MANQUER, verbe
Étymol. et Hist. I. Intrans. 
1. 1546 «faire défaut» (en parlant d'une personne) (
Rabelais, Tiers Livre, chap. 41, éd. M. A. Screech, p. 283, 100); 
2. 1559 «
id.» (en parlant d'une chose nécessaire) (
J. Grévin, La Trésorière, éd. L. Pinvert, p. 70). 
II. Trans. indir. 
A. Manquer à + subst. 
1. 1563 «faire défaut à» (quelqu'un, en parlant d'une chose) (
R. Belleau, La Reconnue, II, 371 ds 
IGLF); 
2. 1604 «se soustraire» (à une obligation morale) (
Montchrestien, La Cartaginoise, p. 140, 
ibid.); 1611 «ne pas remplir à l'égard de quelqu'un tous les devoirs auxquels on est tenu» (
Larivey, La Fidelle, I, 2, 
ibid.). 
B. Manquer à + inf. 
1. 1645 «négliger, s'abstenir» (de faire quelque chose) (
Corneille, La Suite du Menteur, IV, 5, 
ibid.); 
2. av. 1662 «se tromper» (en agissant, en pensant d'une certaine façon) (
Pascal, Pensées, Section II, 91, 
ibid.). 
C. Manquer de + subst. 1604 «être privé de» (quelque chose) (
Montchrestien, Hector, p. 48, 
ibid.: Puis ceux de qui les Dieux ont esprouvé le soin N'
ont manqué de secours s'il leur en fait besoin); spéc. 
id. «être dépourvu» (d'une qualité) ici 
manquer de parole (
Id., La reine d'Écosse, p. 82, 
ibid.). 
D. Manquer de + inf. 1596 «négliger de» (
G. du Vair, Remonstrance aux habitans de Marseille ds 
Actions, éd. R. Radouant, p. 205, 436). 
III. Trans. 
1. 1647 «ne pas réussir, rater» (quelque chose) (
Du Ryer, Scévole, V, 5 ds 
Littré: Que trois héros, brûlants de t'attaquer, Se préparent au coup que je viens de 
manquer); 
2. 1661 «ne pas réussir à rencontrer» (quelqu'un) (
Molière, Les Fâcheux, III, 2 ds 
Livet); 
3. 1668 «ne pas assister à» (
Racine, Les Plaideurs, I, 4 ds 
Littré: Elle ne 
manquait pas une seule audience). 
IV. Impers. 1671 (
Pomey: il ne se 
manqua de rien qu'il ne fust pris).  Empr. à l'ital.
 mancare «faire défaut» etc. (dep. 2
emoitié du 
xiiies. 
Guittone d'Arezzo ds 
Batt.; les principaux sens du fr. sont tous att. antérieurement en ital.: il est difficile de préciser s'ils lui sont empr. ou si l'évol. sém. s'est produite à l'intérieur du fr.), dér. de 
manco «absent, perdu; privé d'un bien matériel ou moral», du lat. 
mancus «mutilé, estropié; défectueux, incomplet» (
cf. manchot).