NOUER, verbe
Étymol. et Hist. A. 1. a) 1165
noer «lier par un noeud, faire un noeud» (
Chrétien de Troyes, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 2488);
b) xiiies. «envelopper en faisant un noeud» (
Douin de Lavesne, Trubert, éd. G. Raynaud de Lage, 44: En son giron les [deniers]
a noez);
2. 1250 tiss.
noer «nouer (chaque fil de chaîne au penne correspondant), renouer (un fil brisé)» (G.
Espinas et H.
Pirenne, Recueil de doc. ..., t.II, p.72, 22 ds
De Poerck t.2, p.134), sens attesté jusqu'au
xives., puis à nouv. en 1765
nouer (
Encyclop.);
3.1579
nouer l'aiguillette «rendre impuissant» (A.
Paré, éd. J.-F. Malgaigne, t.II, p.733a);
4. 1585
nouer les deux bouts (
Noël du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.II, p.206:
nouer au bout de l'an les deux bouts de sa serviette ensemble); 1840 absol. (
Proudhon, Propriété, p.263:
nouer ... les deux bouts).
B. 1. a) 1377 intrans.
nouer «s'accoupler (un chien et une chienne)» (
Gace de La Buigne, Roman des Deduis, éd. . Blomqvist, 6581); 1680 vén.
lice nouée «chienne pleine» (
Rich.);
b) ca 1520 bot. pronom. «se développer (en parlant de plantes, spéc. du blé)» (s. réf. ds
FEW t.7, p.166b); 1539 (
Est.: le blé
se noue); 1534 passif (
Coutumes de Nivernois, XXVI,
Nouv. coutumier gén., t.III, p.1151a: Bleds en terre avant qu'ils
soient nohez); 1611 intrans. (
Cotgr.);
c) 1561 vén.
fumées nouées (d'un cerf) (J.
du Fouilloux, Vénerie, éd. G. Tilander, chap.23, 5: les cerfz [...] doivent jetter leurs fumees [...] longues et
nouees); 1752 p. ell.
nouées subst. (
Trév.);
d) 1690 hérald. part. passé adj. (
Fur.);
2. a) 1538 méd.
goutte nouee «crampe» (
Estienne, Dictionarium latinogallicum ds
FEW t.4, p.350a); 1694
la goutte se noüe (
Ac.);
b) 1718 part. passé adj. «rachitique» (
Ac.); 1762 subst. (J.-J.
Rousseau, Émile, l. 1 ds
OEuvres complètes, éd. Ch. Wirz [Pléiade], p.254);
c) 1758 fig.
esprit noué «esprit borné, étroit» (
Helvétius, De l'esprit, discours 4, chap.14, p.607: la plupart des esprits y
sont noués);
d) 1854 fig. part. passé adj. «contracté, serré, crispé» (
Delacroix, Journal, p.268: il lui trouve quelque chose de
noué);
e)1909
nouer la gorge (
Martin du G., Devenir, p.120).
C. 1. 1580 fig. «établir, former (un lien moral)» (
Montaigne, Essais, I, 28, éd. P.Villey-V. L. Saulnier, p.188: accoinctances et familiaritez
nouées par quelque occasion); 1666
nouer conversation (
Furetière, Roman bourgeois, l. 1 ds
Romanciers du XVIIes., éd. A. Adam, p.924); 1671
noüer amitié (
Pomey);
2. a) 1640 «organiser, former» (
Oudin Curiositez:
noüer la partie avec quelqu'un); 1658 (
Bossuet, 2ePanégyrique, St François de Paule, 1 ds
Littré:
nouer ses intrigues);
b) 1748 théâtre (
Diderot, Bijoux indiscrets, chap.37, p.135: l'intrigue bien
nouée). Du lat.
nodare «nouer, lier, fixer par un noeud», dér. de
nodus (
noeud*).