MATIÈRE, subst. fém. Étymol. et Hist. A. 1. Début  xiies. «substance dont une chose est faite» ( St Brendan, 1680 ds T.-L.);  2. ca 1256 «substance évacuée par le corps» ( Aldebran de Sienne, Régime du corps, 28, 13,  ibid.); spéc. 1538  matiere fecalle ( Est.);  3. 1280 «substance d'une médication» ( Clef d'amour, 2415 et 2442 ds T.-L.); d'où 1717  matière médecinale «ensemble des substances utilisées dans les médications» ( Tournefort, Voyage du Levant, t.2, p.386);  4. 1580  matières grasses ( B. Palissy, Discours admirables, p.429 ds  IGLF);  5. 1681 «substance que l'industrie ou l'artisanat met en oeuvre (ici, les métaux précieux pour les monnaies)» ( Colbert, Lettres et Mémoires, éd. P. Clément, II, 157); 1771  matières premières ( Baudeau, Philosophie Economique, D., II, p.660 ds  Brunot t.6, p.381, note 2);  6. 1764 «alliage à base de plomb dans lequel sont fondus les caractères d'imprimerie» ( Fournier, Manuel typographique,  109 ds  IGLF);  7. 1913  matière plastique ( Lar. mens., oct., p.859);  8. 1922 gramm.  complément de matière ( Brunot, La Pensée et la langue, p.397).  B. 1. 1121-34 «sujet d'un ouvrage» ( Ph. de Thaon, Bestiaire, 362 ds T.-L.);  ca 1655  entrer en matière ( La Rochefoucauld, Mémoires, Œuvres, éd. Gilbert et Gourdault, t.2, p.167); 1690  table des matières ( Fur.);  2. 1174-76 «cause, occasion, circonstance déterminante» ( Guernes de Pont- Ste- Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg,  c.f.m.a., 5975);  cf. aussi  Chrétien de Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 26 (voir  J. Rychner ds  Vox rom., t.26, pp.1-23); 1 erquart  xiiies.  doner matere ( Reclus de Molliens, Miserere, 127, 11 ds T.-L.);  3. a) 1280 «sujet, domaine d'étude» ( Clef d'amour, 77,  ibid.);  b) 1478-80 dr. «cas, affaire, type d'affaire faisant l'objet du jugement»  en cas et matiere de saisine ( G. Coquillart, Plaidoyé, 22,  oeuvres, éd. M. J. Freeman, p.5);  c) début  xviies. plus gén.  en matière de «dans le domaine de» ( E. Pasquier, Rech. de la France, éd. 1665, 646 ds  IGLF);  d) 1790  matière imposable ( Montesquieu, Rapport, 27 août 1790, p.10 ds  Littré).  C. 1. a) Ca 1165 «nature, naturel, composition, fonds (d'une personne)» ( Chrétien de Troyes, Erec et Enide, éd. M. Roques, 1488);  b) 1270 «fonds indéterminé des éléments et des êtres susceptible de recevoir une forme déterminée» ( Mahieu Le Vilain, Les Metheores d'Aristote, éd. R. Edgren, livre I, chap.I, p.7);  2. 1555 «ce qui constitue la substance de tous les corps et éléments concrets, indépendamment de la forme qui peut leur être donnée et par opposition à ce qui est spirituel» ( Ronsard, Hymne de la mort, 332, Œuvres, éd. P. Laumonier, t.8, p.178); 1659  avoir la forme enfoncée dans la matière ( Molière, Précieuses ridicules, 5); 1690  esprit enfoncé, abysmé... dans la matière ( Fur.); 3. 1690 ( Fur.:  Matiere, se dit aussi en Theologie, de ce qui sert de base et de fondement aux Sacrements qui sont spirituels).  Empr. au lat.  materia, -ae, d'abord  materies, ei qui désignait le bois de construction, d'où tous matériaux et en gén. la matière, la substance fondamentale des choses, le sujet d'une oeuvre, la cause de quelque chose.    
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