PÈRE, subst. masc.
Étymol. et Hist. I. 1. Fin
xes.
paire « Dieu en tant que Créateur et première personne de la Trinité » (
Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 514 : devant lo
paire gloriae);
ca 1100
perre « pour s'adresser à Dieu »
Deu! perre (
Roland, éd. J. Bédier, 2337);
2. début
xiiies. « celui qui est à l'origine d'une longue suite de descendants » (
Maurice de Sully,
Homélies, éd. C. A. Robson, n
o17, p. 121 : Adam nostre premier
pere); 1535
nos pères « nos ancêtres » (
R. Olivetan,
Bible, Gen. 31, 3);
3. 1
erquart
xiiies. « protecteur, défenseur d'une collectivité » (
Reclus de Molliens,
Charité, 110, 2-3 ds T.-L.);
4. 1519 « celui qui est considéré comme l'initiateur, le créateur, le fondateur de quelque chose »
le Père du mensonge (d'apr.
FEW t. 6, 1, p. 736a); 1679
le père de la philosophie morale (Boss.,
Hist., I, 8 ds
Littré);
5. av. 1696 « ce qui est la source, le principe de quelque chose » (
La Bruyère,
Les Caractères, De l'Homme, 13 ds
Œuvres, éd. G. Servois, t. III, p. 17).
II. 1. Ca 1050 « celui qui a engendré plusieurs enfants » (
Alexis, éd. Chr. Storey, 9 : Puis ad escole li bons
pedre le mist); d'où
a) ca 1150
pere et mere (
Wace,
St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 922);
b) 1260
de pere a fils (
Etienne Boileau,
Métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, titre XLVIII, XXII, p. 91); 1678
de pere en fils (
La Fontaine,
Fables, VII, XVI, 27 ds
Œuvres, éd. H. Regnier, II, 187);
c) 1283 dr. « ascendant mâle au premier degré » (
Philippe de Beaumanoir,
Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, XVI, 565);
d) 1380
peres de maignie « père de famille » (
Roques t. 2, 8857);
ca 1470
pere-famille (
G. Chastellain,
Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, V, 74); 1487
père de famille (
L. Garbin,
Vocabulaire lat. fr.);
e) 1505
pere naturel &
legitime (
Les coustumes ... de la ville de Bourges, Rubriche premiere, article premier ds
Nouv. Coutumier génér., éd. Bourdot de Richebourg, III, 905);
2. ca 1120 « celui qui agit en père à l'égard d'un autre » (
St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 146);
3. ca 1180 « animal par rapport à celui qui l'a engendré » (
Marie de France,
Fables, 32, 10 ds T.-L.); 1550 en parlant d'un poulain (
Journal du Sieur de Gouberville, 24, 5, 55 ds
Poppe 1936, p. 143);
4. 1776
père noble (
Journal de théâtre, numéro 7, juillet, p. 442).
III 1. 1160-74 « titre donné aux membres d'une congrégation » (
Wace,
Rou, éd. A. J. Holden, III, 705); 1690
père temporel (
Rich.);
2. a) ca 1350 « titre donné à des dignitaires de l'Église »
le saint pere « le Pape » (
Gilles le Muisit,
Poésies, I, 324 ds T.-L.); 1690
pères d'un concile (
Fur.);
b) 1614 « écrivains ecclésiastiques dont on veut honorer la prééminence » (
Homélie des simonies ds
J. P. Camus,
Homélies des États généraux, Droz, 1970, p. 227, § 100);
2. 1635 « nom donné à un vieillard » (
Monet); en partic. 1764 suivi d'un nom propre, sert à désigner un homme d'un certain âge, avec une nuance de bonhomie ou de condescendance
donnez, donnez, père Leroux (
Sedaine,
Rose et Colas, p. 171);
3. 1669
père de la patrie (
Racine,
Britannicus, acte I, sc. I, 47 ds
Œuvres, éd. P. Mesnard, II, 258);
4. 1824 fam.
mon petit père (
Balzac,
Annette, t. 1, p. 39); 1825
gros père (M
mede Genlis,
Mém., t. II, p. 60 ds
Pougens ds
Littré). Du lat. class.
pater « celui qui engendre; fondateur; vieillard », également comme épithète de vénération « divin, auguste », d'où en lat. chrét. a servi à désigner le dieu créateur, et, d'une manière honorifique, les évêques, les pères de l'Église faisant autorité dans les Conciles, les moines (v.
Blaise Lat. chrét.); l'expr.
pere-famille (
supra II 1 d) est directement calquée sur le lat.
pater familias.