MARQUER, verbe
Étymol. et Hist. I. A. Verbe trans.
 1. a) 1456 «rendre reconnaissable une chose au moyen d'une marque» (Arch. Nord B. 1686 fol. 69, v. ex. 
s.v. marque1); 
b) α) 1530 «remarquer, apercevoir quelque chose» (
Palsgr. d'apr. 
FEW t. 16, p.552b); 
               β) 1892 «empêcher [un adversaire] d'agir» (
Les Sports athlétiques, n
o101, 5 mars, 15a ds 
Bäcker 1975, p.269); 
2. a) 1531 «faire ou laisser une marque visible sur une chose» (
Est., s.v. imprimo: en pressant ou foullant 
marquer quelque chose et former); 
b) 1669 «signaler par des traces» (
Racine, Britannicus, IV, 2: il 
a marqué son passage par des ruines); 
3. a)  
               α) 1531 «inscrire, noter» (
Est., s.v. consignare: 
marquer en lettres, escrire ou signifier par lettres); 
               β) 1549 
marquer ung bon jour «chose qu'on doit noter comme digne de mémoire» (
Est.); 1557 
marquer un jour de craye blanche (
O. de Magny, Souspirs, éd. Courbet, p.87); 
b) 
               α) 1690 
marquer son jeu, les points «noter, enregistrer les points obtenus au cours d'une partie» (
Fur.); 1900 
marquer absol. «réussir un but» (
L'Auto-vélo, 22 oct. ds 
Petiot); 1876 fig. 
marquer un point (
Mallarmé, Corresp., p.107); 
               β) marquer le coup 1866 arg. «trinquer» (
Delvau, p.244); 1919 «souligner l'importance que l'on attache à quelque chose par une manifestation quelconque» (
Dorgelès, Croix de bois, p.302); 
4. a) 1580 «signaler au moyen de marques, de repères» (
Palissy, Discours admirables de la nature des eaux et fontaines, éd. P.-A. Cap., p.338: [il] 
marqua l'endroit où il avoit mis ladite terre); 
b) 1756 «fournir une indication (en parlant d'un instrument de mesure)» (
Voltaire, Essay sur l'histoire générale et sur les moeurs, CXLVIII ds 
Rob., s.v. gnomon); 
5. a) 1669 «souligner, accentuer, rendre plus apparent» (
Boileau, Art poétique, Chant I, éd. F. Escal, p.161); 
b)  
               α) 1741 mus. «accentuer, ponctuer» (
Corette, Méthode de violoncelle, p.6); 
               β) 1812 
marquer le pas (
Mozin-
Biber); 
c) 1762 
marquer la taille (
Rousseau, Émile ds 
               Œuvres, éd. B. Gagnebin, t. 4, p.705). 
B. 1. a) 1553 «fixer, déterminer un lieu, une époque, où une chose se fera» (
La Bible, impr. J. Gérard, 4, 
Esdr. 6, 20 d'apr. 
FEW t. 16, p.552b); 
b) 1607 «indiquer, spécifier par oral, ou par écrit» (
H. d'Urfé, L'Astrée, fol. 17 v
o); 
2. a) 1646 «faire connaître, extérioriser un sentiment, une pensée» (
Retz, Mémoires ds 
               Œuvres, éd. A. Feillet, t.1, p.274); 
b) av. 1662 «faire connaître, montrer, révéler... par quelque signe» (
Pascal, Pensées ds 
               Œuvres, éd. L. Lafuma, 1963, § 392, p.548); 
3. a) 1663 «représenter, dépeindre» (
Molière, Bourgeois gentilhomme, III, 9); 
b) 1670 «exprimer, rendre» (
Id., Impromptu de Versailles, I). 
II. Verbe intrans. 
1. a) 1640 
ne plus marquer «commencer à vieillir» (
Oudin Curiositez, p.333); 
b) 1694 
marquer bien (
Ac.); 
2. a) 1690 [éd.] «faire une impression assez forte pour laisser un souvenir durable» (
La Bruyère, Les Caractères ds 
               Œuvres, éd. G. Servois, t. 3/1, p.26); 
b) 1787 «
id. (en parlant de choses)» (
Fér. Crit. t. 2, p.614 [avec cit. d'aut.]: catalogue des Livres qui 
marquent le plus [qui sont les plus remarquables]); 
3. 1694 «fournir une indication (en parlant d'un instrument de mesure)» (
Ac.); 
4. 1762 «faire une marque, laisser une trace» (
Rousseau, Émile, p.630). 
III. Part. passé 
1. a) 
               α) 1538 
marqué comme d'un fer chaud (
Est., s.v. compunctus); 
               β) 1690 
être marqué sur le livre rouge «être noté pour quelque faute» (
Fur.); 
b) 1640 
enfant marqué (
Oudin Curiositez, p.333); 
2. a) α) 1636 «qui est inscrit, noté» (
Corneille, Epitre de l'Illusion, éd. Ch. Marty-Laveaux, t. 2, p.431); 
               β) 1679 au fig. «gravé» (Mme 
de Sévigné, Lettre du 27 sept. ds 
Corresp., éd. R. Duchêne, t. 2, p.688); 
b) 1661 «qui est fortement accentué» (
Molière, Don Garcie, I, 1); 
3. 1961 ling. 
marqué/non-marqué (
Vachek). 
IV. Part. prés. 
1. 1721 
carte marquante (
Trév.); 
2. 1762 «qui marque, qui se fait remarquer (d'une personne, d'une chose)» (
Ac.); 
3. 1959 ling. subst. (
Tesn., p.36).  Var. de l'anc. verbe agn., norm. puis pic. 
merchier «faire une marque (sur un objet) pour le distinguer d'un autre» (1121-34, 
Philippe de Thaon, Bestiaire, 1994 ds T.-L.; encore en usage jusqu'au 
xvies., 
cf. FEW t. 16, p.550b); dér. du subst. 
merc (v. 
marque). La forme avec 
a est prob. due à l'infl. de 
marcher* au sens de «fouler aux pieds, presser» ou peut-être aussi à l'infl. de l'ital. 
marcare «marquer» (
xiiies. ds 
Batt.), dér. de 
marca «marque» qui remonte au germ. 
*marka «
id.»; 
cf. all. 
Marke «
id.» et dont le prototype est à la base du verbe germ. 
*markôn. Comme terme de sports 
marquer est empr. à l'angl. 
to mark (le sens de «empêcher (un adversaire) d'agir» est déjà att. en 1887, en angl.; v. 
NED).