètement au 19e siècle. — L'adjectif parfait à sens grammatical (cf. Städtler, Grammatiksprache 250‑251) n'a pas de rapport étymologique direct avec le lexème traité ici ; il serait à classer s.v. parfait1*.
Rédaction TLF 1986 : Étienne Ammann. - Mise à jour 2007 : Éva Buchi.. - Relecture mise à jour 2007 : Jean-Paul Chauveau ; Thomas Städtler ; Jean-Pierre Chambon ; Melanie Lang ; Gilles Roques ; Takeshi Matsumura ; Gilles Petrequin ; Nadine Steinfeld.