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ORIGINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. a) α) 1470 «point de départ de la naissance d'un individu, d'une famille, d'une race» (Georges Chastellain, OEuvres, éd. Kervyn de Lettenhove, t.7, p.461: Prince qui hayt remonstrance et doctrine, Plus est venu d'excellente origine; cf. aussi t.6, p.148: de haut sang et royale origine); β) 1611 «pédigree» (Cotgr.); b) α) 1677 origine d'un mot (Miege d'apr. FEW t.7, p.416a); β)1811 certificat d'origine (Mozin-Biber); 2. 1679 [éd.] math. (Lattire, Les Lieux géométriques, p.230). B. 1. a) 1541 «commencement, première apparition ou manifestation de quelque chose» (Calvin, Institution chrétienne, éd. J. D. Benoit, t.1, p.67: la semence qui estoit bonne de son origine est tellement corrompue qu'elle ne produit que meschans fruits); b) 1650 plur. «commencements, formes anciennes d'une réalité qui se modifie» (Ménage, Les Origines de la lang. françoise [titre]); 2.a) 1611 «ce qui explique l'apparition ou la formation d'un fait nouveau» (Cotgr.); b) 1671 être l'origine de (qqc.) (Pomey). Empr. au lat. originem, acc. de origo «provenance, naissance, cause, principe», dér. de oriri «se lever, naître». Origine a supplanté la forme pop. orine «descendance, lignée» (Geffrei Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1173) qui s'est maintenue jusqu'au xves. dans la lang. littér. et encore en usage dans les parlers de l'Ouest (cf. FEW t.7, pp.414b-415a).

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
I. A. 1. « première apparition, première manifestation d'un phénomène ». Attesté depuis 1461/1466 (Bueil, Jouvencel L., volume 1, page 13 : Par quoy appert evidamment le trouble et le conflict d'icelle mortelle pestillence avoir prins naissance, origine et commencement d'une seulle personne et, par succession de temps, avoir pullulé et multiplié ses branches selon l'acroissement et multiplication de l'humain lignaige). - 
I. A. 2.–4. a. « commencement(s), forme(s) ancienne(s) d'une réalité qui se modifie ». Attesté depuis 1549 [in titre de chapitre] (Du Bellay, Deffence, page 73 = Frantext : l'Origine des Langues). Première attestation du syntagme origine des espèces : depuis 1862 [in titre] (Royer, De l'origine des espèces1). - 
I. A. 4. b. β. dès l'origine loc. adv. « dès le commencement ». Attesté depuis 1566 (Des Masures, David fugitif, page 227, in Frantext : La nature a gravé dès l'origine en l'ame De tout homme naissant, une amour filiale). - 
I. A. 4. b. α. à l'origine loc. adv. « au commencement ». Attesté depuis 1603 (serres, Théâtre d'agriculture, volume 1, page 389, in Frantext : A l'eslèvement de la poulaille, le prenant à l'origine, est nécessaire d'estre pourveu de lieu propre). - 
I. C. 2. « point d'insertion d'un organe, d'un dispositif ». Attesté depuis ca 1450/1500 [en anatomie] (Gordon, Prat., second livre, chapitre 24 = DMF2009 : car les nerfz se acourcissent et retraient vers leur origine pour mieux expeller ce qui leur griefve ce dit Avicene). - 
I. C. 1. « point à partir duquel on mesure les coordonnées » (mathématiques). Attesté depuis 1679 (La Hire, Nouveaux elemens, page 230, in Google, Recherche de Livres : Dans les exemples de la Construction des Lieux, je marque toûjours le Lieu par les lettres L & l. L'Origine du lieu requis par la lettre O). - 
I. B. « ce qui explique l'apparition d'un fait nouveau ». Attesté depuis 1537 (Flore, Contes amoureux, page 160, in Frantext : Ses parens y accoururent meutz de naturelle pitié en gros nombre cherchans par tous moiens de cognoistre la cause de son mal, et celuy lever du corps prosterné. Si advint que l'industrie des expers medecins (comme jadis Antiochus filz de Selenche estant oultre mesure amoureux de sa maratre, cheu par ce moyen en mortelle langueur, fut l'origine de sa maladie descouverte par Herasistratus medecin en tastant le poulx du patient s'en yssant et entrant la reyne), par telle mesme voye cogneurent que la dame accouchoit malade par excessif amour, languissante et quasi hors de son sens). Première attestation de la locution verbale tirer son origine de « provenir, être issu de » depuis 1634 : (Mareschal, Chrysolite, page 321, in Frantext : ces bons esprits […], croyoient que si le monde eust esté au temps des metamorphoses, ces larmes se fussent converties en flames, comme elles en avoient tiré leur origine). - 
II. A. « ascendance, extraction, naissance d'un individu, ou d'un groupe ». Attesté depuis ca 1470 (Chastell., Chron. K., volume 7, page 461 : Prince qui hayt remonstrance et doctrine, Plus est venu d'excellente origine, Tant plus lui tourne à grant grief et esclandre). - 
II. B. « source, provenance d'une chose ». Attesté depuis 1462/1463 (Chastell., Robertet, Montferrant, Douze dames de rhétor. C., page 139, vers 27 : Je [Science] voy foullant par les parfondes mines, J'atouche au doy les vaines metallines, J'ayde à tistre aux yraignes leurs toilles, Je conduis loix humaines et divines, Je forme et treuve essources et rachines De toutes rien par vraies origines, Ne queles sont leurs substances et moiles). — Première attestation du syntagme origine d'un mot « source d'où une langue a tiré un mot » : depuis 1606 (Nicot : Soudard, masc. acut. Est un mot approprié aux guerriers de pied, non de cheval. Combien que l'etymologie et origine du mot comprenne tous ceux qui prenans soude servent un prince de leur corps à la guerre. Il est mieux escrit et prononcé Soudard, que ni souldard, ni soldat. Car il vient de ce mot Latinisé Solidum. Espece de monnoye, que le François prononce soud). Dès 1540, on relève le syntagme synonyme origine d'aucunes dictions chez Dolet, Manière, page 10, in Frantext. — Première attestation de la loc. adj. d'origine « dont la provenance est établie par une pièce officielle (en parlant d'un produit) » depuis 1784 (Encyclopédie Méthodique, Finances, volume 1, page 220 : certificat d'origine. C'est une pièce qui accompagne une marchandise, pour justifier qu'elle provient, ou du crû, ou des fabriques de tel endroit, & au moyen de laquelle elle est sujette à de moindres droits que si ce certificat n'étoit pas représenté). - 

