MEURTRIR, verbe trans.
Étymol. et Hist. 1. Ca 1135 «assassiner, tuer» (
Couronnement de Louis, éd. Y. Lepage, rédaction AB, 2058: Iluec sera 
murtri et essillié); 
2. a) 1456 part. passé «contusionné» (
Villon, Lais, éd. J. Rychner et A. Henry, 240); 1538 trans. «serrer, heurter au point de laisser une marque sur la peau» (
Est., s.v. contundere: coup 
meurtri); 
b) 1690 
fruit meurtri (
Fur.); 
3. mil. du 
xves. fig «blesser, déchirer» (
Charles d'Orléans, Ballade, V, 26 ds 
Poésies, éd. P. Champion, t.1, p.22: honte vous est... D'un loyal cueur ainsi 
meurdrir).  De l'a. b. frq. 
*murthrjan «assassiner», 
cf. l'a. h. all. 
murd(r)jan «
id.», m. h. all. 
morden, all. 
morden «
id.» (aussi a. h. all. 
mord «assassinat», all. 
Mord «
id.»), qui correspond au got. 
maurTɔ
            
ran «
id.», dér. de 
maurthr «meurtre». On note, à partir du mil. du 
xiies., des formes avec 
-d- au lieu de 
-t- (
cf. Gdf. et T.-L.). Cette var. s'explique par le fait que le mot est entré en fr. à différentes époques: une 1
refois au 
vies., alors que le frq. n'avait pas encore subi l'altération de 
-rth- en 
-rd-, et une seconde fois au 
viiieou 
ixes., après cette évolution (v. 
FEW t.16, p.584b). La forme en 
-eu- (à la place de l'anc. 
o ou 
u) qui apparaît au début du 
xives. (1328 ds 
Gdf.), reste inexpliquée (on peut y voir une infl. des mots en 
-eu- passé à 
-u-; cf. E. Staaff ds 
Mél. Wahlund (C.), p.248). Au 
xvies., 
meurtrir qui a subi un important affaiblissement de sens a été supplanté en son sens 1
erpar 
assassiner* «tuer avec préméditation ou par guet-apens».