Origine :
I. A./I. C./II. B. Transfert linguistique : emprunt au latin orīgo, orīginis subst. fém. « source, provenance d'une chose » (attesté depuis Horace : origo fontium ; dans l'acception « étymologie », depuis Varron, Quintilien, TLL 9/2, 985). Pour ce qui est du syntagme origine des espèces, il s'agit d'un calque de l'anglais origin of the species, introduit en français par le titre L'origine des espèces de la première traduction française du livre de Darwin, en 1862, par Clémence Royer. De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie (On the origin of the species by means of natural selection or the preservation of favoured races in the struggle for life) est universellement considéré comme l'ouvrage majeur de Darwin, dans la mesure où il contient l'exposé de la théorie de la descendance modifiée par le moyen de la sélection naturelle. Cette dynamique de la transformation progressive des espèces vivantes, qui descendent les unes des autres par le moyen de modifications sélectionnées et transmises, explique la prédiction finale de Darwin : « Nos classifications deviendront, autant qu'il se pourra, des généalogies et retraceront alors véritablement ce qu'on peut appeler le plan de la création […]. Une vive lumière éclairera alors l'origine de l'homme et son histoire » (Royer, De l'origine des espèces1, 586 ; 589).Cf. von Wartburg in FEW 7, 461a, orīgo II 3 b.
I. B. Transfert linguistique : emprunt au latin orīgo, orīginis subst. fém. « cause, principe » (attesté depuis Cicéron, TLL 9/2, 982). Cf. von Wartburg in FEW 7, 416a, orīgo II 3 b.
II. A. Transfert linguistique : emprunt au latin orīgo, orīginis subst. fém. « ascendance, extraction, naissance d'un individu, ou d'un groupe » (attesté depuis le 1er siècle avant J.‑C. chez Cinna, Virgile, Horace, etc., TLL 9/2, 983). Origine a évincé orine (12es.–16es.), son doublet héréditaire, de formation populaire, encore en usage dans les parlers de l'Ouest (Cf. von Wartburg in FEW 7, 414b‑416, orīgo).Le concept d'origine contient une ambiguité ou une ambivalence. En effet, il s'établit fréquemment entre "origine‑commencement" et "origine‑cause" une contamination qui donne à entendre que les origines sont un commencement qui explique, voire même qui suffit à expliquer l'apparition d'un phénomène. Le substantif origine a développé, au cours des 15e et 17e siècles, des sens didactiques dans les langues techniques de la médecine et des mathématiques (I. C.).


Rédaction TLF 1986 : Béatrice Stumpf. - Mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld.. - Relecture mise à jour 2010 : Jean-Paul Chauveau ; May Plouzeau ; Stephen Dörr.